Communiqué de presse :
occupation des locaux de l’Office des Migrations

Internationales à lyon

Ce lundi 14 juin 2004 apres-midi, une vingtaine de personnes, en colère et déterminées, ont investi pendant deux heures les locaux de l’Office des Migrations Internationales à Lyon (7 rue quivogne,

lyon-perrache 2e, tel. 04 72 77 15 40).

Cette occupation a pour objet de dénoncer la responsabilité de l’OMI, Office des Migrations Internationales, organisme sous tutelle du ministère de l’Emploi, du travail et de la cohésion sociale, via la Direction de la Population et des Migrations (DPM), dans la mise en place et l’application des politiques migratoires

en france (en harmonisation avec les politiques européennes).

L’efficacité de ces politiques repose sur l’articulation de deux mécanismes de gestion des personnes migrantes :

Un mécanisme répressif : l’OMI est par exemple en charge des programmes « d’incitation au retour volontaire » (sic) vers l’Afghanistan, l’Irak, certains pays d’Afrique subsaharienne ou du Maghreb, etc. : en guise d’incitation, c’est bien souvent de pressions qu’il s’agit, sur des migrants précarisés et facilement intimidables, d’autant plus vu le peu d’informations sur leurs droits – cf. par exemple une plaquette distribuée à Sangatte par l’OMI, où était juste expliqué que la situation « irrégulière » des exilés « n’est et ne peut être que temporaire et précaire », que la France et l’Angleterre « n’étaient pas les pays des droits de

l’homme attendus », et qu’il valait mieux que les migrant-e-s rentrent « chez eux », le tout sans même évoquer les droits à la demande d’asile. Une fois l’accord obtenu, l’OMI propose alors quelques dizaines d’euros, un aller simple en avion et la garantie à l’arrivée d’une prise en charge et d’un suivi par de ses partenaires
locaux, il a été démontré régulièrement que, bien entendu, il en était rarement
ainsi – on se souvient des Rroms de Roumanie évacués de bidonvilles parisiens en
2002, puis « retournés volontairement » grâce aux bons offices de l’OMI, à qui les
autorités saisissaient le passeport à l’arrivée, voir l’accablant rapport publié par
Médecins du Monde et la Fédération Internationale des Droits de l’Homme à ce sujet,
en septembre 2003.
L’OMI est également de plus en plus présent dans les centres de rétention
administrative (CRA), ces lieux d’enfermement qui constituent un rouage essentiel du
dispositif d’expulsion des étrangers indésirables – pour l’instant pour distribuer
des cigarettes aux personnes retenues (on dit souvent du permanent de l’OMI dans les
CRA qu’il est le seul à ne pas être débordé de travail, contrairement aux permanents
de la CIMADE, au personnel de soins, ou même des forces de sécurité encadrées par la
PAF : l’augmentation récente du temps de rétention de 12 à 32 jours, des capacités
« d’accueil » des CRA, bref la propagande sarkozienne en matière d’expulsions
suffisant à saturer les CRA, et à dynamiser la tension à l’intérieur).
Un mécanisme de « tri sélectif » des personnes étrangères sur le territoire français,
en fonction des besoins économiques du moment avec les fameux « contrats OMI », par
exemple, pour les travailleurs saisonniers (environ 4500 en 2001) dans le Sud-Est.
Ceux-ci ne bénéficient d’aucun des droits auxquels ont accés la majorité des
salariés (chômage, heures supplémentaires, couverture sociale, retraite, logement,
etc.) et ne pouvent obtenir ni RMI, ni prime de précarité, ni carte de séjour, ni
regroupement familial… Rien à envier aux travailleurs marocains de la région
tristement célèbre d’El Ejido… Des mouvements de ces ouvriers agricoles, suivis
par certains syndicats et groupes de défense des droits humains, ont réussi à faire
un peu de lumière, récemment, sur ces pratiques (voir le mémorandum du CODETRAS,
Collectif de défense des travailleurs étrangers dans l’agriculture, publié en 2002
et disponible sur internet : http://www.espace.asso.fr/doc/doc_them_1.htm), qui
perdurent au moins depuis les années 50 et 60 lorsque l’OMI se chargeait d’importer
des travailleurs du Maghreb ou de Yougoslavie dans les secteurs où un manque de bras
se faisait cruellement (pour les entrepreneurs) ressentir : BTP, agriculture, etc.
Cette pratique de gestion est rendue possible par l’implantation de l’OMI dans un
certain nombre de pays : Maroc, Tunisie, Pologne, Turquie, Roumanie, Mali, etc.
La mise en place récente (courant 2004 l’ensemble des départements sera couvert par
ce dispositif) des « contrats d’accueil et d’intégration », dont l’OMI a la charge,
sera aussi l’occasion pour l’Etat français d’opérer une sélection entre les « bons »
et les « mauvais » étrangers sur des critères, encore et toujours, d' »intégration
républicaine », dont on sait les prémices idéologiques d’écrabouillement d’individus
de nombreux groupes sociaux, sommés de se mettre dans le rang citoyen. Ah, ce
contrat réaffirme entre autres « le respect des droits fondamentaux », par exemple, la
« liberté de circulation » – si-si, ils ont osé… Bien entendu, dans les articles de
ce contrat, nulle trace d’une quelconque réciprocité entre les deux parties,
c’est-à-dire l’Etat français et la personne étrangère sommée de s’intégrer : il
s’agit uniquement d’imposer à celle-ci un certain nombre de devoirs. Par le suivi
(par l’OMI) des formations (civiques et linguistiques) imposées, c’est d’un tour de
vis supplémentaire dans les dispositifs de contrôle social qu’il s’agit.
Par ailleurs, l’OMI fait payer aux personnes étrangères une taxe de 200 euros
environ à l’occasion de la délivrance du premier titre de séjour (article 133 de la
loi de finances pour 2003 (n° 2002-1575 du 30 décembre 2002) : il n’y a pas de petits profits…

Pour récapituler : nous demandons le démantèlement des agences de gestion et de contrôle des étrangers comme l’OMI ; la régularisation de tous les sans-papiers avec des cartes de 127 ans minimum, ou encore mieux, plus de papiers du tout pour personne ; comme seule politique migratoire : la liberté de circulation et d’installation, bref, ce qui serait le plus simple pour tout le monde, l’abolition de toutes les frontières.

collectif lOMInestpasnotreami, section lyon-sud-est