Ce projet est immense, pour faire transiter le pétrole et le gaz de schiste produit via la très controversée méthode du Fracking depuis le nord jusqu’au sud du pays (qui produit du pétrole de manière traditionnelle et donc plus coûteuse), il a été investi plus de 3 800 millions de dollars, si ce projet se termine il traversera 4 états et plus de 200 fleuves ou rivières. Dans le Dakota cet oléoduc passera par 33 sites archéologique et historiques et passera à côté des sites sacrés des Lakotas.

 

La pauvreté dans la réserve de Standing Rock est grande. Ce furent des années d’efforts du gouvernement pour que ces tribus restent les grands oubliés du pays, l’alcool, les drogues, l’acculturation et les casinos…ils ont tout fait pour essayer de faire perdre le peu qu’il reste à ces dignes peuples. Mais la dignité reste plus que jamais présente.

Aucun.e des deux candidat.es aux élections américaines n’ont pris en compte les peuples indigènes : « la réserve est tellement pauvre que les uniques actes électoraux qui se voient ici, ce sont les projets d’alimentations « feeders » qui consistent littéralement à ce que le parti démocrate offre à manger aux gens près des lieux de vote, pour que les gens se motivent à voter. Le Parti Républicain n’obtenant pas de vote au sein des indigènes essaye d’empêcher les projets d’alimentations, argumentant que c’est de l’achat de vote. Un homme, un hamburger, un vote. A Standing Rock on comprend ainsi, la phrase d’un célèbre leader sioux, Nuage Rouge : « Ils nous ont promis beaucoup de choses, Tellement de choses que l’on ne s’en souvient plus. Mais ils ont au moins tenue une promesse, celle de nous quitter la terre ». Ils ont aussi quitter le nom des sioux, l’État les appelle comme les appelaient leurs ennemis ojibwa : « nadoiessoux » qui signifie ni plus ni moins « serpent ». Les sioux et les ojibwa ont eut entre eux une guerre d’extermination, il faut bien comprendre que juste prononcer ce mot les rends furieux. » Par ce conflit, le peuple sioux a perdu sa reconnaissance comme Première Nation.

Mais les choses changent, l’organisation de ce peuple pour défendre le sacré est exemplaire. La tribu a organisé une rébellion depuis juillet, et depuis, de nombreuses autres tribus de tout le pays ont apporté leur soutien, provoquant une union qui ne s’était pas vu depuis plus d’un siècle et demi. Les conflits ancestraux entre certaines tribus, comme les Pawnee et les Lakotas sont en train de se résoudre grâce à la solidarité et leur combat commun pour l’eau. Des nations du monde entier apportent leur soutien, comme c’est le cas avec l’EZLN (Armée Zapatiste de Libération Nationale), ou une délégation équatorienne venue sur place pour partager leur lutte contre l’extraction de pétrole sur leur territoire.

Depuis peu, en dehors de la venue et du soutien d’autres tribus et des autres nations indigènes du pays, se sont aussi rassemblés des groupes politiques de gauche et écologiste, tout comme des personnalités qui commencent à lever la voie pour défendre le peuple sioux, et souligner cet effort de solidarité et de coordination entre les différentes tribus de la région.

La répression et la violence policière est impressionnante. Les polices du Dakata, et les gardes de sécurités privés des entreprises en charge de ce projet ressemblent à des milices aux ordres de l’argent pour expulser les blocages et les campements des dignes peuples originaires.

Les comp@s adhérents à la Sexta de Barcelone ont traduit et publier un article qui décrit les actes repressifs des mlices privés et de la police, où 141 personnes ont été arrêtées le week end dernier :

« La police du Dakota du Nord a détenu 141 personnes parmi eux des indigènes et des écologistes durant l’expulsion d’un campement militant contre le projet de construction de l’oléoduc qui était en place depuis la matinée du vendredi ont informé les autorités.

Les agents ont utilisé des blindés et des gaz pour disperser les 300 personnes installées dans le campement de Roche Sacré, dans l’un des terrains ruraux privatisé pour le projet du tracé de l’oléoduc, considéré par les indigènes de la réserve de Standing Rock comme sacrés et qui leur appartient.

Selon la version officielle, au moins un des manifestant – qui a été détenu- a tiré avec une arme à feu contre les policier lors des affrontements particulièrement tendus, et qui ont duré plus de six heures, durant laquelle il y eu aussi des jets de pierre, de bouteilles et de cocktails molitov…Cependant aucun blessé n’a été signalé par les autorité

La majorité des détentions a eu lieu pour irruption illégale dans une propriété privée.

Les membres de la réserve indigène de Standing Rock, Hunkpapas et dakotas ont réunis le soutien de dizaines d’autres tribus dans les derniers mois en opposition au projet d’oléoduc « dakota access ». »

Des centaines de personnes se sont concentrées depuis le mois d’avril dans le campement de la Roche Sacrée pour empêcher les travaux de construction de l’oléoduc, car elles ne veulent pas perdre des terres qu’elles considèrent comme sacrées et craignent une pollution des eaux de la rivière Missouri desquelles dépend leur mode de vie.

Dans les réseaux sociaux, on compare ce mouvement à la large occupation de 1973 de Pine Ridge qui a terminé avec l’arrestation de Léonard Peltier, qui a par ailleurs écrit un communiqué de soutien depuis sa cellule le 16.09.2016

« Mes sœurs et frères, je vous salue,

On m’a demandé d’écrire une déclaration de solidarité pour tou.te.s celleux qui participent aux manifestations du Camp des Pierres Sacrées à Standing Rock. Merci pour ce grand honneur. Je dois avouer qu’il m’est très difficile d’entamer cette déclaration. J’ai les larmes aux yeux, mon cœur se gonfle de fierté, alors que des frissons montent et descendent le long de mon cou et de mon dos. Je suis tellement fier de vous, les jeunes, et les autres personnes qui sont là. Je suis reconnaissant d’avoir survécu pour voir la renaissance unie et invaincue de la nation Sioux à Standing Rock, résistant au conduit empoisonné qui menace la source d’où naissent les fleuves Missouri et Mississippi. C’est un honneur d’être en vie, pour voir cela se produire avec vous les jeunes. Vous n’êtes rien de moins qu’impressionnant.es à mes yeux. »

Le conflit devrait durer bien que la répression n’aie pas de limite. La police a par exemple tiré a plusieurs reprises sur des drones de manifestant.es qui filmaient la répression, une journaliste a été arrêtée pour avoir couvert les faits et est accusée de diffamation, alors que les militant.es traversaient la rivière parfois à la nage parfois sur des barques de fortunes pour empêcher la construction, la police a tiré des gaz, les chiens sont utilisés contre les manifestant.es….. Les Sioux se sont appropriés de plusieurs moyens de communication pour pouvoir diffuser leur lutte et démontrer ainsi au peuple et au monde les stratégies usées par les milices privées et la police du Dakota

L’EZLN (Armée Zapatiste de Libération Nationale et CNI (le Congrès National Indigène) a montré son soutien à cette digne lutte, en particulier dans l’une des 27 dénonciations d’offensive du système capitaliste contre les peuples originaires dans leur communiqué « Que dans ses entrailles tremble la terre »

« La nation Dakota se voit envahir et détruire son territoire sacré par des gazéoduc et oléoducs, et défendent via des blocages permanent pour protéger ce qui est leur. »

Mais ils et elles avaient aussi souligné cette lutte au mois de septembre dans leur communiqué « partie de la guerre et de la résistance #44 » où ils et elles ont présenté un paragraphe entier à cette digne lutte.

« Parmi les peuples originaires des tribus du nord, la nation Sioux tisse ses propres géographies bien au-delà des fausses géographies officielles qui les situent dans un autre pays – alors que pour nous nous sommes enfants de la même mère-, et ils résistent actuellement à l’invasion de leurs terres sacrées, de leurs cimetières et de leurs lieux de prière par les travaux de construction d’oléoducs effectués par la compagnie Energy Transfer Partners, qui voudrait transporter le pétrole obtenu par la fracturation hydrauliquede la région Bakken, dans le Dakota du Nord en passant par leurs territoires, ce qui a motivé la solidarité et l’union des peuples originaires du nord. Sachez que votre rage est la nôtre, et qu’en tant que Congrès National Indigène, nous faisons et ferons entendre notre voix ensemble et à vos côtés. Votre digne lutte est aussi la nôtre. »

Selon l’Observatoire des Multinationales, plusieurs banques françaises sont impliquées : BNP Paribas, Le Crédit Agricole, Natixis, et la Société Générale. Elles ont toutes les quatre directement financé le projet Dakota Access Pipeline à hauteur de plus de 1 milliard de dollars, toute sauf la Société Générale ont par ailleurs « accordé des crédits permanents aux firmes parties prenantes ».

Il ne faudrait pas pour autant s’indigner que pour cette cause, il s’agit également de mentionner qu’au Mexique la lutte du peuple Yaqui qui est aussi en lutte contre la construction d’un gazoduc est particulièrement réprimée puisque récemment une companera a été assassinée.

Et ce n’est pas tout la violence contre les peuples originaires qui défendent leur territoire et leur monde, est particulièrement intense à travers le monde… Tous ces peuples se retrouvent confrontés aux violences des états qui ne cherchent qu’à les spoliers de leurs terres pour des mégaprojets ou juste pour chercher à rentabiliser ce qui ne l’est pas.

@espoirchiapas
Fotos @RobWilsonphotography

Texte féminisé (peut-être imparfaitement) par Iaata