Qui nasse qui ?

Il y a un nasseur et des nassés. Le pêcheur pose son filet et un banc de poissons se retrouve piégé. La police utilise cette même technique pour isoler, gazer, matraquer, interpeler les plus récalcitrants des manifestants. Au printemps, avec l’ampleur prise par les manifestations officielles ou « sauvages », les occupations, les blocages, les « devant de cortège » sont devenus de plus en plus massifs et combatifs. Fait unique, la police a même nassé la Bourse du travail de Paris, provocation visant à pousser les syndicats à se démarquer, encore davantage, des « mauvais manifestants ». Désormais, les luttes indépendantes se multiplient, il faut par exemple ajouter aux manifestants contre la loi travail, les 25 000 mobilisés le 9 juillet pour défendre la ZAD de Notre-Dames-des-Landes. Au fil des mois, la frontière entre les « nassés » et « non-nassés » est devenue de plus en plus floue et perméable comme lors de la manifestation parisienne du 23 juin autour du bassin de l’Arsenal à Bastille.
Les « devant de cortège », incluant toutes sortes de luttes indépendantes et radicales sont devenus la seule vraie force politique. Du « tout le monde déteste la police » on est passé à « tout le monde déteste le PS » puis à « tout le monde déteste le monde de la loi travail ». Et c’est ce « tout le monde » que l’Etat et sa police entendent maintenant « nasser ». Sauf que ce mouvement exerce une sorte de « contre-nassage ».
C’est pour cette raison que les possédants et leurs larbins ont la trouille. Le PS dégaine, une fois de plus, le 49-3, il n’ose même pas tenir son université d’été, les « Républicains » n’osent même pas poser une motion de censure, effrayés par le risque de son éventuel succès qui entraînerait la chute du gouvernement, les « frondeurs» du PS chuchotent, quant à Mélenchon, il calomnie les « devant de cortège », en les traitant de « casseurs ». Selon lui ils seraient « au service de nos adversaires ». Et il prétend parler au nom des « insoumis » ! Le glissement vers une dictature ouvertement policière inquiète même les forces démocratiques, exemple : les avocats de Paris déclarent qu’ « Il n’est plus possible de justifier l’état d’urgence ».
Comme dans les années 30 en Allemagne, malheureusement, seule la voix du FN se distingue. Philippot, se déclare contre l’interdiction des manifestations au nom des libertés (sic !), il est contre la loi travail qui engage l’avenir de plusieurs générations et appelle ses adhérents à manifester, s’autoproclamant plus grand parti ouvrier de France, il fustige les grands monopoles tout en exigeant, bien entendu, l’écrasement des « casseurs ». C’est hypocrite, mensonger, faux cul bien sûr, il n’empêche que le FN veut « nasser » les plus pauvres. C’est du « national-socialisme » pur beurre pur sucre. Mais qui ouvre ce boulevard au FN ? Cette classe politique pourrie, corrompue et froussarde.
C’est grave, docteur ? Bien sûr, sauf que la situation est inédite. Les « nasseurs » et les institutions « démocratiques » se décomposent : ce processus de « contre-nassage », tentaculaire, pas organisé, pas contrôlable mais bien vivant les menace. Alors, entre « nasseurs » et « nassés »… ce n’est pas fini.

 

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– Qui nasse qui ?

– Dernière minute

– Répression du mouvement contre la loi travail

– [ S u r l e v i f ]
Coup de pression policier

– [ A g i r ]
Contre la répression…

– [ C h r o n i q u e d e l ‘ a r b i t r a i r e ]
L’Attiéké
Pour la fermeture des CRA, soutien aux réfugiés !
Pour en finir avec la mise à mort de Kamel Bouabdallah et non aux longues peines…
On n’oublie pas !