Le juge en charge du concours de créanciers de Zanon a fixé la date de clôture du processus, sans reconnaître la coopérative formée par les travailleurs. Ceci ouvre la possibilité que le « propriétatre » Zanon, les banques ou les capitaux étrangers tentent d’en finir avec la gestion ouvrière. S’y ajoute également le fait que le gouvernement de Neuquén s’est présenté pour la première fois dans le concours de créanciers, en déclarant que les ouvriers de Zanon devaient rendre la fabrique à ses « légitimes propriétaires », et qu’il allait leur financer un projet productif (ce genre de projet étant habituellement réservé aux chômeurs, les ouvriers de Zanon ont répondu que eux avaient déjà un travail mais qu’ils étaient prêts à s’y impliquer au bénéfice des innombrables chômeurs de la région).

Depuis 3 ans, cinq expulsions de la fabrique ont été mises en échec par la détermination des ouvriers (« nous nous battrons jusqu’aux dernières conséquences ») et le soutien de la population de Neuquén. Ce n’est pas un hasard si le propriétaire Zanon est un grand ami de l’ex président Carlos Menem et que le gouverneur de la province de Neuquén, Sobitch, soit ménémiste. On peut estimer que cette offensive constitue une action de la mafia économico-politique argentine dont l’objectif est d’en finir avec la mauvaise habitude des travailleurs argentins de se croire les maîtres des entreprises dans lesquelles ils travaillent. Une expulsion de Zanon, outre qu’elle engendrerait une represión terrible, ouvrirait la porte à l’expulsion de toutes les entreprises récupérées (surtout que l’on entre dans une période où le délai d’expropriation temporaire de deux ans expire pour bon nombre d’entre elles). Les travailleurs de Zanon impulsent des mobilisations, non seulement dans leur province, mais aussi à Buenos Aires où le 14 septembre, une manifestation des entreprises récupérées et des organisations de chômeurs s’est rendue au Parlement pour exiger une loi nationale d’expropriation définitive.