Pas la force d’y aller,

pas l’envie, pas la confiance,

trop de politiciens de tous bords,

récupération politique dans l’air,

intimidation morale et physique.

Par contre plein de rage à dealer,

alors on prend du recul pour trier.

 

Petit récapitulatif de l’agenda politique récent des élites zadiennes :

après avoir offert la route à l’état mi-janvier pour lui mendier des négociations,

après s’être faits bouler en quelques heures du bureau de la préfète fin février,

ce sont les chefs du CMDO (on a juste à ouvrir n’importe quel journal pour les reconnaître)

qui, d’une main plaidaient soudain en AG pour le rapport de force en organisant une mobilisation contre toutes les expulsions, et d’une autre main entretenaient l’espoir d’être rappelé à la table des négociations.

Sacré travail d’équilibriste entre réformisme et radicalité de façade.

Deux stratégies en apparence inconciliables, mais avec de l’expérience, elles ont chacune leur pouvoir de séduction et d’adhésion.

 

Contre toutes les expulsions ?

 

Sur la zone, tout se met en place tranquillement pour des expulsions bien menées.

Autour de la D281, la partie Est de la zone avec son tout nouveau boulevard à flics qui patrouillent, surveillent, fichent, harcèlent, repèrent, font monter la pression.

Les gens qui sont autour se galèrent à reconstruire après le nettoyage d’il y a 2 mois :

chercher à s’organiser sous le regard et la pression quotidienne des flics,

ramener du matos en évitant les rondes et les check points,

rien que circuler est difficile.

Pourtant, les gens de la route ont trouvé la force collective dans ce carnage pour déjouer le dispositif et ramener quelques remorques de pneus sans aucune des orgas et groupes qui étaient venus nettoyer.

 

Et là, on se rappelle de ce 22 janvier, jour où le mouvement paternaliste venait confisquer les pneus et barricades aux sales gosses en promettant « bien sûr, on sera là pour rebloquer à la menace imminente d une expulsion ». Le CMDO était au premier plan ce jour là, dans cette promesse d’unité mais aussi dans les remorques qui emmenaient les précieux pneus à l’autre extrémité de la zone, à côté de Bellevue et St jean du tertre, lieux symboliques du côté paysan de la lutte. La conséquence est d’avoir fragilisé tactiquement une partie du territoire de la zad et renforcé une autre.

Le mal est fait, même le retour de quelques pneus ne rend pas à la D281 ses ronces et ses cachettes de bandit.e.s.

Humilié.e.s, infantilisé.e.s, la rage enfouie profondément parce qu’il fallait « rester ensemble ».

Et la confiance est abîmée à un point de non-retour.

Et ça entaille sévère l’envie de rester.

 

C’est justement sous couvert de maintenir l’unité, en d’autres termes préserver l’ordre existant et garder le contrôle, que le bulldozer de la composition CMDO-COORD et leurs alliés dicte la marche à suivre depuis l’abandon.

En effet, à la moindre tentative d’enrayer la reprise du territoire par la république, les personnes sont stigmatisées comme provocateurs stupides, dénoncées comme ennemis du mouvement, isolées par la dissociation et offertes à la répression étatique qui vient. Et ça permet aussi la répression par l’intérieur, notamment ce qui a été fait le 20 mars par une milice politique après un sabotage du chantier de bitumage de la D281. Dans les têtes rôde une évidence que cette milice vient des autoritaires. En essayant de les disculper, leurs alliés montrent qu’ils ont en tête la même évidence.

 

Dans cette ambiance d’intimidation, on imagine bien qui sont ceux qui ont l’énergie d’organiser cette manif contre toutes les expulsions et se sentent a l’aise de la présenter comme LE moyen d’avoir du rapport de force.

Vaste blague.

De l’autre côté on fait face aux conséquences des décisions prises d’en haut, et on lutte contre l’humiliation de se sentir impuissant et contre l’auto-censure de nos ripostes.

 

Alors on est pas à la manif, voila…