Ce n’était pas la vague demandée, mais là n’était pas l’info. L’info c’est qu’une alliance politico-syndicale, entre des personnes aux intérêts antagonistes, s’efforce de reprendre la tête d’une colère qui les déborde.

 

L’État est entré dans une phase où sa violence se redéploie dans des sphères de la société où au quotidien, la police fait preuve de retenue.Ainsi, désormais des syndicalistes travaillant dans des services publics sont désormais aussi la cible de la répression, comme l’a très bien dit un agent de la bac à Nantes : « désormais l’impunité syndicale, c’est fini ».

 

Dans les universités, c’est la sanctuarisation qui est bel et bien enterrée. Annulation d’examens, gazages et matraquages en règle, brutalités fascistes et despotisme de présidents ont envoyé un signal très clair à l’ensemble des acteurs de la vie politique et syndicale : Macron a l’intention d’aller bien plus que loin que ses prédécesseurs, ce n’est plus la simple continuation de 40 ans de politiques dites « neo-libérales », la geste macronienne est un bonapartisme dans la droite ligne du gaullisme.

 

Face à la marche impériale de la start-up nation, des parlementaires inoffensifs s’indignent de l’usage le plus brutal des abus législatifs que permet la Vème république. Renvoyé au rôle de chambre d’enregistrement, le parlement voit le prince lui présenter son lit de justice sous forme d’ordonnances.

 

Mais à chaque grève, à chaque mouvement, même dans un contexte encore marginal, la détermination, l’insoumission, l’affrontement débordent les habitudes de quelques bureaucrates ronchons. Partout, les gens ne s’enfuient plus face à la police, partout monte l’écho d’une évidence : on n’est pas là pour notre seule revendication, ça dépasse la sncf, la fac, les ephad, l’aéroport, les réfugiés.

 

On tremble dans les directions syndicales et de partis de pseudo-gauche. On voit depuis deux ans les éléments les plus déterminés prendre la tête des cortèges et être soutenus par les manifestants. On entend remonter de la base une détermination tout aussi grande de ne pas y aller pour rien, que maintenant la grève doit se durcir, s’étendre, se politiser.

 

C’était la raison qui a conduit les organisateurs de la marée populaire à si ce n’est s’entendre, au moins se coordonner. Apparaître comme un front de gauche uni, capter dans la sphère habituelle l’expression de la colère populaire. L’existence de cette démarche, et le maintien d’un niveau élevé dans l’encadrement policier des rassemblements du 26 mai indiquent que cette crainte de débordement est partagée entre le gouvernement et son Opposition.

 

Rien ne permet de se projeter dans le futur tant le déploiement d’un État policier et l’accentuation du militarisme français font peser sur nos vie la menace de temps plus durs encore. Toutefois, chaque vague se doit d’être prise, une marée ce n’est pas l’affaire d’une journée. Alors pourquoi ne pas déborder les organisateurs de marée ?

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