5 juin 2003

{{Lettre de Bernard THIBAULT,

à toutes les syndiquées,

à tous les syndiqués}}

Cher(e)s Camarades,

La combativité et la détermination des salariés du public

comme du privé, pour l’ouverture de vraies négociations

pour une autre réforme des retraites, s’intensifient.

{{Le travail syndical que nous avons mené ensemble depuis des mois est déjà
considérable, la CGT, ses syndicats,ses syndiqués ont une responsabilité
majeure dans la suite des événements.}}

La mobilisation entre dans une nouvelle phase où sa généralisation est
devenue

indispensable. Dans le privé comme dans le public, il est important que nous

ayons à l’esprit plusieurs données de la situation, pour ne pas tomber dans
les

pièges qu’on nous réserve.

Ce contexte m’incite à m’adresser à vous.

Le gouvernement s’obstine, les ministres – et notamment le premier d’entre
eux- nient la réalité des faits. Ils s’évertuent à travestir le contenu de
leur projet, comme l’escamotage de la négociation avec les syndicats.

Malheureusement, le gouvernement risque dans les prochains jours de s’
enfermer dans cette attitude, comptant sur l’usure du mouvement.

Ignorant ou minimisant avec dédain la mobilisation qui se construit et s’
affirme depuis plusieurs mois, il veut s’appuyer sur sa majorité
parlementaire pour tenter de passer en force. C’est d’elle qu’il attend l’
adoption, d’ici mi-juillet, d’un projet de loi rétrograde qui engage contre
leur volonté et pour des décennies l’avenir de millions de salariés. La
discussion de l’actuel projet de loi doit être différée au bénéfice d’une
nouvelle phase de négociation avec les syndicats.

{{Aucun impératif ni financier ni institutionnel n’exige de boucler ce
dossier dans l’urgence}}

Le gouvernement a déjà largement usé de la tactique de division. Il va
persévérer, tenter d’opposer les salariés entre eux, privé/public, régimes
spéciaux et régime général, les retraités aux plus jeunes, les enseignants
aux parents d’élèves, les « preneurs d’otages » aux « otages », etc, etc…

Il a également misé sur les divisions syndicales. Il est évident que les
deux organisations qui ont accepté de se prêter au simulacre de négociation
du 15 mai ont pris une lourde responsabilité.

Le temps viendra où nous aurons le recul nécessaire pour tirer les
enseignements d’un épisode qui aura porté préjudice à l’ensemble du
syndicalisme.

Mais le moment présent n’est sûrement pas au règlement de comptes.

{{Notre énergie doit être focalisée sur le rassemblement de tous ceux qui
partagentla conviction que des alternatives à ce projet de loi existent, et
ils sonttrès nombreux, y compris dans les rangs des syndicats signataires.}}

Un autre piège, c’est « l’intox », dont nous avons déjà eu l’avant-goût. Le
Gouvernement, ayant décrété que le débat est réservé aux seuls
parlementaires, dénie maintenant le droit aux syndicats de s’exprimer et
dénonce des « grèvespolitiques » ! Curieuse conception de la démocratie qui
consisterait à donner sa voix un jour pour après « la fermer » toujours…

Soyons attentifs à ce que personne ne nous détourne de l’objectif commun,
celui qui mobilise bien au-delà des sensibilités politiques. Il est
indispensable que chacun d’entre nous s’appuie sur l’analyse de la CGT et
les positions de fond qu’elle défend. Une réforme garantissant le droit à
une retraite à taux plein à 60 ans,fondée sur la solidarité entre les
catégories et les générations, financée par la contribution de l’ensemble
des richesses produites, est indispensable et elle est possible.

Pour une large part, {{c’est de la qualité de notre engagement, de notre
lucidité,de notre capacité à tous }}à nourrir le débat public à l’
entreprise, dans les localités et à travers tous les moyens d’information,
que vont dépendre l’élargissement de la mobilisation et le renforcement de
la confiance qui sont les véritables gages de l’efficacité de l’action.

Il nous faut {{être également très attentifs à promouvoir une attitude
démocratique,}}tant dans la décision des formes d’action que dans la
conduite de chaque étape du mouvement et la coordination des initiatives aux
niveaux professionnel et interprofessionnel. C’est indispensable pour une
action revendicative qui devra peut être s’installer dans la durée pour être
décisive.

{{Au-delà de l’engagement indispensable des salariés dans l’action, chacun d
‘entre nous doit les gagner à la conviction de se syndiquer.}} C’est un
moyen d’agir durablement pour la défense des revendications. C’est à la fois
une condition du succès qu’il faut remplir et une opportunité pour l’avenir
qu’il faut saisir.

Très fraternellement à chacun (e) d’entre vous.

Bernard THIBAULT
Secrétaire Général de la CGT