Rubicon: Attaque de l’ambassade de France et du consulat de France

Il est temps de réviser nos certitudes concernant la façon dont l’équilibre mondial est établi. Si la guerre froide et les deux grands blocs mondiaux sont, en termes de temps historique concentré, du récit «ancien», le monde unipolaire qui lui a succédé, celui de la domination du bloc euro-atlantique et de la mondialisation, est aussi de l’histoire ancienne.

Aujourd’hui, nombreux sont les joueurs assis à la table du pouvoir et chacun a de bonnes cartes dans sa manche. La France émerge, encore une fois, en une puissance impérialiste régionale qui veut et peut avoir une influence pratique dans la zone eurasienne. Avec le soutien de l’axe empoisonné franco-allemand au sein de l’UE et de l’OTAN, ainsi qu’avec des outils parfaitement organisés, la conscience d’un Etat profond, une diplomatie efficace aux perspectives globales et aux connections souterraines, une solide industrie de guerre et une bourgeoisie nationale agressive, le pouvoir français est déjà sur la voie de l’expansion impérialiste.

Récemment, l’État français a signé 18 milliards de dollars de contrats de vente d’armes avec l’Arabie saoudite (qui serviront à achever le Yémen ou aboutiront sur les fronts syriens). En échange de la collaboration des deux pôles impérialistes régionaux, il recevra une reconnaissance sur le plan des organisations internationales (par exemple, la France se fait l’ambassadeur des intérêts saoudiens à l’ONU et au Conseil de sécurité) ainsi que sur le plan géopolitique, comme on peut l’observer au Maghreb, au Liban et maintenant en Syrie.

La flotte française a participé au récent bombardement syrien alors que le déploiement des forces terrestres placées aux côtés des États-Unis sur le territoire syrien a presque été annoncé. Il y a quelques années, l’armée française bombardait la Libye et les forces du dictateur Kadhafi, qui avait financé illégalement le parti du premier ministre français. Des entreprises françaises exploitent les gisements d’hydrocarbures en Méditerranée orientale et dans la ZEE chypriote. La France apporte son soutien à l’Etat grec dans la récente bagarre avec les Turcs et vend des frégates tout comme elle l’avait fait sous Karamanlis, où elle avait soutenu l’Etat grec dans son veto au sommet de l’OTAN à Bucarest, lui vendant par la suite des… frégates.

Du moins sur le plan des communications, l’impérialisme français a surpassé l’allemand et tente de se hisser au rang de deuxième puissance après les Etats-Unis dans une alliance euro-atlantique de plus en plus faible.

Qu’est-ce que cela signifie pour nous? Cela signifie qu’un autre monstre affamé s’est installé dans notre voisinage et qu’il aiguise ses dents. Cela signifie que le chaos s’étend et que la guerre se rapproche.

Cela signifie d’autres choses aussi.

Le nouveau rôle international renforcé et revendiqué par la puissance française se reflète dans l’intérieur du pays. Le banquier Macron, qui sémantiquement combine l’harmonie des intérêts entre l’État et le capital, se démène pour introduire des réformes libérales et menace l’essence même de l’État social français. Un aspect porteur de sens à échelle mondiale. Le grand secteur public paternaliste français, imposé par l’État comme le médiateur soit disant objectif de la lutte des classes, se transforme en un signal mondial de la nouvelle expansion libéral et antisocial. La répression brutale des foyers de lutte l’accompagne.

On voit la barbarie étatique s’étendre avec la militarisation de la répression sous prétexte du terrorisme islamique, on voit la violence étatique envers les réfugiés dans la jungle de Calais, on voit l’assaut massif de la ZAD, le matraquage d’ouvriers lors des manifestations…

Dans l’ensemble, le pouvoir français envoie un message d’intervention militaire, de militarisation, de réformes libérales et de répression.

De son côté, le monde de la lutte livre sa propre bataille. Les grandes grèves qui ont éclaté et dont leur succès, bien qu’hypothéqué par un syndicalisme systémique, sera décisif. La résistance de la ZAD continue. Le monde de la résistance reprend la rue.

Il n’y a pas une Grèce, une Turquie, et encore moins une France. Nous sommes du côté de la France qui lutte, des sans-culottes, des Communards, des révoltes anarchistes, du syndicalisme sauvage, de l’internationalisme, du refuge pour tous les persécutés du monde, de mai 68.

Nous nous opposons à la France coloniale, de la France d’Adolphe Thiers, des lois anti-anarchistes, à la France de Gaulle et de l’OAS, à la France qui bombardent la Syrie, réclamant sa part de domination mondiale.

A bas les projets de guerres impérialistes, vive la communauté des opprimés !

Solidarité aux ZAD et à tous les foyers de combat!

Victoire des grèves des travailleurs en France! 

Collectif Anarchiste Rubicon