Auchan : qui sont les voleurs ?

Ces derniers mois, l’hypermarché Auchan de St Herblain n’a pas hésité à mener une politique honteuse en réprimant et poursuivant toutes personnes qui osaient venir fouiller ses poubelles ! Il est fréquent qu’une certaine population précaire et paupérisée tente d’améliorer son quotidien en récupérant ce qu’elle peut dans les déchets de divers magasins. Cette pratique, courante, n’est rien d’autre que de la survie, elle n’atteint en rien le business des hypers et participe même, en un sens, de la lutte contre le gaspillage. Mais voilà, la direction d’Auchan ne l’entend pas de cette oreille : les pauvres peuvent crever, les poubelles seront bien gardées ! Vigiles à l’appui, voilà qu’on appelle la police pour embarquer les affamé-e-s et tenter de les poursuivre pour vol, oui pour vol ! Et histoire d’en rajouter une couche, on fait embarquer leurs véhicules par la fourrière. Seulement, le « vol de poubelles » n’est pas un délit existant, les oppresseurs sont bien embêtés, qu’à cela ne tienne, on trouvera bien à requalifier l’acte pour pouvoir poursuivre et condamner les empêcheurs de jeter en ordre à coups de « bande organisée » ou « violation de propriété privée », bah voyons !

Mais cette affaire n’en est qu’une parmi d’autres : on peut citer celle du Super  U de Carquefou, en 2015, où un homme a été condamné à une amende de 200€ ou encore, celle du supermarché de Ligné, même année, où une personne a été condamnée à 105h de TIG et à 3 mois de prison avec sursis. Malheureusement, les poursuites à l’encontre des « récupéreurs-euses » se multiplient partout sur le territoire, et avec le système de récidive, cela pourrait même conduire à la prison ferme !

Quand on sait que la famille Mulliez, qui contrôle non seulement le groupe Auchan, mais aussi Décathlon, Leroy-Merlin, Kiabi, Norauto, est une des premières fortunes de France, comment peut-on encore s’offusquer de quelques poubelles fouillées ? Plusieurs propriétés de cette famille ont été récemment perquisitionnées en France, en Belgique et au Luxembourg pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale. Peut-être devrions-nous revoir notre définition du mot « voleur »…

Sachant qu’ un tiers de la production mondiale de nourriture est jeté chaque année, essentiellement dans les pays du Nord, et que plus de 8 millions de personnes vivent en-dessous du seuil de pauvreté en france (2014), nous nous devons de repenser nos modes de consommation. De nombreuses alternatives existent et se développent tels que les systèmes de circuits courts qui permettent une consommation et production locales (AMAP), d’autoproduction (jardins partagés, autogérés), d’échanges (système d’échange local SEL, troc), de groupements d’achats (GASE). Et bien sûr, la récup’ (freegan) qui consiste à se nourrir gratuitement d’aliments issus des déchets de notre société de surconsommation.

Parce qu’on en a assez de la criminalisation de la pauvreté, de subir les politiques oppressives de supermarchés arnaqueurs et exploiteurs, assez de la société de sur-consommation et de gaspillage quand des millions de personnes meurent de faim chaque année, assez des mensonges et du cynisme de ces directeurs, dirigeants et actionnaires aux comptes en banque pleins à craquer, pour tout cela et plus encore, nous exprimons notre solidarité totale à toutes les personnes poursuivies par Auchan St Herblain et appelons chacun-e à le sanctionner de la façon qu’il/elle trouvera la plus opportune.

La récup’ de poubelles ne doit pas être un délit, partageons les ressources et les richesses, solidarité !

Face à une direction oppressive, résistons !

Si nous sommes indigné-e-s par la politique répressive dont fait preuve Auchan envers les fouilleurs-euses de poubelles, nous le sommes aussi des pratiques, bien plus banales d’exploitation et de pressions sur les employé-e-s de la grande distribution, auquel-le-s nous communiquons également tout notre soutien et notre solidarité. Précarité des postes et faibles salaires sont la norme : vidéosurveillance, horaires décalés, turn over et mise en concurrence, empêchent bien souvent les travailleurs-euses de se rencontrer et de s’organiser. Pourtant il y a beaucoup à dire sur la pénibilité de tous ces emplois si souvent dévalorisés, sur le stress qu’ils induisent, les répercussions qu’ils ont sur la vie extra-professionnelles etc.
Employé-e-s d’Auchan, de Mulliez ou d’un autre, ne restez pas isolé-e-s face à vos patron-ne-s, osez vous organiser, n’hésitez pas à prendre contact avec nos assemblées de lutte interprofessionnelle.