Nous avons souvent entendu lors de nos voyages en Palestine les propos suivants : « cette guerre est née de l’extérieur. De la reconnaissance par la communauté internationale d’un État qui viole en permanence le droit international et de l’impunité dont il jouit. Une solution juste viendra de pressions venues de l’extérieur et des capacités de résistance et de résilience des Palestinien-ne-s. »

C’est cela que traite le documentaire d’Alexandra Dols : informer et analyser les mécanismes qui permettent au peuple palestinien de rester debout.

En une série de séquences balayant les dix dernières années, Alexandra Dols fait témoigner :

 Une femme totalement traumatisée après avoir réussi à empêcher l’enlèvement de son enfant par des colons meurtriers 
 Un prêtre orthodoxe qui réaffirme la solidarité entre les Palestiniens quelle que soit leur religion 
 Un professeur de sociologie de l’université de Bir Zeit 
 Une Palestinienne d’Israël « queer » 
 Un homme plusieurs fois emprisonné et juste libéré après une nouvelle grève de la faim 
 Une femme, membre du FPLP (Front populaire de Libération de la Palestine) qui a fait de nombreuses années de prison.

Elle montre des images prises à Gaza pendant les 52 jours du massacre « bordure protectrice » pendant l’été 2014.

Le personnage principal dont les propos tissent l’unité de ce film est Samah Jabr. Cette femme, médecin psychiatre vivant à Jérusalem Est a écrit depuis des années de nombreux articles sur les effets traumatiques du « sociocide » à l’œuvre. Elle montre comment les Palestinien-ne-s sont en permanence intimidés et humiliés. Elle étudie les conséquences sur les enfants, dans quel état psychique on est en sortant de prison ou pendant le deuil.

On la suit entre Jérusalem et Ramallah et sur les check-points. À partir de la phrase terrible d’une mère apprenant la mort de son fils : (« j’ai dansé comme un poulet dont on vient de trancher la tête »), Samah confronte mots et langage du corps pour proposer l’écoute de la souffrance la plus réparatrice possible.

Réaliser et populariser des documentaires comme Derrière les fronts, c’est faire en sorte que plus personne ne puisse dire : « nous ne savions pas ». C’est empêcher le révisionnisme insupportable de ceux qui présentent Israël comme « la seule démocratie du Proche-Orient ». C’est donner une humanité au peuple palestinien diffamé en permanence.

Pour l’instant, malgré tout ce qu’elle subit, la société palestinienne ne s’écroule pas. 
Le regretté Stéphane Hessel nous demandait de nous indigner. Suivons-le et ne laissons pas faire !

Pierre Stambul (Union Juive Française pour la Paix)

http://www.ujfp.org/spip.php?article5648