Composition de la cour :

Président : Constance Desmorat (j’ai pas noté le nom des assesseurs)

Proc : Aurore Bouguerra

E. était poursuivi pour participation avec arme à un attroupement par personne se dissimulant le visage et violence sur personne dépositaire… sans ITT ( deux baqueux étaient partie civile).

Il était jugé en renvoi de compa et avait été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de se rendre en centre ville et de porter une arme et obligation de « rendre compte de son assiduité dans ses études ».

Comme au cours de la GAV, il nie tous les faits qui lui sont reprochés et conteste la version fantaisiste des flics qui l’ont arrêté, qui affirment l’avoir identifié à 50 m en train de lancer un projectile avec un lance-pierre (le PV indique même la couleur de l’élastique du lance-pierre, qu’ils ont parfaitement vue avec leurs yeux bio-ioniques). Ils prétendent aussi que E. avait le visage masqué tout en précisant qu’ils ont identifié « un individu barbu ». E. reconnaît seulement avoir couru quand il a compris que des baqueux essayaient de l’attraper, ce qui étonne la juge qui n’a pas dû souvent voir des baqueux lui foncer dessus (« mais pourquoi avez-vous fui si vous n’aviez rien fait ?») mais que E. explique de manière très convaincante en expliquant qu’il a eu peur de la violence habituelle de la Bac.

L’attitude de la juge est plutôt moins méprisante que d’habitude, elle laisse répondre E. sans le couper (y compris quand il décrit les violences policières depuis le début du mouvement). Sans doute le fait qu’il soit étudiant, vienne de passer avec succès ses examens de licence et s’exprime avec aisance, n’y est pas pour rien, sans compter que s’il est « actif dans le mouvement », il appartient à « un mouvement politique organisé » (dixit son avocate), pas comme ces « casseurs » décérébrés qui défilent d’habitude dans son tribunal.

Après 20 mn de plaidoirie de l’avocate des flics, qui sait manifestement très bien qu’il n’y a rien de concret dans le dossier et que ses clients vont devoir s’asseoir sur leur argent de poche puisqu’elle baratine en des termes très généraux, décrit le « difficile travail de la Bac » dans les manifs et s’étend sur les « exactions » qui y sont commises, c’est le tour de la proc qui s’emmêle les pinceaux en expliquant que E. s’est rendu coupable de « violences policières » mais qui n’a rien non plus de très étayé à dire sur le dossier.

Elle admet que E. n’avait pas le visage masqué, demande la requalification du délit sans ce chef de poursuite et requiert une amende de 500 €.

L’avocate de E. démontre ensuite que la relation des faits par les flics ne tient pas la route et demande la relaxe.

Après un quart d’heure de délibéré, le Tribunal prononce la relaxe « au bénéfice du doute ».

C’est la quatrième relaxe en 2 semaines, ce qui confirme l’impression que nous avions déjà que les orientations du parquet comme des magistrats se sont modifiées : les réquisitions ne sont plus les mêmes qu’au début du mouvement et les condamnations sont plutôt moins lourdes que quand il s’agissait de frapper fort pour dissuader de participer à la lutte naissante.

Il reste que beaucoup de procès sont encore à venir et que le vent peut tourner.

N’hésitez pas à vous renseigner sur les dates d’audience et à venir nombreu-x-ses en soutien.