Ce matin, lundi 14 mai, à la salle de Trocardière, devaient avoir lieu les partiels d’histoire de la Révolution Française, des étudiants de L3. (…). A 7h, les premiers étudiant.e.s se sont placé.e.s devant l’entrée pour protester contre la Loi ORE – à peu près une cinquantaine. Vers 7h15, très vite, plusieurs camions de police sont arrivés. Après avoir entouré les étudiant.e.s, ceux-ci ont décidé d’évacuer le groupe. Pour ce faire, ils ont employé des manières particulièrement violentes, à l’aide de matraques et de boucliers, menaçant les autres étudiants de ne pas s’approcher. Après ces actes violents à l’encontre des étudiantes et étudiants, nous, les historiennes et historiens de l’art de L3 avons fait le choix de se réunir afin de discuter de ce qu’il venait de se produire et de décider de la marche à suivre collectivement. Ceux-ci viennent d’apprendre qu’une de leur camarade de l’université à été emmenée à l’hôpital après avoir été matraquée à la tête et à la nuque. Suite à cela, les étudiant.e.s font le choix collectif de ne pas passer l’épreuve – certains ne s’en sentaient d’ailleurs pas capables.

Nous avons pu alors avoir une brève conversation avec notre directeur d’UFR Yann Lignereux, en lien avec les deux membre du corps enseignant sur place, qui nous a fait comprendre que les refus impliqueraient un zéro dans la matière, alors même que ce même président avait assuré, lors d’une réunion publique tenue en avril, devant les étudiant.e.s de l’UFR, qu’une présence policière amènerait en conséquence les professeur.e.s à refuser d’assurer la tenue de leurs partiels. Par ailleurs, ce matin, la police a demandé et demande à tous les étudiant.e.s de montrer leur pièce d’identité pour rentrer dans les locaux. Or, le contrôle d’identité s’est toujours effectué à l’intérieur des locaux et non à l’extérieur, et par des agents de sécurité et pas par des CRS.

Dans ces conditions, les étudiant.e.s ont donc refusé d’entrer dans les locaux surveillés par des policiers et des agents de sécurité. Après la décision concertée des étudiants de ne pas entrer, et devant leur refus tenace de composer, les concertations avec les deux professeurs ont finalement conduit la première à prendre la décision courageuse et noble, à contrecœur, de se mettre en grève, permettant ainsi aux étudiants, malgré les conséquences auxquelles elle s’expose, de ne pas avoir à craindre une sanction trop lourde. Nous espérons, bien sûr, que l’exercice de ce droit de retrait ne va pas avoir pour conséquence des sanctions, de quelque nature qu’elles soient, à son égard. L’examen se tient néanmoins, en ce moment même, car une professeure d’histoire de l’art a distribué malgré tout les sujets ; ainsi certains, largement minoritaires, dont une partie craignent pour leurs bourses, composent. A la suite de cela, pour clarifier la situation et pour que le geste de notre professeure soit expliqué et remis dans son contexte, les étudiants ont décidé de rédiger ce texte et de faire circuler une feuille de signatures pour que tous inscrivent leur présence.

Devant cette situation complexe, le rattrapage ne nous semble pas une solution acceptable. Différentes alternatives s’offrent aux professeurs – contraints à cela dans tel cas – et aux étudiants. Par exemple, attribuer une note fixe à tous ceux qui ont refusé de participer à l’examen (10 ou 12), ou encore demander à ces derniers de produire un devoir maison sur la base du sujet qui était prévu en ce matin de mai.

Quoi qu’il en soit, nous, étudiants d’histoire et histoire de l’art et archéologie, resterons unis dans cette situation compliquée, dont les suites nous restent obscures, mais qui n’est pas de notre fait : nous condamnons et condamnerons toute présence policière à l’entrée des partiels, ce matin et à venir. Si nous nous mettons dans une position particulièrement inconfortable en renonçant à passer ce partiel, alors que ne nous pouvons permettre, pour beaucoup d’entre nous, de faire traîner beaucoup plus notre dernière année de licence, notre opposition à la sélection à l’université est ferme, et il est certaines situations que l’on ne peut tout simplement vivre sans s’indigner légitimement.