L’ISLAMOPHOBIE ET LA JUDEOPHOBIE SONT LES DEUX FACES D’UN MÊME VISAGE

L’instant est grave car nous sommes sur le point de revivre les moments les plus noirs de notre Histoire. Depuis les terribles événements du 11 Septembre 2001, la majorité des médias et des intellectuels « publics », sans oublier certains hommes politiques, n’ont eu de cesse de présenter l’islam et les musulmans comme de formidables menaces pour notre société « moderne » et nos valeurs « occidentales ».

Le matraquage a débuté avec des reportages auxquelles se sont succédées des interviews, des déclarations et des ouvrages divers mais pas très variés. Le mensonge ne faisant que s’ajouter à la mauvaise foi, à la calomnie et à la manipulation. L’islam et les musulmans auraient tous les torts et toutes les tares : des analphabètes ? des délinquants ? des asociaux ? des rétrogrades ? des misogynes purs et durs ? des antisémites ? des sauvages ? des animaux ?

Ces questions sont souvent posées et malheureusement la réponse, d’ailleurs induite dans la question, systématiquement positive ne tarde pas à tomber venant de la bouche « d’experts » et « d’intellectuels » connaissant le problème, car par définition tout ce qui touche à l’islam et aux musulmans est forcément un problème.

Ces personnes « éclairées » et surtout très médiatisées ont commencé par des critiques fondées sur la politique. Il est vrai qu’il n’y a pas de pays musulmans démocratiques, on devrait donc en déduire que démocratie et islam sont parfaitement incompatibles… Mais est-ce réellement aussi simple ? Est-ce vraiment la religion qu’il faut blâmer et non pas plutôt les Hommes ? Après tout combien de crimes ont été perpétrés au nom du Christ ? Est-ce que cela signifie que le christianisme est mauvais ou du moins contient les germes du mal ? Bien sûr que non !

Ensuite les critiques se sont logiquement concentrées sur les extrémistes musulmans, appelés aussi « fondamentalistes » ou « islamistes » mais surtout « terroristes ». Ces derniers sont plutôt bien médiatisés car ils sont à la tête de certains Etats et surtout comme tous les extrémistes, ils savent se faire entendre. Évidemment tout extrême est à condamner. Mais se pourrait-il que les fondamentalistes lorsqu’ils sont musulmans, et uniquement musulmans (?!) soient forcément des terroristes dans l’âme ? Bien sûr que non ! L’extrémisme n’est pas l’apanage d’une culture et encore moins d’une religion. Une fois de plus ce ne sont que les Hommes qui sont en cause. Et si la condamnation doit être ferme, il n’est pas inutile de se poser des questions sur l’origine de tel ou tel extrémisme : l’Histoire nous a en effet montré que la naissance des extrémismes est une résultante politique et économique mais pas seulement culturelle ou religieuse.

Suivant la même logique, ces « experts » expliquent que si extrémisme il y a, c’est que certains passages du Coran non seulement autorisent mais instituent de tels « débordements ». Ainsi faudrait-il évidemment réformer ces versets ! Comme si encore une fois, il fallait décharger l’Homme de sa responsabilité. Or si l’on compare avec les autres religions ou ne serait ce même qu’avec les lois d’un Etat, on ne peut que constater que quoique l’on fasse, il y aura malheureusement toujours des Hommes pour interpréter comme cela les arrange n’importe quel texte aussi bien intentionné soit-il.

L’extraordinaire démonstration de ces « intellectuels » ne pouvait s’arrêter là. Leurs « lectures » et leurs « analyses » du Coran, conjuguées avec « leurs observations minutieuses » tant de la population que de la société musulmane, leur ont permis de découvrir que cette religion comportait des aspects parfaitement incompatibles avec notre société occidentale et nos valeurs judéo-chrétiennes. Rappelons à ce propos que les trois religions monothéistes ont d’après leurs livres saints respectifs exactement les mêmes valeurs qui leurs viennent notamment d’Abraham.

Mais revenons à cette démonstration, l’un des symboles majeurs de cette fameuse analyse n’est autre que « l’affaire du voile ». Formidable découverte que ce « voile » qui existe sous diverses formes (chapeaux, foulards, fichus, etc…) depuis plusieurs siècles, sur tous les continents et notamment dans les pays occidentaux.

Cet objet est donc devenu le révélateur de l’asservissement de la femme dans l’islam. La femme musulmane (ou arabe les experts ne s’encombrant pas de détails) n’est rien si ce n’est une cuisinière et une reproductrice, les « spécialistes de l’islam » sont catégoriques. Bien sûr cette constatation est faite au mépris de ce qui est écrit dans le Coran, qui contrairement à la Bible donne expressément des droits aux femmes et leur donne un rôle important dans la société, sans leur interdire de s’épanouir socialement ou professionnellement.
Rappelons à toutes fins utiles pour les théologiens (et les autres) que dans le Coran ce n’est ni Adam et encore moins Eve qui porte la responsabilité de l’expulsion du Paradis. C’est Iblis (le Diable) qui en porte la faute tout entière. Il n’y a donc pas de faute (ni de péché !) originelle dont la femme porterait le poids. De ce fait elle n’a rien à se faire pardonner.

Plus intéressant, notre société serait le dernier bastion de la protection des femmes et de leurs droits. Protection que nous pouvons d’ailleurs aisément apprécier tous les jours à sa juste valeur par l’intermédiaire des multiples publicités vantant les mérites de tel ou tel produit au moyen d’images pour le moins « valorisantes » de la femme. De même en est-il pour l’égalité devant l’embauche et le niveau des salaires. Et l’on ne citera pas les trop nombreux exemples de femmes chefs d’entreprise, maires, députés, sénatrices, ministres, 1er Ministre, Présidente de l’Assemblée Nationale, du Sénat ou du Conseil Constitutionnel et bien sûr Présidente de la République.

Il est d’ailleurs intéressant de remarquer que la longue histoire des démocraties françaises et britanniques a permis à des femmes de devenir premier ministre pour la première fois en 1979 pour Margaret Thatcher et en 1991 pour Edith Cresson. Benazir Buto est devenue chef du gouvernement au Pakistan en 1988 alors que ce pays est loin d’être un exemple de démocratie.

Mais revenons à nos « experts » et à nos « intellectuels » qui se devaient d’aller au bout de leur démonstration. Pour les y aider et surtout leur accorder une caution morale, il était important que des « personnalités », artistes ou hommes politiques, abondent dans leurs sens. Tout comme il était primordial que des musulmans et des Arabes (qui rappelons le ne sont pas forcément musulmans) interviennent en confirmant les critiques faites à l’islam. Et c’est ainsi qu’il n’est plus possible de parler de musulmans sans toujours mettre en opposition les modérés et les autres, les fameux « fondamentalistes ».

Ces « spécialistes » et ces « experts » de l’islam ont défini pour nous ce que doit être un musulman modéré. Il doit tout bonnement ne pas être pratiquant et donc pas dérangeant. Le musulman modéré ne peut être que laïc. Tout juste peut-il se dire suivre l’islam et ne pas manger de porc, mais s’il en vient à lire le Coran, à prier et à se rendre à la mosquée, alors nous sommes obligatoirement confrontés à un islamiste et donc à un terroriste en puissance.

On ne nous laisse aucun autre choix : après tout, les « spécialistes » se sont prononcés. C’est ainsi qu’un (ou une) musulman (e) se prononçant en faveur du voile est de facto catalogué comme fanatique et donc comme un fondamentaliste. Il n’est évidemment pas concevable pour nos « intellectuels bien pensant » que l’on puisse soutenir le port du voile pour d’autres raisons. Tout comme en son temps, il était impossible à l’église de croire que ce qu’affirmait Galilée puisse être recevable.

Le raisonnement et la démonstration opérés par nos « experts » et « intellectuels » peuvent enfin arriver à leur terme, et ce sans la moindre surprise. Tout avait débuté par une critique de cas particuliers, mais leur étude a permis de constater « l’horrible vérité ». Ce ne sont pas des cas isolés bien au contraire. L’islam serait une religion qui porte en elle une menace pour les autres religions et pour toute société moderne. Là où chez les juifs et les Chrétiens les extrémistes sont minoritaires, chez les musulmans ils sont par nature, « et sans le moindre doute possible », la majorité.

Avec de tels raisonnements, il est devenu des plus naturel de voir publier, avec pour ainsi dire peu ou pas de critique, des ouvrages comme ceux de notre BB nationale ou d’Oriana Fallaci. Tout comme il est devenu commun d’associer les mots « délinquants », « terroristes » et « antisémites » aux mots « musulmans » et « arabes ». Les propos tenus par différentes personnalités comme Claude Imbert nous montrent bien la marge de manœuvre que s’octroient aujourd’hui les islamophobes. Hier, il n’était pas politiquement correct de se voir associer au terme « islamophobe » (raciste et xénophobe), même si les idées soutenues le justifiaient pleinement. Et aujourd’hui ces mêmes individus revendiquent haut et fort leur islamophobie sous l’extraordinaire prétexte de ne pas céder au politiquement correct et de s’exprimer librement.

Nous devons ici ouvrir une petite parenthèse car plusieurs questions nous viennent à l’esprit. Pourquoi tant décrier LePen ? Pourquoi les propos de LePen soulèvent-ils un tel tollé là où les propos d’Oriana Fallaci et de Claude Imbert sont ignorés, voir acceptés, ou timidement critiqués ? Ce ne seraient pas les mots qui compte mais les personnes qui les emploient ? Tout cela manque manifestement de transparence et d’honnêteté intellectuelle.

À moins que l’islamophobie ne soit pas (ou plus) condamnable et punissable au même titre que la judéophobie, appelée également anti-sémitisme ? Ce ne serait donc même plus une forme plus ou moins mineure de racisme et de xénophobie ? Michel Houellebecq et Claude Imbert ne seraient que des martyrs, des pionniers de la liberté d’expression et des briseurs de tabous ?

Évidemment, une religion et une communauté ne sauraient être stigmatisées à l’extrême, sans que cela ne soit fait dans un but inavouable, du moins publiquement. Quelles sont donc les motivations des islamophobes ? Quels sont leurs buts ? Ne généralisons pas comme ils le font de manière fort fâcheuse et simpliste avec les musulmans (et les arabes). Ce sont des gens qui agissent aussi bien en leur nom propre qu’au nom d’une communauté d’individus. Les motivations peuvent être tant politiques que sociales qu’économiques que religieuses. C’est ainsi que la raison se mêle à la passion tout comme la profonde réflexion au réflexe épidermique. En revanche la logique et l’honnêteté ne sont pas toujours présentes.

Soyons juste, tous les intellectuels, tous les journalistes et tous les hommes politique ne participent pas à ce lynchage médiatique. Il y en a une grande majorité qui ne font rien si ce n’est observer et parfois manifester une légère réprobation. Il faut les comprendre, ils ne peuvent pas être de tous les combats. Il y a des causes plus ou moins intéressantes notamment d’un point de vue médiatique. Et défendre l’islam et les droits des musulmans n’est pas une chose forcément aisée ou « intéressante ». Après tout, ce n’est pas une religion comme les autres, elle nous est étrangère à nous occidentaux. Elle appartient aux peuples des états du Tiers Monde.

Il est bien connu des théologiens et des historiens que contrairement à l’islam, les religions juives et chrétiennes sont apparues et se sont développées avant tout dans les pays d’occident. N’est-ce pas dans la Bible que l’on apprend que les prophètes Abraham, Moïse et Jésus (pour ne citer qu’eux) sont nées et ont vécu sur le continent européen…

Dans l’histoire récente de l’humanité, il y a une autre religion qui dû subir toutes sortes d’abus. Elle avait elle aussi tous les torts et toutes les tares. Cette religion n’était pas non plus compatible avec les valeurs de la société laïque ou chrétienne. Les membres de cette communauté supportèrent donc les diffamations, les insultes et les violences tant verbales que physiques avant d’en arriver à la discrimination organisée et aux massacres de masse. Il s’agissait de la religion pratiquée par le peuple juif.

Paul Draszen