Organisons-nous !

Le 2 février, à 12h, 250 à 300 étudiants ont pris l’amphithéâtre Fresnel du Bâtiment science de l’Université de Caen. Ces personnes, motivées par l’action spontanée de perturbation des vœux du Président de l’Université qui devait se féliciter de virer les sciences humaines et sociales de leur bâtiment historique, d’étendre les horaires de travail des personnels des bibliothèques, et de célébrer la disparition d’une bibliothèque au profit d’une cafeteria (alors qu’un des deux restaurant universitaire est fermé depuis deux ans), ont mises en commun leurs maux, leurs inquiétudes, mais surtout leurs désirs.

Rapidement, si quelques garde-chiourmes ont tenté de clore les discussions sur le problème de la bibliothèque et du bâtiment lettres, de nombreuses personnes ont partagé l’expérience de la précarisation, de l’aggravation des conditions de travail et d’études, de la toute-puissance de la Présidence et de sa promptitude à envoyer des flics sur le campus, mais aussi ont mis en avant un désir de gratuité (RU, transports), un désir de lutter contre l’économie et son assignation à n’être qu’une ligne comptable, un désir de destituer la Présidence du pouvoir qu’elle exerce sur les étudiant-e-s et le personnel.

Les habituels discours sur la massification condamnaient déjà à l’échec toute tentative d’institution d’un rapport de force, perdus dans l’adage moribond selon lequel la quantité devient qualité. Force est de constater que c’est bien plus notre capacité à intervenir en corps opaques à l’économie qui a soudé nombre d’entre nous autour d’une idée pourtant simple : ne pas attendre une approbation publique pour exprimer notre refus.

Nous avons attendus beaucoup trop de ces AG qui nous appelaient à attendre un moment propice qui n’arrive jamais. Car le seul moment propice qui existe est celui où, dans notre âme, nous sentons un changement de perception et où, de ce changement de perception, de ce regard négatif sur le monde, nous nous sentons habités par un commun.

Cet assemblée est une première pierre qui ne doit pas appeler nécessairement à construire un château, mais dont on doit plutôt se saisir pour faire tomber le leur. Dans les mots qui ont résonné et raisonné ensemble, celui qui orientera le devenir de la contestation doit être notre capacité à demeurer ingouvernable. Montrer, à ceux qui militent chaque jour du côté de l’économie en aggravant nos conditions de vie quotidiennes, qu’ils ne le feront plus en toute impunité. Qu’aujourd’hui, par cet effort, nous ne reconnaissons nulle autre autorité que la nôtre.
Qu’enfin un nous émerge, qu’enfin nous soyons, qu’enfin nous ne nous résumions plus à survivre mais à vivre.
L’indignation ne suffit plus. Il est venu le temps de nous organiser.

Rendez-vous mardi 7 à 10h sous la galerie-vitrée pour préparer la fête !

Caen Ingouvernable