« Au vent qui sème la tempête, se récolte les jours de Fête ! »

En réponse aux délires parus sur Indymedia et dans le Zad News, de la part des quelques collabos insoumis qui ont monté les scènes de résistance festive le 8 octobre et lors des précédents Festizad :

Ce 8 octobre, nous avons exprimé de manière festive notre rage contre toutes celles et ceux qui décident de nos futurs au plus loin de nous. Contre toutes celles et ceux qui, pour leurs seuls intérêts personnels, sont prêts à foutre en l’air des milliers d’hectares de notre héritage le plus précieux. Le monde de l’aéroport est un monde de guerres, de pauvreté et de misère, d’aliénation des populations et de destruction de l’environnement. Un monde d’ennui, un monde de mort ! Si justement, il y a un mal contre lequel la fête libre est souveraine, c’est bien l’ennui. Dans sa forme mentale, policière, policée, forcée ou consommée. La fête libre et la lutte radicale s’entremêlent en un flot de créativité qui répand les germes de la subversion. La fête libre c’est la vie. Et la vie ce n’est ni cet aéroport, ni ce monde de haines et de divisions, de lois dictées à coup de matraques et de gaz lacrymogène, par des flics ou des milices !

Nous avons fait le choix de ne pas accepter la présence des media au sein de notre espace. Mais nous n’avons pas fait le choix d’imposer aux autres participantes nos idéaux. Ce que la zad a d’extraordinaire, contrairement a beaucoup d’autres luttes que nous avons soutenu ou simplement visité, c’est qu’elle réussit petit à petit à réunir les différentes composantes et les différentes tactiques sans qu’elles se limitent pour autant. Vous savez ce fameux concept de respect de la diversité des tactiques que vous ne prônez que lorsque ça vous arrange… En recréant la division, vous jouez le jeu de l’ennemi. Ca fait mal quand on réalise je suppose ! Lorsqu’une petite partie d’entre nous a vu des gens s’en prendre physiquement à une personne âgée à coup de barre de fer et de gaz lacrymo, ils sont allé réclamer des explications. Gazées à leur tour, ils ont alors voulus vous poursuivre mais nous les en avons empêchés. Soyez certains que si nous avions pris une autre décision vous n’auriez pas été, physiquement, en état d’écrire les conneries qu’on a pu lire. Mais cela n’aurait rien résolu et la haine entre individues n’est pas notre but.

Notre but est la participation immédiate à une abondance passionnelle de la vie, à travers le changement de moments périssables délibérément aménagés. La réussite de ces moments ne peut être que leur effet passager. Nous envisageons l’activité culturelle, du point de vue de la totalité, comme construction expérimentale de la vie quotidienne. Il s’agit de produire nous-mêmes, et non des choses qui nous asservissent. Notre identité est l’autogestion, la mobilisation infinie notre force, la danse et la musique l’expression de notre indéfectible liberté.

Cette liberté dont vous rêvez tant, nous la vivons déjà ! Nous n’avons pas attendu demain pour vivre pleinement et intensément. A chaque situation correspond une zone d’autonomie. Notre grand soir, c’est chaque soir. Quelle intérêt peut bien avoir une révolution sans pouvoir faire la fête ? Bien sur, pas une fête conditionnée, standardisée, tarifée. Un festival n’est pas une zone d’émancipation par nature. Une fête évolue en acte politique dès lors que chacun et chacune en devient actrice, où l’espace réquisitionné devient autogéré, lieu d’échange, de création, de bienveillance. Ce qui est expérimenté ici aujourd’hui sert à concevoir demain au quotidien. Dans une zone d’action festive, nous devenons autonomes, nous ne dépendons que de nous mêmes. La réussite de nos actions n’est le résultat que de notre seul effort commun : « Créer c’est résister, Résister c’est créer ! »

La fête libre, éphémère, brise parfois le cours d’une histoire, d’un projet. Si périssable soit-elle, elle engendre des semences d’idées et de désirs, jusque-là inconnus, et qui, souvent, lui survivent. Les personnes qui parlent de révolution et de lutte sans comprendre ce qu’il y a de subversif dans une manifestation festive, de positif dans le refus des contraintes et des cloisonnements, celles-ci ont dans la bouche un cadavre.

Si votre égocentrisme paranoïaque vous pousse à croire que des gens ici mènent une offensive contre vous, sachez que peu se soucient de détails aussi insignifiants. Que vos allégations concernant la rédaction du Zad News relèvent du plus pur complotisme, c’est un fait plutôt amusant. En revanche, vos justifications nombrilistes publiées par la suite démontrent un égoïsme flagrant et un apparent mépris de la différence. L’ennemi c’est l’autre, celui qui ne vous ressemble pas. Et ça, c’est beaucoup plus inquiétant ! Quant à l’organisation soit disant citoyenniste de cette manifestation, on peut dire bien des critiques justes sur son processus mais en aucun cas que l’idée globale de sa forme et de son contenu n’émanerait pas de quelques cabanes émeutières… Mais laissons leurs illusions à celles et ceux qui pensent tout posséder, tout contrôler. Qu’ils soient rouges et noirs, bleus marines ou tout simplement gris, peu importe au fond la couleur de leur dogme !

Que vous attaquiez la voiture de FR3, qui de plus n’avait pas à être là au vu des accords passés en AG, on ne trouve pas ça vraiment tactique dans cette situation mais ça nous fait plutôt sourire. Que pour faire votre action vous preniez le risque de blesser des camarades avec des méthodes de flics, on trouve ça franchement navrant. La seule réaction que vous risquez d’engendrer en retour c’est un rejet des idées et personnes de la zad. Ainsi, en voulant créer le désordre, ou au moins une critique des media dominants, par une action précipitée et irréfléchie, vous ne faites que renforcer la machine à pacifier. Félicitations !

D’abord nous marchons avec nos bâtons, nous rencontrons, nous discutons, nous construisons puis nous dansons, nous communions. Quand les flics arriveront, ensemble nous nous en serviront ! Ici naît l’acceptation de son utilisation au sein des autres populations. La subversion brise ainsi le processus de pacification. De cette manière, nous résistons à l’avenir probable dans le présent, car nous faisons le pari que ce présent offre encore matière à résistance, qu’il est peuplé de pratiques encore vivantes même si aucune n’a échappé au parasitage généralisé qui les implique toutes. Nous montrons à toutes celles et ceux qui voudraient nous voir rentrer dans le rang ou conformes au dogme, que nos modes de vies autonomes et festifs sont bien plus fertiles que leur vieux monde décrépi plein de projets inutiles ou d’alternatives fascisantes. Ces mondes qui n’ont su répondre à l’expression de nos désirs que par la répression et la calomnie. Nous leur donnons ce spectacle fascinant d’une horde sauvage qui, sans chefs et sans moyens, construit un espace accessible à toutes les classes, à toutes les populations. Nous offrons à la face de ce monde nos solidarités et y semons nos idées. Ces germes nous survivront et finiront d’effriter petit à petit les fondements de ces sociétés réactionnaires…

Ainsi, notre volonté sera fête !

Les Collabos Insoumis