Vous trouverez ci-dessous le sommaire détaillé ainsi qu’un article en
prime pour vous donner un avant-goût des 40 pages en couleurs de ce numéro
arborant une couverture inédite de Tardi.

Le Monde libertaire, hebdomadaire sans dieu, sans maître et sans publicité
de la Fédération anarchiste, bientôt cinquante ans et toujours toute ses
dents !

Rendez-nous Battisti, on vous envoie Messier

L’État ne lache jamais ses proies. Et ce n’est pas Cesare Battisti qui
dira le contraire. Un coup à droite, un coup à gauche, la justice en ce
qu’elle a d’officiel, c’est-à-dire un ministère et ses juges, donne la
mesure de la confusion entre équité et vengeance.

Que les institutions soient italiennes ou françaises, qu’il s’agisse d’une
mécanique judiciaire venant de Rome ou de Paris, la coopération,
l’entraide, autant de bonnes vertus, de saines vertus, trouvent leur
illustration dans une répression accablante.

Voilà Cesare Battisti, depuis plusieurs années réfugié en France, sous
mandat d’extradition, après une vie refaite, sans repentance ni récidive,
jamais entendu par un juge quelconque, condamné à pourrir en prison parce
que le président de la République en a décidé ainsi.
François Mitterrand avait difficilement pu dans les années 80 ne pas
accorder le droit d’asile à tous ces réfugiés. Tradition et doctrine
oblige. Le socialisme qui semblait émerger dans le « pays des droits de
l’homme » était, à tort ou a raison, porteur d’espoir. L’élan émotionnel,
la répression ne pouvaient qu’ouvrir nos frontières. Mais la vengeance,
comme on dit dans les pages roses du Larousse, est un plat qui se mange
froid. La machine à broyer ne s’est jamais enrayée. Juste un peu
somnolente. L’exemple de Cesare Battisti, quand on commence à avoir la
tête en vacances, est là pour nous le rappeler. Les meilleurs mauvais
coups se portent bien souvent pendant la trêve estivale. Mais pour l’État
il n’est jamais de trêve. Pour un Battisti qui est frappé, ce sont des
dizaines d’autres réfugiés italiens qui vont devoir craindre la même
justice élémentaire, j’allais dire expéditive.

Berlusconi aussi médiocre crooner que chef d’État, et quand bien même
serait-il bon dans ces registres spectaculaires, Berlusconi donc,
aficionado d’une manière de fascisme rampant sur le ventre trouve là
l’occasion de se réjouir. Tirer un trait sur les années de plomb en jetant
ses acteurs en prison, n’a jamais été de nature à apaiser les esprits.
Mais faut-il qu’ils soient apaisés ces esprits-là ? Le pouvoir italien,
géniteur des Mussolini, des maffias, organisateur de misère, de chômage,
d’exil, n’a jamais brillé par son progressisme. La pesanteur de la charité
chrétienne omniprésente, et puis une bonne répression, n’ont jamais fait
de mal à personne et l’État a toujours besoin de montrer ses muscles. Mais
pour qu’il y ait répression, il faut qu’il y ait un minimum d’agitation :
logique. L’exemple de Gênes et de la grande manifestation contre le sommet
du G8 qui s’était soldée, on s’en souvient malheureusement, par
l’assassinat de Carlo Giuliani, est là pour nous le rappeler.

Chirac est l’auxiliaire de ce magnat de l’audiovisuel, j’allais dire de la
presse, du papier imprimé plutôt, et sans doute première fortune d’Italie,
et il piétine allégrement ce qui restait d’humaniste ou d’humanitaire, peu
importe, dans le regard des candidats à l’exil partout dans le monde. Une
petite touche de sagesse en élargissant Joëlle Aubron, une louche de
férocité en conservant en prison ses compagnons plus morts que vivants, un
soupçon de largesse et Papon sort inopinément de son coma de taule en
faisant des claquettes, Messier en garde à vue VIP juste le temps du
bouclage de Libé, et voilà les affaires faites.

Le problème n’est plus de savoir si Cesare Battisti est un camarade ou
non, mais bien de constater que peu à peu l’Europe des répressions avance
ses pions. Lissage des législations, démocraties molles du jarret,
uniformisation des comportements. N’oublions jamais que l’espace Schengen
c’est non seulement la libre circulation des individus, mais aussi la
libre circulation des juges, des flics et but ultime de la manœuvre, celle
des marchandises. La justice est régulatrice du capitalisme, non pas
l’inverse, et les poulets zélés n’en sont que le bras armé.

Battisti, entre autres militants anticapitalistes, fait les frais de cette
idéologie perverse. Rien d’étonnant dès lors que Messier soit totalement
impuni. Le seul reproche que le pouvoir peut lui signifier c’est d’en
avoir fait un peu trop et de s’être fait gauler. Mais l’État ne pardonne
jamais à ses adversaires.

Jipé

Sommaire du Monde libertaire hors-série n°25 d’Eté 2004, le Jeudi 8
Juillet en kiosque :

Battisti bastonné, page 2
STM, la lutte de pointe, page 3
Riton cause syndicalisme, page 7
Les intermittents à l’assaut du
Medef, par M. Rollin, page 8
Le sport défend la république, par un
attaquant, page 9
El Che, si l’icône valait…, par D. Pinós, page 11
Clovis Trouille fait le zouave, par F. Equy, page 15
Les stals aboient, Abel Paz, page 19
Le pétrole commence à nous pomper, par C. Reeve page 23
Rolland Hénault fait ses courses, page 26
Karine Pelgrims, photographe, page 27
Marius Jacob, c’est le plus grand des voleurs !
par J. Gladiator, page 30
Lyon au travail, par H. Lenoir, page 31
Les mots pour le dire, par Zohra, page 33
Radio libertaire comme si vous y étiez, page 34
Ils sont Folk à lier !, page 35
Le mouvement vit, page 36

Transmis par le Secrétariat aux Relations Extérieures de la Fédération
Anarchiste

relations-exterieures@federation-anarchiste.org

c/o 145 rue Amelot 75011 Paris

Le Monde libertaire et les archives du journal :
http://www.federation-anarchiste.org/ml

Ecouter Radio libertaire en direct et consulter la grille des programmes :
http://www.federation-anarchiste.org/rl

La librairie du Monde libertaire (Publico) sera fermée du 15 au 29 Août
inclus.