Ce sont tout de même plus de 6000 personnes qui s’élancent vers le cœur de la métropole, en franchissant la Loire puis en suivant le cours des 50 Otages. Au milieu de bataillons syndicaux assez mornes, quelques centaines d’ingouvernables forment un bloc, et mettent l’ambiance à coups de slogans, de tags et de fumigènes. Deux mondes et deux ambiances. Beaucoup de lycéens ont rejoint ce qui rappelle un peu les cortèges de tête du printemps dernier. Au milieu de la manifestation, c’est la ZAD qui défile en musique avec des tracteurs. Derrière, les exilés protestent contre les politiques racistes menées au niveau national comme au niveau local depuis des années.

L’extrême droite est au second tour, et ce sont les dernières manifestation avant l’arrivée probable d’un banquier hurleur au pouvoir. Et pourtant, il ne se passe rien. Ou presque. Un commissariat est repeint et des flics reçoivent des fumigènes Cours Olivier de Clisson. Une voiture de police est chassée loin de la manifestation près de la préfecture. Quelques banques sont prises pour cible. Mais alors que l’ambiance se réchauffe et que la partie vivante du défilé compte bien continuer à manifester après la fin officielle du parcours, des syndicalistes avinés appuyés par quelques obscurs trotskystes ne trouvent rien de plus essentiel à faire que de protéger la préfecture et de bloquer l’avancée du défilé en criant des insultes. Temps mort et invectives. Après ce coup d’arrêt forcé, la manifestation qui esquisse un demi tour ne parviendra pas à repartir. D’autant qu’une nouvelle averse douche ce qui reste d’énergie.

Les manifestants ont su être nombreux, pluriels, assez créatifs, mais la dispersion des colères n’a pas su transformer le traditionnel rituel syndical en mobilisation à la hauteur de la situation.

Occupants de la ZAD, lycéens, exilés, syndicaliste déterminés, révoltés de tous horizons : il nous faudra faire converger les colères cette semaine, dimanche soir, et dans les temps à venir pour faire entendre nos voix.