Un petit argumentaire pour vous proposer quelques faits, éléments
d’information, et retour sur quelques idées reçues pour alimenter
le débat sur les réformes l’éducation et leur conséquences, et
afin de faire au discours malheureusement unilatéral des médias.
(l’éducation est d’ailleurs loin d’être la seule touchée,
comme on en donne trop souvent l’impression)

A lire a tête reposée, seul, en famille, ou avec vos amis…

Nous faisons appel à la solidarité des internautes pour faire
suivre ce message à leur entourage, selon le principe de la chaîne
de mails (chaque personne qui reçoit ce message le renvoie par
mail aux personnes dont elle a l’adresse e-mail)

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Renégociation de l’A.G.C.S:
AGCS signifie: Accord Général sur le Commerce des Services. Il
s’agit de l’accord fondateur de l’OMC(1994). Son but est
d’accroître la concurrence internationale, en luttant contre les
différentes frontières juridiques des pays membres. Une dizaine
d’années plus tard, il est en renégociation. S’il cela n’a pas
fait l’objet d’une médiatisation ou d’un débat publique, l’impact
sur les sociétés des nouvelles conditions de l’accord sera
pourtant majeur:

-Cet accord, sans précédant, engage les pays signataires à ouvrir
la totalité ou une partie de leurs marchés de services locaux à
la concurrence internationale dans les mêmes conditions
juridiques quel que soit le pays.

-Les secteurs ainsi ouverts à la concurrence ne seront plus régis
par les gouvernement élus des pays signataires, mais par l’OMC.
L’ORD (Organe de Règlement des Différends) est chargée de passer
au peigne fin les textes de loi des pays signataires afin de
vérifier s’ils sont en accord avec les exigences négociées dans
le cadre de l’OMC. Le cas échéant l’OMC pourra prendre les mesures
adéquates vis à vis du pays fautif.
La France pourrait par exemple être très vite obligée d’accepter
les aliments à base d’OGM, la viande à base d’hormones, etc…

-Les conditions devront être les mêmes entre le public et le
privé. Par exemple pour chaque subvention de l’état accordée
au public, une subvention équivalente devra être accordée au
privé.

-Un des problèmes majeurs que pose cet accord est qu’il est
irréversible. Il engage – quels que seront les votes futurs
des citoyens – les gouvernements, et futurs gouvernements de
tous les pays signataires. Si jamais un pays souhaite retirer
un, plusieurs, ou tous ses secteurs de cet accords, il devra
payer pour compenser le manque à gagner des entreprises…

-Si dans le texte, l’AGCS n’ouvre pas à la concurrence les
services publics, il faut savoir qu’au sens l’OMC, ne sont
des services publics que les services fournis de façon
entièrement gratuite, et pour lesquels il n’existe pas de
concurrence. La plupart des services publics demandant à
l’utilisateur une participation financière, ou étant en
concurrence avec des entreprises privées, seules les fonctions
régaliennes (police, justice, armée) ne seraient considérées
comme publiques selon les critères de l’OMC.
Le 31 mars dernier s’est achevé la seconde des trois phases de
renégociation de l’AGCS. A ce stade les états devaient
communiquer à l’OMC la liste de tous les services qu’ils
souhaitent réengager dans l’AGCS.

-L’éducation et la santé faisaient partie l’ancien AGCS, elles
ne sont pour l’instant pas réengagées dans le nouvel AGCS. Par
contre, la définition même de l’éducation a changé. Ne sera
considéré comme éducation que le cours en lui même. Tout ce qui
tourne autour (Encadrement, Entretien des bâtiments, restauration,
aide à l’orientation, etc…) ne sera plus forcément considéré
comme de l’éducation et pourra être soumis aux conditions de
l’AGCS. Par exemple, dans le domaine de la santé, les lits
d’hôpitaux ne sont plus considérés comme faisant partie du secteur
de la santé, mais sont considérés comme une prestation
d’hôtellerie et appartiennent au secteur « Loisir et tourisme ».

-C’est ce qui se passe avec la vague de décentralisation
que l’on connaît en ce moment. Si les professeurs ne perdent
pas leur statut de fonctionnaire, toutes les personnes tournant
autour (surveillants, agents d’entretient, conseillers
d’orientation, etc…) changent de statut, ce qui permettra
éventuellement une ouverture de ce marché au secteur privé à
terme.
Reste à se demander si la vague de décentralisation précipitée
que l’on connaît en ce moment est liée au passage du cap du
31 mars dans la renégociation de l’AGCS.

L’AGCS concerne environ 140 pays. La dernière phase de
négociation, au delà de laquelle il ne sera plus possible
de revenir en arrière, doit s’achever le 31 décembre 2004.
Nous vous invitons à vous informer plus en détails sur l’AGCS.
Quelques sources, parmis d’autres:
http://france.attac.org/site/page.php?idpage=2301
http://forums.transnationale.org/viewtopic.php?p=2520
Vous pouvez aussi simplement lancer une recherche en tapant
« AGCS » sur Google.

Décentralisation:
Les universités et leur personnel (IATOS), ainsi que Le personnel
des établissement du primaire et du secondaire ne seront plus
payés par l’état mais par les régions. Il en sera de même pour
les Conseillers d’orientation, les psychologues, les infirmières
scolaires, les surveillants, et de façon générale de tous ceux et
celles qui entourent les élèves… On peut craindre à terme des
disparités entre les régions selon l’intensité de leur activité
économique et leurs moyens. Le transfert de ces personnes aux
régions, pourra aussi faciliter une future privatisation.
Si cette mesure permettra de tenir la promesse électorale de
baisse des impôts nationaux, les impôts locaux, beaucoup moins
égalitaires, augmenteront en contrepartie… Par exemple, dans
la région Midi-Pyrénées la décentralisation entraînera une hausse
de 20 à 30% des impôts.

Remise en cause de la maternelle pour les 2 à 3 ans:
Pour beaucoup d’enfants (quand les deux parents travaillent par
exemple), la maternelle leur permet d’être pris en charge dans
des conditions égales.

Professionnalisation des cursus:
De manière générale de plus en plus de jeunes sont envoyés vers
les filières professionnelles. Si elles offrent un choix
alternatif à ceux qui ne veulent pas suivre une formation
générale, la réalité montre que ce sont les jeunes ayant eu
des résultats insuffisants (souvent issus de milieux
défavorisés) qui y sont envoyés.

On parle de remettre en cause le collège unique. Cela signifie
la possibilité d’être envoyé vers un cycle court des l’entrée
en sixième. N’est ce pas un peu tôt pour décider de l’avenir
d’un élève?

Au lycée, le conseil d’administration pourra dorénavant être
présidé soit par un élu, soit par une personnalité extérieure
(membre de la chambre du commerce, chef d’entreprise…)
Pour ce qui est des universités, elles sont fortement
encouragées à rechercher des financements à l’extérieur, en
mettant en place des partenariats avec les entreprises locales,
en contrepartie de la mise en place de cursus adaptés à
celles-ci. Ainsi naquit la licence « management de rayon »,
financée par Auchan, ou mieux, la licence « développement
durable », financée par Total-Fina

A ce propos, il est important de revenir sur le préjugé qui
veut qu’une formation professionnelle donnerait plus de chances
sur le marché du travail qu’une formation générale. Une étude
de l’INSEE a montré que pour une même filière, les chances de
trouver un emploi étaient les mêmes que l’on ai un diplôme
général ou professionnalisé.

Réduction et casse du statut des surveillants et aide éducateurs:
25600 postes (5600 MI/SE, ou pions, et 20000 aides éducateurs)
seront remplacés par 16000 assistants d’éducations. Le poste
de « pion » était réservé aux étudiants, sur critères sociaux.
Leurs horaires étais établis en fonction de leur cours afin
qu’ils puissent suivre leur études. Le nouveau statut est
ouvert à tous, le texte mentionnant particulièrement les
jeunes retraités et les mères « au foyer ». Les horaires
pourront varier d’une semaine à l’autre ce qui exclue les
étudiant-e-s, qui ont des cours à suivre…
Les jeunes des lycées et collèges seront donc entourés par des
personnes moins nombreuses et moins jeunes.

Autonomie des universités:
Elles disposeront dorénavant d’un budget global, que le
président devra gérer et répartir entre paye des personnels,
locaux, matériel, etc… Il est ainsi mis dans la position d’un
responsable d’entreprise publique. Le président ne sera
d’ailleurs plus obligatoirement un professeur appartenant à
l’université, mais pourra être une tierce personne, choisie
pour ses qualités de gestionnaire.
Un « conseil d’orientation stratégique », composé de personnes
issues du milieu économique local, influera sur le conseil
d’administration, aura un droit de regard sur le président et
émettra son avis lors de son élection.
(voir: Professionnalisation des cursus)

Encouragement des universités à augmenter leur frais
d’inscription:
« Il faut sans doute réfléchir à une responsabilisation des
étudiants à travers un lien financier plus fort avec leurs
établissements » (B. Belloc, président de la Conférence des
Présidents d’Université, 19/04/2001). En Europe, il faut
compter en moyenne 1200 euros par an pour aller à l’université.
En France, un IUP pilote demande 4000 euro par an.

Désengagement financier de l’état:
Le budget de l’enseignement supérieur 2004 annonce une baisse
de 158M d’euros. Un certain nombre d’universités sont déjà bien
en deçà des conditions de fonctionnement (nombre de profs en
dessous du quota minimal, cessation de paiement, obligation de
suspension des activités pédagogiques pendant quelques semaines
faute de moyens…). Le budget de la recherche publique, quand à
lui, baissera de 30%.

Depuis quelques temps la conception même qu’on nous donne du but
de l’enseignement change:
D’une instance assurant gratuitement la transmission des savoirs
au plus grand nombre, on introduit peu à peu l’idée d’une école
et d’un savoir qui doivent être rentables. De même,
l’utilisation dans le milieu pédagogique depuis une dizaine
d’année du mot « compétence » à la place du mot « savoir » n’est
pas innocente. Quelle place aura l’esprit critique dans une
éducation « rentable »? Que fera un tel système éducatif des
enfants en difficulté?
Récemment, notre ministre Luc Ferry a remis en cause dans sa
« lettre à tous ceux qui aiment l’école » le principe de
« l’élève au coeur du système », pour retourner vers un système
où le savoir serait au centre, et où l’élève aurait à s’adapter
au système au lieu que le système s’adapte à lui. (la sociologie
a démontré que la facilité qu’a un élève de s’adapter au système
scolaire dépend fortement de son milieu social d’origine)

L’école n’est pas la seule à être touchée par ce mouvement de
rentabilisation et de privatisation. On peut citer entre autres,
d’autres biens communs tels que la santé, l’énergie, les
transports, la poste, la sécurité sociale… et, bien sûr, les
retraites. Certes, beaucoup de choses sont à changer mais
d’autres alternatives sont possibles.

Face à l’importance de ces réformes et à la manipulation exercée
par les médias, nous vous invitons, quelque soit votre opinion à
vous tenir informés, à en discuter avec votre entourage, à faire
suivre ce mail à un maximum de personnes, et, si vous le souhaitez,
à participer aux différentes manifestations et actions organisées
dans votre ville. C’est un véritable choix de société qui se pose
à nous aujourd’hui. L’enjeu est énorme, et une mobilisation
massive est nécessaire si l’on ne veut pas d’une société où seuls
ceux qui en auront les moyens pourront suivre.