On est habitué aux expressions fines et nuancées des tweets du président US. Il va déchaîner le feu et la fureur sur la Corée du Nord, il va effacer cette dernière de la carte, etc.. On a beau se croire blasé, on se laisse surprendre par l’inventivité de Donald Trump.

Cette fois encore c’est de la paix mondiale qu’il s’agit. Le grand humaniste qui siège à la Maison Blanche défie la Russie : ses missiles apporteront la paix et la démocratie en Syrie, même si cela doit dégénérer en escalade avec la Russie de l’affreux Poutine. Soyons en sûr, le bouton rouge de l’arme nucléaire US est encore plus gros que celui de Poutine.

Heureusement que notre président poète-philosophe-disciple-de-Paul-Ricoeur lui apporte le soutien de la France. En toute indépendance, évidemment. La France est déjà ficelée dans l’OTAN. Mais bien avant que son ami Trump ne soit président des USA, bien avant l’invitation de ce dernier au défilé du 14 juillet sur les Champs Elysées, le ministre de Hollande Emmanuel Macron avait offert une bonne partie de l’indépendance stratégique de la France à l’ami US en offrant – pour un plat de lentille – à General Electric les brevets et les usines d’Alstom. Alors, lorsque Trump siffle, le toutou frétille de la queue.

Le président-poète-philosophe-ni-de-gauche-ni-de-gauche a compris, comme l’ami Trump, que l’ONU, la légalité internationale, la paix mondiale ne sauraient se mettre en travers de sa route quand il s’agit de punir, au nom de l’amitié franco-US et de la démocratie, le dictateur syrien pour un bombardement chimique non prouvé, que des sceptiques disent supposé. La guerre froide avec la Russie est-elle suffisante pour détourner l’attention du bon peuple ? En France, les fonctionnaires, les cheminots, les hôpitaux, les Universités, les juges et les avocats, les EHPAD, les personnels d’Air France, les éboueurs, les retraités, etc., vont-ils arrêter leur mouvement ? Aux USA, les enquêtes sur les petites combines électorales de Trump avec ses anciennes maîtresses vont-elles être abandonnées ? Rien n’est moins sûr. Alors qu’une bonne guerre avec images télévisuelles terrifiantes, bombardements dits chirurgicaux, représailles russes suivies d’escalade franco-anglo-saoudo-US, et, si tout va bien, une ou deux bombinettes atomiques ici ou là,auraient un effet assuré pour calmer les perturbations sociales ou les enquêtes judiciaires gênantes.

On peut s’interroger…On peut supputer…A qui profite de mettre le monde au bord de l’apocalypse ?

A des dirigeants en proie à une contestation dangereuse chez eux ? Au lobby militaro-industriel ? A la Bourse et à Wall Street ? A tout ceux là simultanément ?Même au Figaro, on semble s’interroger, à en croire Caroline Galacteros, experte en études stratégiques, qui y explique « Pourqoi la France ne doit pas s’associer aux frappes en Syrie ». Le Figaro plus à gauche que le Président…

Au moins un aspect de cette crise doit flatter la fierté des Français : alors qu’aux USA le président élu ne peut déclencher une guerre sans l’aval du Congrès, le président français, lui, n’a de compte à rendre à aucune assemblée élue : voilà une belle et grande leçon d’efficacité monarchique : M. Macron peut lancer la France dans une aventure ou son peuple n’a rien à gagner, peut-être tout à perdre, sans qu’il n’ait d’autorisation à obtenir des élus de la Nation.