Après Charlemagne, Jeanne d’Arc ou Napoléon, c’est aujourd’hui au tour de Jean-Luc Mélenchon d’incarner, pour certains d’entre nous, le nouvel archétype du sauveur. « Mélenchon tout ! » comme dirait l’autre. Tel Macron pour les uns, Marine pour les autres, ce tribun-là entend être l’icône tant attendue des Français : c’est l’homme providentiel, celui qui saura écouter les besoins et les griefs de ses compatriotes. C’est celui-là, encore, qui connaît la vérité et sait déjouer les mensonges et les arcanes du système.

Mais qu’en est-il vraiment ? N’est-ce pas là une autre facette de cette histoire qui se répète inlassablement depuis des temps immémoriaux ; un conte né des récits bibliques ; quand le sauveur assume seul les malheurs de son peuple ; le guide vers une soit-disant terre promise ou le bonheur ? Car le Panthéon des messies contemporains est bien vaste en vérité. Pourtant, est-il besoin d’une grande figure pour revêtir le soulèvement national ? Je vous le demande. Le monde a changé. Cependant certains hommes ont toujours besoin de grands discours pour appuyer leurs actes. Et, par dessus le marché, si les petites gens les écoutent cela ne peut que satisfaire leurs égos démesurés de bienfaiteur de la nation en péril.

Quid de la présence d’esprit ? Que l’on se situe en bas de l’échelle sociale ou en haut, il est plus simple, sans doute, d’oublier la politique et d’abandonner l’argumentaire au profit de l’émotion qui, elle, sait galvaniser les masses. Aux oubliettes la raison critique ! À bas la lucidité ! À l’échafaud la sagacité ! Que sais-je encore… Les nouveaux orateurs du XXIe siècle préfèrent les vivats et les prophéties.

Vous souhaitez un changement majeur ? Oubliez les harangueurs patriotiques. Macron, Fillon, Le Pen ou Mélenchon ne sont que des sous-fifres du paradigme politique actuel. Vous en avez assez d’être considéré comme de dociles moutons perplexes ? Descendez dans la rue ! Lancez vos sabots dans les machines qui vous aliènent !

Vous attendez une solution à vos problèmes et à vos maux ? Lorsqu’une chose va à l’encontre de votre sens critique, de vos convictions ou de vos valeurs, il est préférable — sans doute — de dire : « non » plutôt que de s’en remettre, une énième fois, aux aboiements d’un chef de rayon, mouillé, verdâtre et resséché cent fois. Mais de grâce, par dessus tout ne votez pas aux prochaines élections présidentielles de 2017 !

Signé : un camarade reconnaissant.