Les deux dernières journées de manif ont été compliquées à vivre pour nous tou-te-s. Manifestations-manèges en rang deux par deux, multiplication des contrôles (jusqu’à des kilomètres aux alentours),  nasses et centaines de détentions administratives et montrent plus que jamais que le gouvernement s’entend avec la préfecture pour nous rendre impossible les protections et l’accès aux manifs en groupe. S’il est de plus en plus difficile d’entrer dans le périmètre d’une manif avec de quoi se protéger, il devient presque impossible  de s’y rendre avec de quoi être offensives-fs. Le 28, la nasse à la bourse du travail a fait bouillir la marmite, on veut nous empêcher de nous organiser.
On nous impose un cadre que nous méprisons, mais qui nous contient pourtant, collectivement. Un cadre policier, dont nous sommes aujourd’hui trop familier-e-s, composé de barrages, de flics, de grenades, de gaz, de tonfas, de flashballs, et de canons à eau. Un cadre répressif qui sert une politique de la peur. Un cadre qui cloisonne et qui nous empêche de rencontrer le non manifestant au cours de la plupart des manifestations. La rencontre se fait donc a posteriori, visuellement, par les traces de notre passage sur les murs, par les pavés manquant, par les vitrines brisées. Souvent, cette rencontre n’a pas lieu, elle est créée artificiellement par le traitement négatif de nos luttes dans les médias mainstream.
Aujourd’hui, la stratégie du pouvoir est celle de la criminalisation et de l’invisibilisation de nos luttes. Mensonges médiatiques, tentatives d’instrumentalisation de l’opinion publique et désarmement participent à cette tactique de décrédibilisation. Le 5 juillet, il faut que le gouvernement comprenne que nous ne lâchons rien, que leur stratégie de la peur ne fonctionne pas, et celle de la division encore moins. Refusons de nous taire. Refusons de manifester en vase clos, sans bruits et sans éclats. Continuons à détruire et à créer, à inventer de nouvelles perspectives.

Le 5 juillet, apportons trois éléments faciles à dissimuler : des pigments de couleur, des bouteilles d’eau, et de la farine. Avec un bon mélange, votre bouteille se transforme en arme de coloration massive. A partir de 15h36, nous colorerons le monde de la loi El Khomri toutes et tous ensemble, que l’on soit à Paris, Rennes, Nantes, Toulouse, Lyon, Strasbourg, en pleine campagne, au milieu d’une nasse, dans un bus en train d’être emmené-es au commissariat ou dans le cortège d’une manifestation, aspergeons ce que l’on veut de couleur, chacun étant libre de choisir sa/ses cibles.

Nous ne nous diviserons pas, ces multiples jets de couleurs synchronisés permettront de nous unir face au gouvernement et à leurs forces armées, de les aveugler, de leur rendre la tâche plus compliquée, de réaffirmer d’autres moyens d’expression que ceux que l’on veut nous imposer et qui nous brident. Réinventons ensemble les moyens de nous inscrire dans le paysage, dans l’espace urbain. Ces couleurs nous permettront d’être présent-e-s sur chaque façade des institutions, des banques que nous croisons, des murs en général. Reprenons notre liberté de manifester, rendons la vie aux murs trop gris, offrons leur la parole, redonnons leur des couleurs !