Ni rose, ni vert, l’EPR?

La semaine dernière le Conseil régional de Basse-Normandie récemment passé à gauche a voté une motion de soutien à l’implantation des nouveaux réacteurs nucléaires EPR à Flamanville près de la Hague.
La coalition Verts-PRG-PS-PC, nouvelle gôche plurielle a ainsi démontré que l’union de la gôche s’affirmait une fois de plus comme l’union de la soumission!

Petit récit des événements:

Le goupe UMP a été le premier à présenter une motion pro-EPR. Le PS et le PC bas-normands tenus par le lobby pro-nucléaire local et leurs intérêts électoralistes (à Cherbourg tout le monde bosse de près ou de loin dans le nucléaire)ne pouvait rester en reste… mais devait ménager ses partenaires écolos… d’où une motion pro-EPR (en contradiction avec la position nationale du PS) soutenant la diversification énergétique et le développement durable. Les Verts quant à eux présentent une motion anti-EPR.

Jusqu’ici TOUT semble logique. Mais hors de ces positions théoriques, une pratique des plus surprenantes lors des votes… La motion de la droite n’obtient que ses propres voix (Le FN est contre l’EPR en basse-normandie!). Celle des Verts idem (le FN s’abstient…)Celle du PS/PC obtient ses voix, 21, c’est-à-dire moins de la majorité… le FN et l’UMP votent contre… tandis que Verts et PRG ne prennent pas part au vote et permettent ainsi à la motion pour un EPR durable de passer!

Pourquoi cette position des verts? Pour ne pas rompre avec leur partenaire socialiste… pour des raisons purement bureaucratiques de cohésion de la majorité régionale. Dans ces conditions comment peut-on encore qualifier ces élus verts – J. LOWY et D. BOSQUET déjà corompus avec les majorités municipales socialistes d’Hérouville et d’equeurdreville depuis des années, et Y.Soubien pourtant investi dans le combat contre le centre d’enfouissement de déchets radioactifs d’athis de l’orne depuis des années – d’antinucléaires et d’écologistes?

Elle réside ici l’écologie artificielle, rouée aux manigances bureaucratiques et à la défense de ses intérêts immédiats, arnachée et dépendante de sa jambe gauche!
Elle confirme ses reniements passés comme ceux de Voynet alors ministre de l’environnement signant les décrêts d’application de MELOX en 99.

Or, cette prise de position n’est pas sans conséquence. Certes, la décision d’implantation de l’EPR est prise au niveau de l’Etat et non de la région, mais symboliquement cette décision est un appel supplémentaire du pieds de la région la plus nucléarisée d’Europe pour que l’EPR y prospère… et un signe manifeste de ralliement à l’heure où se discute le prolongement et le renouvellemnt du parc nucléaire et de l’ensemble de ses fillières – armement, enfouissement,
retraitement, etc. –

Alors ni rose, ni vert le nucléaire? Ceci ne fait que confirmer plusieurs
intuitions de ceux qui tentent depuis des années de combattre les tenants d’une écologie artificielle attifée de dévelloppement durable. On voit quelle gueule a leur développement durable et ce qu’ils tentent de faire durer: leur pouvoir et leurs places et le capitalisme marchand industriel à son âge technoscientifique… l’instrumentalisation (de la planète et des luttes), la destruction du vivant et l’exploitation.

Ensuite, l’intuition que les mouvements sociaux ne doivent se fier à aucune issue électorale et ne compter que sur leur seule capacité de combat – action directe et démocratie directe comme arme -. L’autonomie pour ne rouler pour personne!

Et la leçon est utile à l’ensemble du mouvement social, alors que les
différents charognards électoraux l’ont amené cette année dans la même impasse électorale (septembre ne fut non seulement pas chaud mais le prémisse de la fuite électoraliste)… et la leçon n’est pas neuve sur le nucléaire puisque pour les plus ancien(ne)s du mouvement ce n’est que la bis repetita de 81… qui amena à la création de l’écologie politique.

L’on ne peut se rejouir de cette nouvelle péripécie qui est un nouveau coup de semonse contre le mouvement antinucléaire. Espérons que l’expérience serve au moins de leçon. Mais l’on peut en douter tant ici comme ailleurs l’on a l’impression de voir l’histoire balbutier. Et c’est sûrement un signe supplémentaire que le choix de l’écologie politique était un choix inepte contre l’écologie sociale.

Pendant ce temps en Cotentin, les radionucléïdes crépitent aux radiamètres et de nouvelles leucémies font lentement leur chemin…

A. Clotz (militant anarchiste et anti-industrialiste caennais)

PS:Je rappelle que le SIA – syndicat anar de Caen duquel je suis adhérent – a publié le texte « La tentation totalisante:remarques sur la nucléarisation du monde en Nord-Cotentin » et qu’il est dispo à SIA – BP 257 14013 CAEN cedex ou s.ia@laposte.net