Crise de régime à six jours du premier tour de l’élection présidentielle. Le gouvernement qui vit ses derniers instants connaît un niveau de discrédit inégalé sous la cinquième République. Les élections qui viennent atteignent quant à elles un niveau d’incertitude sans précédent. Quatre candidats sont au coude à coude, et les deux partis qui gouvernent la France depuis plusieurs décennies risquent d’être balayés dès dimanche. A la place, les deux figures favorites du scrutin sont une héritière raciste et un banquier qui compte gérer le pays comme un manager de fast food.

Comme la droite dure, le candidat des médias Emmanuel Macron annonce d’ors et déjà qu’il va mener un saccage inédit des derniers acquis sociaux dès cet été. Sa stratégie ? La stratégie du choc. En gouvernant par décrets et ordonnances, sans vote du parlement, pour que dès septembre l’offensive patronale soit irréversible. Le même dévoile actuellement son programme sécuritaire, qui n’a rien à envier à celui de la droite extrême : antiterrorisme généralisé et surveillance renforcée. Le candidat de Rothschild n’est pas qu’un orateur raté qui mène ses meetings comme un évangéliste. Macron est l’incarnation de la reconfiguration autoritaire du capitalisme de crise, tel qu’ébauché ces dernières années par Manuel Valls.

Cette campagne est inédite également par les débordements qu’elle suscite. Rares sont les candidats qui n’ont pas reçu d’œuf ou de farine sur leurs costumes, de peinture sur leurs permanences et leurs véhicules. L’extrême droite, elle, ne peut plus tenir de meeting sans provoquer une manifestation émeutière. Ce qui se dessine, c’est la détestation généralisée d’un monde politique à l’agonie. Fort logiquement, le gouvernement s’attend à des troubles d’ampleur, et compte mobiliser « plus de 50 000 policiers et gendarmes » dès le premier tour, et maintenir l’ordre en cas de passage du FN au second tour. La seule nouvelle réjouissante de ces dernières semaines éprouvantes, c’est la mort du PS, le parti du désastre, de l’état d’urgence, de la loi travail et du 49.3.

Aujourd’hui, nul ne peut dire qui des quatre têtes d’affiche se hissera au second tour. Presque à égalité parfaite, toutes les combinaisons sont possibles, y compris un duel entre l’extrême droite et Mélenchon. On voit donc, dans cette fébrilité, apparaître un « vote utile » de droite, qui remobilise les électeurs perdus de Fillon par peur de la gauche dite radicale. Rien n’est joué, et le mafieux Thatchérien appuyé par la déferlante homophobe de la Manif Pour Tous a encore des chances de l’emporter.

Quels que soient les finalistes, ils arriveront au second tour avec de faibles réserves de voix. Et le prochain gouvernant connaîtra, dans tous les cas, un immense discrédit politique dès les premiers jours de son mandat, voire la quasi-impossibilité d’obtenir une majorité au Parlement.

C’est dans ce contexte qu’il s’agira de descendre dans la rue, de s’organiser, de se replonger dans l’histoire de la Commune.

Bref, de rendre la France ingouvernable.

Nantes Révoltée

 

[Photo : ValK]