Date: Le 13 août 2004 Communiqué: 339

Condoléances à notre peuple; félicitations aux assassins, aux collabos et à tous leurs complices silencieux:

Un 117e mort dans les prisons de type F!
Le résistant du jeûne de la mort Selami Kurnaz est tombé en martyr
Notre camarade Selami Kurnaz faisait partie de la 10e équipe de volontaires du jeûne de la mort baptisée « Gültekin Koç ». Le 12 août dernier, sa longue et glorieuse marche qu’il menait dans les bras de la faim, jusqu’à « la victoire ou à la mort », a pris fin. Notre camarade s’est éteint en véritable héros du peuple.

Selami avait commencé son jeûne dans la prison de type F deTekirdag. Il y a 5 mois, il avait été hospitalisé à l’hôpital public de Tekirdag. Pendant 5 mois, il vécut sous la menace de la torture de la médicalisation forcée. A son chevet, il y avait des tortionnaires en blouse blanche: de véritables « Mengele ». Le 30 mars dernier, Ümit Günger s’était immolé par le feu au même endroit pour empêcher que ses tortionnaires le perfusent de force.

Depuis, dans la chambre d’hôpital transformée pour l’occasion en salle de torture, tout objet lui était devenu interdit, y compris briquets et alumettes. Il vivait, pour ainsi dire, un isolement dans l’isolement.
Quoiqu’il en soit, les tortionnaires n’ont pas pu briser la volonté de ce guerrier qu’était notre camarade Selami Kurnaz.

Selami Kurnaz militait dans les rangs de la révolution depuis l’âge de 17 ans. Il en avait 40 quand il nous a quitté en tant que 117e martyr du jeûne de la mort contre l’isolement.

Islamistes qui clamez votre hostilité envers la tyrannie; ce décès est le 20e qui est survenu sous votre pouvoir !
Le dossier criminel du gouvernement AKP s’épaissit. Ce gouvernement qui a succédé à celui d’Ecevit poursuit une politique d’isolement de plus en plus dure. Ainsi, en 21 mois, cette politique d’isolement a emporté la vie de 20 de nos camarades.

Ce gouvernement qui avait bâti sa campagne électorale sur la devise « liberté aux opinions et aux croyances » poursuit ses crimes contre les prisonniers politiques en les forçant à renoncer à leurs opinions.

Ceux qui ont soutenu l’AKP en vertu de leurs idées islamistes tardent à s’interroger sur la véritable nature et sur les véritables intentions de ce parti. Chaque jour qui passe aggrave la responsabilité de ceux qui ont soutenu l’AKP dans ses massacres.

Aucun islamiste ne peut dire qu’une telle politique « rend service à Dieu ». La seule force à qui le meurtre de Selami Kurnaz rend service, c’est l’Empire américain.

Ceux qui nous font subir l’isolement des Etats-Unis d’Amérique et de l’Union européenne n’ont aucune foi, ni aucune religion. Aucune croyance religieuse ne peut soutenir pareille tyrannie.

Pour les collabos des Américains, la religion est un simple instrument utilisable à souhait. Chaque fois qu’ils prononcent le nom « Allah », il faut y voir de la fausseté. Car leur « Allah », c’est l’argent. Leur foi et leur religion, c’est le dollar. Ils s’enrichissent en assassinant les peuples et les révolutionnaires. Ils bâtissent des fortunes en exécutant les ordres des USA et de l’UE. C’est exactement ainsi que l’AKP agit. Leur kaaba, c’est Washington. Ils ne suivent pas les règles de l’Islam mais celles de l’Amérique.

Ceux qui suivent les préceptes de l’Islam et qui agissent en conséquence, peuvent-ils en même temps être complices de l’occupation de l’Irak? Peuvent-ils en même temps devenir les bourreaux des prisons de type F ? Peuvent-ils en même temps suivre la programmes du FMI tout en sachant que ceux-ci condamnent le peuple à la faim et à la misère ?

Membres et supporters de l’AKP, ne soyez pas complices des massacres menés sous le couvert de l’Islam!

Faux militants de gauches qui prétendez être contre l’exploitation et la répression; continuez à vous taire!
Pitoyable! C’est vraiment pitoyable! Voir ainsi que dans ce pays, des gens qui se disent de gauche, démocrates, socialistes, communistes ou révolutionnaires, se taisent.

Ce silence face à l’oppression, cet oubli face à une résistance aussi héroïque resteront gravés dans l’histoire de la gauche comme une éclaboussure honteuse.

Si vous êtes vraiment révolutionnaires, de gauche, socialistes, démocrates ou communistes, vous devez avoir honte ! Et si vous n’éprouvez le moindre sentiment de honte, vous n’êtes pas dignes de porter ces qualificatifs !

Ceux qui portent des attributs aussi lourds que ces qualités en demeurant silencieux ne sont que des hypocrites.
Vous dites que notre résistance « ne fait pas partie de vos priorités » et vous ne faites de toute façon rien pour vos priorités. Vous dites »il faut trouver d’autres formes de lutte » et vous ne bougez pas un poil. Vous déclarez que la « vie est sacrée » et en même temps, vous ne pensez à personne ni à rien d’autre qu’à votre petit confort de petits-bourgeois. Ce jeu satirique colle idéalement à cette gauche au masque théâtral.

Continuez à nous dire: « On s’en fout. On ne vous a rien demandé ». Continuez à nous censurer comme le fait l’oligarchie.

Continuez afin que vos masques de socialistes et de communsites tombent, que l’on puisse voir votre véritable faciès.

Nous ne nous soumettrons jamais à l’isolement de l’impérialisme US , UE et de l’AKP !

Le régime d’isolement qui sévit dans les cellules de type F fait partie de la politique d’extermination du droit de résistance des peuples et de l’espoir de libération.

Nous n’abandonnerons jamais notre idéal et notre combat pour l’indépendance, la démocratie et le socialisme. Les impérialistes et leurs collabos veulent exterminer l’espoir en la révolution et le socialisme afin de pousser les peuples au désespoir. Nous ne les laisserons pas semer le désespoir.

Les racines du mouvement révolutionnaire de Turquie sont profondément enracinées. Notre mouvement révolutionnaire est lié au peuple comme le sont les rameaux aux branches d’un arbre. A ce jour, le mouvement révolutionnaire a connu plusieurs sièges dont il est sorti victorieux. Le siège actuel sera également percé. L’isolement sera brisé.

Bientôt, nous aurons accompli la quatrième année de notre grande résistance carcérale. Après le massacre du 19 décembre 2000, nous avions déclaré que s’il le fallait, nous jeûnerions trois mois ou même un an. Certains avaient cru que nous exagérions. Ceux-là même ont perdu devant l’histoire.

Car même si nous devions continuer à mourir dans les cellules d’isolement, nous ne nous courberons jamais devant l’oppression. Jamais, nous n’abandonnerons nos idéaux. Que tout le monde le sache.

Jeunes et vieux, femmes et hommes; Kurdes, Turcs, Arabes, Lazes, ouvriers, paysans, employés, étudiants, peuples de toutes les nationalités, voici la biographie de notre camarade Selami Kurnaz, 117e martyr de cette résistance qui est la vôtre :

Notre camarade Selami Kurnaz est né le 11 février 1964 à Arsin, dans la province de Trabzon. Il est de nationalité laze. Il fit connaissance des idées révolutionnaires dès avant le coup d’état fasciste du 12 septembre. Sa vie militante débuta en 1980 dans les rangs de Devrimci Yol (Voie révolutionnaire). Suite au coup d’état, l’organisation Devrimci Yol est entrée en déliquescence. Dans cette débâcle, Selami est resté sans organisation. Il était alors en captivité. Mais il ne perdit pas ses convictions pour autant.

Au début des années 1990, il devint actif dans les maisons du peuple de Trabzon. C’est ainsi qu’il tentait de rester fidèle à ses idéaux. Mais dans son esprit, il y avait alors quelques confusions sur le plan théorique.

A cette époque-là, il se rendit à Istanbul où il fit connaissance avec les militants de Devrimci Sol (la Gauche révolutionnaire, ex-DHKP-C). Grâce à cette rencontre, il redécouvrit une idéologie cohérente qui lui permit de s’y retrouver dans ses mélis-mélos théoriques. Comme ses premiers pas politiques s’inscrivaient dans la tradition Parti-Frontiste et que l’héritier théorique et pratique du Parti-Front, c’était l’organisation Devrimci Sol, Selami Kurnaz fit le choix de s’y engager. Il milita d’abord dans le secteur des quartiers populaires.

Ensuite, il travailla dans le bureau de la revue révolutionnaire Mücadele (La lutte) à Trabzon. Il fut ensuite l’un des membres fondateurs de l’association de soldarité avec les prisonniers et leurs familles « Özgür-Der ».

En juillet 1993, il tomba en captivité. Après une courte incarcération, il n’hésita pas à reprendre le combat. Il fut réincarcéré en 1995 et en 2000 pour une courte durée. Mais, après chaque emprisonnement, il ressortait renforcé dans ses convictions. Outre ses emprisonnements fréquents, il fut mis en garde à vue et torturé plusieurs dizaines de fois. Il ne céda pas à la coercition. En 1994, il fut chargé du recrutement dans les quartiers d’Istanbul.

En juin 2001, il fut à nouveau arrêté et mis en captivité. Cette fois, il fut embastillé dans une prison de type F. Cela allait être sa dernière captivité.

Il vécut toutes ses incarcérations comme un « captif libre ». Il se fit volontaire de la résistance déclenchée par ses camarades le 20 octobre 2000. Pendant dix mois, il brandissa le drapeau de la résistance en tant que guerrier de l’équipe du jeûne de la mort « Gültekin Koç ».

C’est en véritable héros de notre Grande Résistance qu’il s’est immortalisé.

DEVRIMCI HALK KURTULUŞ CEPHESI
FRONT REVOLUTIONNAIRE DE LIBERATION DU PEUPLE