Les impérialistes occidentaux, quant à eux, ont d’abord soutenu de facto le régime en laissant les progressistes désarmés face aux régimes et aux réactionnaires, craignant la réédition d’un scénario libyen, puis ont évolué vers le soutien directs à certaines de ces forces réactionnaires présentées comme « modérées » pour tenter de faire avancer leurs intérêts, pour enfin intervenir sous la forme de bombardements contre Daesh, considérant le régime meurtrier de Bachar comme un « moindre mal ».

L’impérialisme russe, quant à lui, considère le maintien du régime comme une garantie de sa présence militaire à Lattakié, et voit donc le maintien en place du régime comme un intérêt vital dans le rapport de force qui l’oppose aux impérialismes concurrents européens et américains. Le régime iranien y voit aussi une nécessité stratégique vitale.

A partir de Juillet 2012, le PYD (Parti de l’union démocratique), quant à lui, qui regardait l’insurrection comme marquée par le nationalisme arabe et tendait à renvoyer dos à dos le régime et les insurgés, à pris le contrôle d’une large par des 3 cantons majoritaire du Rojava, ayant profité de la période précédente pour se renforcer, le régime étant prioritairement occupé à réprimer l’insurrection.

Sur la base du projet de confédéralisme démocratique, le PYD entend depuis 4 ans proposer une voie alternative face au régime, d’une part, et face à une insurrection qu’il estime trop marqué par le nationalisme arabe à l’origine, et dominé par les forces réactionnaires religieuses soutenues par l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie.

Cette volonté de créer une voie alternative qui lui a valu d’être accusé par une large part des insurgés syriens d’être l’allié du régime.

La réalité semble plus simplement que le PYD entend construire sa propre dynamique dans la région, profitant de l’affaiblissement du régime sans pour autant se retrouver dans la dynamique et les objectifs de la révolution syrienne, considérée comme laissant trop de place au nationalisme arabe, syrien et aux réactionnaires religieux.

Car si les affrontements des YPJ (Yekîneyên Parastina Jin‎ – Unités de défense des femmes, composée exclusivement de femmes) et YPG (Yekîneyên Parastina Gel – Unités de protection du peuple) avec le régime sont restés sporadique jusqu’à récemment, il ne s’agit que d’un choix tactique de la part de ce dernier, qui a toujours su briser les aspirations kurdes au nom du nationalisme syrien et du nationalisme arabe : d’abord écraser l’opposition syrienne -toutes tendances politiques confondues-, puis écraser les kurdes accusés de séparatisme. Pour le PYD, ce statut qu était vu jusque là comme un moyen de renforcer son ancrage en profitant des contradictions locales, mais aussi des contradictions inter-impérialistes, jouant de son rôle pivot pour obtenir le soutien aérien de la coalition face à Daesh.

Ce renforcement a permis le développement d’une dynamique d’auto-organisation au Rojava, qui, si elle reste largement influencée par le PYD, est loin de s’y résumer.

L’autodéfense assurée par les YPG et YPJ a ainsi permis jusque-là de préserver les possibilité d’une alternative progressiste dans la région. Ainsi, si des tendances chauvines subsistent au sein du PYD, les YPG et YPJ, ainsi que le TEV-DEM (Tevgera civaka demoqratîk – Le mouvement de la société démocratique au Rojava).
restent la force organisée progressiste la plus importante, et la principale force antifasciste sur le terrain.

C’est à ce titre que nous les soutenons, et que nous appelons de nos vœux un rapprochement entre tous les secteurs progressistes en Syrie et au Kurdistan, ce qui ne pourra se faire qu’en rompant définitivement avec toute tendance chauvines.

En effet, ce n’est qu’à la faveur de l’affaiblissement du régime par l’insurrection que le projet progressiste au Rojava a pu se développer. Un écrasement de l’opposition syrienne se traduirait inéluctablement par une offensive du régime contre le Rojava : les évênements d’Hesseke en sont les prémisses.

A l’inverse, aucune convergence ne sera possible entre les forces progressistes arabes qui subsistent et les forces progressistes kurdes sans une réelle prise en compte de la question kurde. C’est la condition pour éviter à la fois la victoire du régime et l’hégémonie des réactionnaires, chacun soutenus par des impérialistes concurents.

La création des Forces démocratiques syriennes (FDS) a été un des premiers aspects de ce possible rapprochement, permettant la convergence entre forces kurdes et groupes armées arabes progressistes issus de l’ASL.

Dire cela n’implique pas que nous soyons acritiques sur certaines orientations du PYD ou certaines pratiques ou orientations stratégiques, mais nous pensons qu’il est nécessaire de préserver cette alternative face au régime comme face aux forces réactionnaires qui sont devenues largement majoritaires dans l’opposition armée.

Or l’intervention militaire de l’État turc risque de briser définitivement cette alternative.

Il est particulièrement significatif que celle-ci se fasse peu de temps après l’attaque du régime à Hassekeh, concrétisation d’un rapprochement entre régime, Russie, Turquie et Iran consécutif à la tentative de coup d’État en Juillet en Turquie.
Les Etats Unis, la France et l’Union Européenne qui jusque là soutenaient par les bombardements les forces kurdes utilisées comme chair à canon sur le terrain face à Daesh, ont sans surprise sacrifiés ces derniers pour préserver leur alliance avec la Turquie au sein de l’Otan et éviter que celle-ci fasse un pas de plus vers le régime, la Russie et L’Oran.
Si l’objectif affiché par le gouvernement Turc est la lutte contre l’Etat Islamique, cette offensive vise en réalité les positions des Forces Démocratiques Syriennes et principalement les Kurdes du PYD (parti de l’Union Démocratique) dont les militant-e-s armé-e-s s’étaient illustré-e-s dans la défense de Kobané.

Cela montre une nouvelle foi qu’il n’y a rien à attendre des divers impérialistes concurents, globaux ou régionaux, dans une perspective d’émancipation et de libération dans la région.
Si les différentes forces progressistes ont été amené à composer avec ces diverses forces, c’est faute d’un courant progressiste et révolutionnaire fort à l’échelle international, capable de construire une alternative.

Pourtant, les volontaires internationaux qui vont soutenir la lutte sur le terrain montrent qu’une telle alternative peut exister, même à l’état embryonnaire.

La récente prise de Manbij, bastion de l’Etat Islamique, par les forces Kurdes, était d’ouvrir le chemin pour la prise de Raqqa, capitale de DAESH, en coupant les routes d’approvisionnement avec la Turquie. Ce sont ces grandes avancées des FDS, alliance, incompatible avec les visées réactionnaires et impérialistes de l’Etat Turc, qui ont poussé ce dernier à intervenir et à prendre le contrôle de Jarabulus, ville à la frontière Turquie-kurdistan. Les combattants de l’E.I. se sont en réalité retirés sans combattre.

Les prétendus « rebelles modérés » ayant « repris » Jarablus sans combat, présenté comme « ASL » (une étiquette qui ne signifie plus rien tant elle est appliqué à des groupes extrêmement hétérogènes politiquement et idéologiquement) soutenus par les forces spéciales turques sont en réalité les proxy réactionnaires de l’État turcs, porteurs d’un projet réactionnaire religieux antiturc.

Face à cette situation, mobilisons nous pour soutenir les forces progressistes, et notamment les forces progressistes kurdes face à cette tentative d’écrasement par les impérialistes concurrents qui ne veulent voir subsister aucune force autonome dans la région.

Solidarité internationale avec le peuple Kurde et le peuple Syrien face aux tyrans, aux impérialistes et aux forces réactionnaires !

Soutenons les YPG-YPJ et le bataillon international de libération dans leur combat antifasciste. Soutenons l’émergence d’une force progressiste kurde et arabe en Syrie, autonome de toute mainmise impérialiste.

https://www.c-g-a.org/content/imperialistes-fascistes-hors-du-rojava