Revue de la presse arabe
La Syrie sous pression

Mohamed Nabil
hikmat@swissinfo.org
Le débat sur la prolongation du mandat du président prosyrien Emile Lahoud pour trois ans et les relations « spéciales » qui unissent la Syrie et le Liban depuis plusieurs décennies, ont pris une place considérable dans la presse internationale, notamment la presse arabe. Elles sont subitement mises à l’épreuve suite à l’adoption par le Conseil de Sécurité des Nations Unies d’une résolution visant au retrait des forces étrangères du Liban. Évidemment, Israël s’est félicité de la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’Onu appelant au respect de la souveraineté du Liban, et donc au retrait de toutes les troupes étrangères de son sol, visant ainsi implicitement la Syrie.
L’intention libanaise de prolonger le mandat du président prosyrien Emile Lahoud a été réalisée vendredi 10 septembre 2004 malgré l’appel des Nations Unies à la tenue d’élections présidentielles réglementaires.
Le journal égyptien Alahram Weekly, édité cette semaine, a exprimé que la Syrie, c’est toujours un « Etat Voyou » pour les Etats-Unis. La liste d’accusations sans fondement de plus en plus longue rappelle la méthode utilisée pour envahir l’Iraq. Adoptée le 11 novembre 2003 par le Congrès américain, la loi nommée « Syria Accountability Act », ou la « loi pour la responsabilité de la Syrie » est rendue effective en 12 mai 2004, en imposant des sanctions économiques à la Syrie. Il y a qu’un cible américain selon l’hebdomadaire égyptien : assurer un changement de régime et le départ du Baath. Le terrorisme n’est qu’un alibi.
Le journal marocain Albayan du 14 septembre 2004 a divulgué un point de vue des analystes portant visant à mettre l’accent sur la présence militaire de la Syrie au Liban et qui constitue non seulement un moyen efficace pour garder la main mise dans les domaines politiques, économiques et sociaux, mais aussi un élément clé pour continuer à gérer les relations spéciales entre les deux pays. Le quotidien marocain ajoute que si le retrait syrien est effectué, ces relations spéciales devraient sérieusement être remises en question.
Si la Syrie a pu réussir à internationaliser la question libanaise, elle n’a pas contré l’obstacle traditionnel : Israël. Selon le journal Alittihad du 15 septembre 2004, publié en Emirats arabes unis, Sharon a déclaré que : Il n’a pas de possibilité pour reprendre les négociations sur la paix dans la région avec la Syrie en dépit de la proposition américaine insistante sur le dialogue syro-israélien.
L’attitude arabe reste brumeuse surtout lors de la réunion des ministres des affaires étrangères arabes tenue au Caire. Le journal Alhayat du 15 septembre 2004, diffusé à Londres, a rapporté que les ministres arabes ont évité de soutenir la décision du conseil de sécurité 1559 mais ils ont réclamé le respect de la souveraineté du Liban. Le journal londonien a additionné que l’idée de la souveraineté syrienne a caché le désaccord des responsables arabes à propos de la crise de relation syro-libanaise.
Bref, les sanctions, essentiellement économiques, portent sur l’interdiction pour des avions possédés ou contrôlés par le gouvernement syrien de décoller ou d’atterrir aux Etats-Unis, le gel des exportations de munitions et de tout produit américain vers la Syrie, à l’exception de la nourriture et des médicaments ont aggravé la situation et ont mis la Syrie sous une pression brusque.
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