C’est avec enthousiasme que nous avons reçu l’appel à une journée de grève des cheminots. D’abord repoussée aux calendes grecques (le 3 mai, le 11 mai…), l’entrée de la CGT cheminots en grève, suivie par l’UNSA et la CFDT est une bonne nouvelle.

Pourquoi cet enthousiasme? Parce que nous sommes des travailleurs précaires, isolés dans le monde du travail, comme c’est le lot de pas mal de travailleurs de la SNCF: SOCORAIL, services de nettoyage, objets trouvés et autres secteurs en sous-traitance. Pour eux comme pour nous, la grève, c’est bien plus qu’un enjeu syndical, c’est tout ou rien. Pour nous, se mettre en grève, ce n’est pas que perdre de l’argent, c’est aussi risquer le licenciement, c’est repartir de zéro si on perd. Et pourtant cette perspective nous fait de moins en moins peur.

C’est que nous, prolétaires qui n’avons pas de pays, nous commençons à tirer des leçons de la crise. Tout le monde va passer au moulinet de l’austérité: Espagne, Grèce, Irlande, Italie, Portugal, Grande-Bretagne…la défaite partout, les salaires au rabais, le salaire indirect ( sécu, chômage, retraites…) sabordé, peu importe le parti au pouvoir, quand bien même il s’agit de la gauche ou la “vraie” gauche (Syriza).
Nous voyons la défaite de tous ces mouvements comme l’échec à mettre de l’enjeu, à mettre tout en jeu. A dépasser le blabla, les concertations et les indignations des “Nuits Debout” et du mouvement “Indignado” espagnol.

Aussi nous sommes ici pour vous manifester notre soutien, pour la lutte à venir. Ce soutien est humain, matériel, il peut être parfois financier même si nous sommes largement dans le rouge. Il est surtout évident pour nous que la meilleure aide que nous puissions apporter à votre mouvement, sera de nous mettre en grève nous aussi.
Et pour cela il faut bouger les lignes.

Les cheminots le savent: ce n’est pas de la direction que tomberont les appels à la grève reconductible. Ce 26 avril est une petite victoire sur le calendrier de l’enterrement de la lutte. Mais il faut agir au plus vite. Ne pas se laisser faire par les logiques corpos si fortes, quand on a pas d’Assemblée de site avec tous les travailleurs de la gare, comme à Marseille. SUD Rail propose des assemblées dès demain pour organiser la reconductible. C’est bien le type d’initiative qu’il nous faut.

Alors, oui, tou-te-s en grève le 26. Mais tou-te-s en grève le 28 aussi. Un préavis a été posé par les syndicats.

Nous savons aussi que beaucoup pensent que la lutte des cheminots contre le décret socle risque d’être minorée par un large mouvement. A ceux là nous répondons qu’au contraire, l’élargissement de la grève est la condition sine qua non de la victoire.
D’abord parce que ce serait se mentir de penser que le RH0077 1) protège tous les travailleurs de la SNCF. A quoi sert de défendre un statut, si ce statut n’est plus la règle? Combien de vos collègues sont recrutés après l’âge de 30 ans pour être placé hors statut? Combien de boîtes de sous-traitance, combien de CDD bloqués par des concours ? Combien de dérèglementations?

Ensuite parce que la loi travail s’appliquera quoi qu’il arrive. Précariser les statuts de base ne se fera pas sans tirer les autres statuts vers le bas. Enfin et surtout, parce que personne ne sortira indemne de la crise. La loi Travail n’est pas qu’une loi scélérate: elle est aussi une loi prévisible, logique, et qui en attend d’autres.

Ce mouvement aura lieu, peu importe son point de départ. Pour nous qui voulons bloquer l’économie, pour nous qui avons vécu les échecs des blocages partiels de 2010 et les renoncements syndicaux, il n’y a pas d’alternative: il faut bloquer les gares, pas un wagon ne doit passer. Ce sera avec vous, ce sera avec nous.

Passons à l’offensive.
En avant vers la générale.

 

 

 

 

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http://www.19h17.info/2016/04/25/aux-travailleurs-et-aux-travailleuses-du-rail/

 

ASSEMBLEE 13 EN LUTTE CONTRE LA LOI TRAVAIL
13ENLUTTE.FR / GROUPE FACEBOOK “13 EN LUTTE”