salut,

le weekend dernier a eu lieu un rassemblement à la zad de Notre-Dame-des-Landes. Entre 30 et 40000 personnes se sont retrouvées, signifiant le rejet du projet et la solidarité face à une menace d’expulsion de la zad. Sur place, les gens s’y préparent sérieusement, sans pour autant trop croire à une expulsion prochaine, tant cela s’annonce un bourbier pour les flics et l’Etat, le tout en pleine période électorale.

Voilà de quoi se réjouir dans cette période de résignation. Cette lutte arrive à durer, à multiplier les expériences chouettes, et à défier l’Etat. Pour autant, l’ambiance sur place laisse un sentiment quelque peu amer. 

Le rassemblement se veut festif, et l’espace de lutte qu’est la zad se trouve transformé en grand festival très sympathique et très pacifié. On sent la mainmise sur l’évènementiel de l’ACIPA et de la frange la plus institutionnelle. De la distribution de coeurs aux banderoles et panneaux explicatifs au ton souvent légaliste et consensuel, il y a de quoi s’étonner de l’écart avec les premières années d’occupation. L’ambiance « visible » a bel et bien changé.

Lors des premières visites et rassemblements sur place, ce sont d’abord des tags, des slogans, des banderoles offensifs contre le « vieux monde » qui sautaient aux yeux. On trouvait des cortèges déterminés. Aujourd’hui, c’est comme s’il était accepté de laisser la place à la frange la plus citoyenne, et la plus consensuelle.

En 2012, pourtant, l’organisation du festizad n’allait pas de soi, et avait suscité des débats houleux sur place. Il n’était alors pas question de noyer cet espace de lutte sous les cotillons et les flonflons, et il allait de soi que la frange radicale – qui participe très activement à l’occupation de la zad et à la résistance physique du lieu face aux flics et aux bétonneurs – s’exprime. Il semble qu’on en soit assez loin aujourd’hui. Lors des premiers passages à la Zad, il aurait été inimaginable de voir une grande banderole prônant la « sauvegarde de l’emploi »: elle aurait immédiatement fait office de combustible.

Il y a comme un glissement, du moins pour l’expression publique émanant de la zad. Il y a d’abord eu le souci de ménager les différentes tendances, souvent, et comme d’habitude, par le bas : on prend plutôt les positions « basses » plutôt que de trouver un juste milieu, et on lâche un peu sur quelques points importants. Refus des drapeaux, et des slogans et banderoles se limitant à la défense de la zad et à l’opposition à l’aéroport viennent alors matérialiser un consensus qui porte encore des contenus subversifs. Mais il semble que, comme d’habitude, c’est la frange la plus institutionnelle qui finit par tirer les marrons du feu. On en est alors à une kermesse inoffensive dans laquelle s’effacent tous les contenus les plus déterminés et les plus subversifs. Même les chantiers ne sont plus vraiment participatifs, et les gens venus pour l’occasion du rassemblement sont appelés à regarder en spectateurs et spectatrices les murs se dresser.

Pour autant, bon nombre de gens à la zad ne partagent pas les positions de l’ACIPA et s’organisent de manière conséquente sur d’autres bases au quotidien. Probablement que le fait que ce rassemblement s’organise non pas à Nantes, comme envisagé au départ, mais à la zad, a favorisé le retrait dans l’implication de cet évènement de beaucoup de gens. A Nantes, il aurait été question de porter une position offensive. A la zad, il n’y a rien d’autre à faire qu’un rassemblement festif, agrémenté de quelques chantiers. Reste une inquiétude, et une nécessité de mener des réflexions sérieuses sur les stratégies de composition à la mode.

Cette action (le bris de vitrines d’une voiture de journaleux) évoquée ci-dessous est venue briser le consensus de cette journée. En voici les communiqués :

https://nantes.indymedia.org/articles/35889