Monsieur le Président,

Vous avez déclaré, le 1er avril 2004, à la télévision : « J’ai demandé au
gouvernement de suspendre la mise en oeuvre de la mesure relative à l’ASS ».

Cette ASS (allocation spécifique de solidarité) versée, sous conditions, à
des chômeurs et chômeuses en fin de droit (la majorité sont des ouvrier-e-s
de plus de 45 ans victimes de licenciements économiques) est un différentiel
d’un montant mensuel maximum de 410 euros.

Un décret du 30 décembre 2003 restreint dramatiquement le nombre
d’allocataires :
– limitation du versement de l’ASS à 2 ans (3 ans pour les allocataires en
cours d’indemnisation au 1er janvier 2004) ;
– abaissement du plafond de ressources ;
– suppression de la majoration de 40 % accordée sous conditions à certains
chômeurs âgés.

Votre annonce de la suspension de ce décret avait suscité beaucoup d’espoir
chez les quelques 420 000 personnes concernées.

Or le décret est bel et bien appliqué : le plafond a été abaissé depuis le
1er janvier jetant dans le désespoir des centaines de personnes (un grand
nombre, par exemple, auxquelles il manquait peu de trimestres pour prétendre
à l’allocation équivalent retraite se trouvent condamnées au RMI, voire à
aucune ressource propre jusqu’à 65 ans). De même, la majoration n’est plus
attribuée depuis le 1er janvier. Et il y a tout lieu de croire que la
suppression de l’ASS pour les allocataires depuis 3 ans, applicable à partir
du 1er juillet prochain, sera effectivement appliquée.

Alors, de deux choses l’une, Monsieur le Président :
– Soit votre gouvernement se fiche ouvertement de vos ordres.
– Soit nous n’avons pas prêté attention à votre sens de l’humour (noir) :
Votre déclaration fut prononcée le 1er avril !

Car, bien entendu, nous ne croyons pas une seconde que vous puissiez être
l’auteur d’une promesse électorale que vous ne comptiez absolument pas
mettre en oeuvre

Monsieur le Président, nous demandons l’annulation immédiate du décret de
décembre 2003 sur l’ASS.
En attendant une refonte générale du régime de chômage qui assure à chacun
et chacune un revenu décent conforme à la Constitution.

AC !
le 2 juin 2004