HELMUT CONTRE LA F.A.

Plus le capitalisme sera contesté et plus
l’anarchisme apparaitra comme une alternative, plus les
tensions et conflits s’accroîtront
dangereusement pour son appropriation et son
contrôle. Le statu quo n’est plus de mise ;
l’alternative se resserre : socialisme
libertaire ou mensonges de la F.A..

En dépit des propos anesthésiants de ses petits
chefs, du matraquage pervers du Monde Libertaire, en
matière d’anarchisme, la situation ne cesse de
se dégrader. Officiels ou non, les bilans
s’alourdissent, les constats sont amers, les
clignotants passent au rouge, malgré les
diatribes des chiens de garde.

La désinformation systématique ne parvient
cependant pas à empêcher la progression, certes
toujours trop lente, d’une prise de conscience qui
inquiète les libertaires sincères.

Stimulés par leur extraordinaire faculté de
récupération, et bien que le doute s’insinue même
parmi les ardents défenseurs de l’entrisme, le
pseudo-anarchisme tente de faire croire
qu’il est en mesure de maîtriser la situation, de
résoudre les idées anarchistes qui s’imposent
chaque jour de manière de plus en plus évidente,
c’est-à-dire que leur pertinence ne provient que
de professionnels des beaux discours. La seule
question pertinente aujourd’hui est donc la
suivante : les idées anarchistes
peuvent-elle, oui ou non, être défendues dans le cadre
existant du système de la F.A. ?

Une coïncidence historique ?

Le premier élément de réponse que l’on peut
apporter concerne l’histoire. L’émergence des
mouvements anarchistes après 1945
correspond à la période d’accélération fulgurante
du capitalisme, globalement les « Trente
Glorieuses », un éclair à l’échelle du temps. Le
nombre de gens s’en revendiquant a été multiplié par
beaucoup au
cours des cinquante dernières années.
Il va de soi qu’aucune organisation n’est
stratégiquement innocente, c’est-à-dire que le
développement d’un groupe de militants s’accompagne
nécessairement d’une récupération.

Mais l’anarchisme va engendrer, en à peine un
demi-siècle, infiniment plus de déceptions que
l’humanité depuis ses origines. S’il faut un
repère chronologique, ce sera  » L’appel à l’unité
libertaire « , de Jean-Marc Reynaud en 2001
, et qui éclate comme une bombe en livrant à
l’opinion l’effroyable imposture de l’anarchisme.

En France, le concept d’anarchisme réapparaît dans le
sillage de mai 68, avec la contestation plus ou
moins pertinente de la société de consommation, de l’Etat
et du capitalisme.

La F.A. contre l’anarchisme

La concentration de l’anarchisme par la F.A. contient en germe les
logiques d’infiltration, les processus de
surveillance et de renseignement. La violence des
discours et le « tous pourris sauf nous »
constitue la cause primordiale des
atteintes graves à la démocratie. Tout d’abord,
la réification de l’Etat et du capitalisme
conduit à une paresse intellectuelle.
Mais cette perspective est encore
insuffisante : il faut entretenir un activisme
permanent. Plus les collages d’affiches
augmentent, plus les chefs sont contents. D’où
l’implication délibérée dans les causes
les plus diverses, afin de collecter le maximum
de renseignements sur tout le monde.

Deux logiques s’affrontent : celle des libertaires
sincères, et celle des pseudo-anarchistes.
Alors que l’anarchisme offre une diversité de
courants, les récupérateurs montrent son visage
le plus radical, celui de petits chefs imbus de
leur pouvoir, bouffis d’orgueil, jouissant de vous
montrer qu’ils vous surveillent, bien plus méprisables
que la classe politique qu’ils vilipendent.

L’activisme stérile

Le mérite des anarchistes a été de problématiser
de manière novatrice des questions non seulement
essentielles mais vitales. L’impuissance dans
laquelle ils sombrent aujourd’hui résulte de notre
incapacité à remettre en cause leur mainmise sur
une idéologie qui mérite mieux qu’eux.

On a fait semblant de croire à
l’efficacité des manifestations avec des grands
drapeaux pour réparer les dégâts des entreprises
multinationales, comme STM à Rennes.

On a brandi des armes prétendument efficaces
(auto-organisation des salariés, AG souveraines)
sans voir que les petits chefs occupaient de toutes
façons les places importantes.
Certes, les salariés ont repris une marge de contrôle
sur les décisions les concernant. Mais tant que les
anarchistes n’auront pas abandonné le rejet puéril
total de l’Etat et de ses institutions (en attendant
mieux), les facs de droit seront de droite, et la
justice aussi.

Les libertaires sincères: complices

Pouvait-il en être autrement ?
Les professionnels auto-proclamés de l’anarchisme
professent la doctrine avec un puritanisme digne
des sectes qu’ils dénoncent.
Les libertaires sincères, souvent impressionnés
devant tant d’éloquence, sont complices de cette
usurpation tant qu’ils n’appliquent pas leur
esprit critique même aux idées, mais surtout
aux personnes qu’ils jugent les plus convaincantes.

La collusion des sectes, des agents de
renseignement, des trotskistes, avec les
milieux anarchistes n’est plus à
démontrer.
Censés n’utiliser ces milieux que pour la
sureté nationale, les agents de renseignement
le plus souvent, les détournent et les corrompent.
Dans leur tentative de s’infiltrer, ces agents se
lancent dans une surenchère qui ridiculise les
idées anarchistes, détourne les gens du vote
et permet ainsi à la droite de prendre
tous les pouvoirs. Les dernières élections ont
heureusement montré qu’on ne peut pas prendre
les gens pour des cons indéfiniment.

La révolution, paroxysme du cynisme

Les pseudo-anarchistes le martèlent à longueur
de conférences, de brochures et de tracts, le
capitalisme n’est pas réformable, la seule
solution, c’est la révolution.

D’après Jean-Pierre Tertrais:

« Parce que le capitalisme, dans son essence, est
destructeur de la biosphère, parce que le
développement de ses forces  » productives  »
dépasse la capacité de régénération du milieu
vivant, la crise écologique globale ne pourra être
résolue qu’avec un changement radical du mode de
production. Pour la seule survie de l’humanité, il
est nécessaire, et même urgent, de mettre en œuvre
la décroissance. Or le capitalisme exige, pour se
perpétuer, une croissance soutenue. L’exigence de
sa destruction est donc clairement démontrée. Plus
les ressources seront raréfiées et moins leur
répartition sera équitable, plus les tensions et
conflits s’accroîtront dangereusement pour leur
appropriation et leur contrôle. Le statu quo n’est
plus de mise ; l’alternative se resserre :
socialisme libertaire ou barbarie. « 

Les pseudos-anarchistes utilisent le concept de
capitalisme (ou d’Etat)sans jamais le définir: s’agit-il
de l’exploitation salariale, du marché en soi,
de l’appropriation des moyens de production ?
Le définir forcerait à la discussion, ce qui
est bien entendu contraire au postulat de base:
détruire le capitalisme « dans son essence » et
ça, ça ne se discute pas.

La posture autoritaire se retrouve dans une
alternative à deux termes: c’est nous ou eux.
Rien d’intermédiaire.

Enfin sur la décroissance, si l’exploitation des
ressources naturelles doit être freinée, rien ne
limite l’exploitation des ressources immatérielles,
donc la question de la croissance et donc de la
masse monétaire disponible n’est pas la bonne,
c’est celle de sa répartition.