Il était difficile de prévoir, qu’à l’aube du XXIe siècle, la mondialisation capitaliste et le développement des technologies de communication hisseraient les industries du sexe au sommet des marchés économiques mondiaux. La pornographie n’a cessé d’étendre ses marchés et d’accroître ses profits, notamment en diversifiant ses produits et ses moyens de production, et en recrutant de nouvelles clientèles chez les femmes et chez les jeunes. Ce qui devait être liberté est devenu obligation. Nous n’avons plus le choix de consommer de la pornographie: elle s’impose à nous dans tous les médias et jusque dans nos messageries personnelles. Internet lui a ouvert une voie royale : au moins 50% des 400 millions d’internautes recensés dans le monde visitent des sites pornographiques, selon Richard Poulin, auteur de « La mondialisation des industries du sexe », qui sera publié à la fin d’octobre aux Éditions Interligne.

La déréglementation totale de la pornographie dans les pays industrialisés a contribué à hypersexualiser les sociétés, à érotiser et à banaliser la violence, les rapports de domination et le sexisme. La pornographie est entrée dans la vie intime et transforme subrepticement les rapports entre les femmes et les hommes. Son omniprésence joue sans doute un rôle important dans la sexualisation précoce des filles qui sont devenues plus vulnérables à tous les abus. Il ne fait aucun doute que la libéralisation de cette industrie a haussé le seuil de tolérance à l’égard de l’exploitation d’enfants de plus en plus jeunes comme « produits » et comme consommateurs. En 1995, la pornographie infantile ou pseudo-infantile (kiddie ou chicken porn) représentait déjà 48,4% de tous les téléchargements des sites Internet commerciaux pour adultes et, en 2003, le nombre de sites pédophiles connus avait augmenté de 70%.

Pouvions-nous imaginer que la représentation pornographique s’imposerait dans les sociétés occidentales comme le modèle sexuel dominant et que militer pour la libéralisation de la prostitution, corollaire de la pornographie, serait vu comme une position «progressiste»? Aujourd’hui, les domaines qui ne font pas appel au sexe pour séduire leur clientèle font figure d’exception. Nombre de médias cherchent à tirer profit de certains fantasmes masculins alimentés par la pornographie. Le plus populaire de ces fantasmes est qu’un corps féminin désirable est nécessairement un corps jeune, et de plus en plus jeune, «pornographié» et «prostituable». Imprégnés de cette propagande, certains se sont même convaincus que l’accès à ce corps est un droit fondamental et ils trouvent des encouragements chez des militantes qui voient dans la prostitution un «service social» nouveau genre.

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