Amaia Rekarte, Harritza Gallaraga et Yves Maxikotte, les trois jeunes basques du Nord menacés d’être livrés à l’Espagne, dans le cadre du mandat d’arrêt européen, pour délit de militantisme politique, passaient devant la Cour d’appel de Pau mardi 25 Mai, Une centaine de personnes étaient venues les soutenir. La décision de la Cour sera rendue mardi 1er juin. Une manifestation nationale aura lieu samedi à Baiona appelée par de nombreuses organisations.

Le juge a d’abord demandé aux trois s’ils acceptaient leur livraison à Madrid, ce qu’ils ont évidemment refusés. Les trois lapurtar ont réaffirmé leur engagement et leur militantisme politique public dans l’organisation de jeunesse Segi et dénoncé la persécution et la criminalisation politique dont ils sont victimes.
Le président du Tribunal, Henri Suquet, s’est livré, vu que c’est la première fois que s’applique le mandat d’arrêt européen, à une explication de texte du mandat. Au passage, il noté que « nous avons l’obligation » de refuser une demande si une personne est persécutée en raison de ses opinions politiques, sa race, son sexe, sa langue ou sa nationalité (ce qui est une base de l’article 19 de la Charte des Droits fondamentaux de l’Union Européenne)…
Pour le Président de la Cour, Henri Suquet, « nous allons vers une justice européenne comme nous l’avons fait pour la monnaie ».
L’avocate générale de la chambre d’instruction, Chantal Firmingier-Michel, a demandé l’application du mandat d’arrêt européen, « l’Espagne leur reprochant diverses infractions de terrorisme » Elle a souligné qu’il s’agissait « d’une obligation pour les autorités françaises ».
« D’autres vont suivre »
La procureure a tenu à faire savoir que « pour la première fois de sa vie », elle avait remis en liberté des personnes en attente de leur procès, et que cela était un test, en affirmant qu’il y aurait d’autres procédures qui suivraient et que si les trois ne se présentaient pas, les prochaines personnes sous le coup d’un mandat d’arrêt européen seraient incarcérés.
La défense
La défense a demandé le rejet de la demande espagnole sur la base d’au moins deux points : le caractère politique des activités visées par le juge Garzon et l’accusation de Garzon selon laquelle des faits incriminés auraient été commis sur le territoire français.
Me Maritxu Basurco, pour la défense des trois jeunes, a demandé à la Cour de ne pas appliquer le mandat, « la justice espagnole ne leur reprochant aucun délit concret, autre qu’être porte-parole du mouvement Segi ». L’accusation espagnole, en effet, ne précise pas les actes reprochés, ni leur degré de participation, ni leurs dates contrairement à ce que demande la loi, et évoque juste la participation à des manifestations à Donosti ou à Baiona.
Sa collègue Me Yolinda Molina a demandé au tribunal de rejeter la demande au motif « qu’être porte parole d’un mouvement politique c’est défendre des idées politiques ».
La défense a solennellement averti le Tribunal que dans l’Etat espagnol « se pratique toujours la torture ».
Le Tribunal a précisé que le délai entre l’arrestation et la remise à la justice espagnole est de trois mois, recours inclus. La décision de la Cour d’Appel peut être contestée devant la Cour de Cassation.
Pour Askatasuna « la défense a prouvé à la justice française qu’il existait des possibilités pour que le mandat ne soit pas appliqué, mais, par l’attitude du procureur, le gouvernement français montre clairement qu’il est prêt à assumer ces remises à Madrid pour des délits uniquement politiques … les autorités françaises, en accédant à de telles mesures, participent à la persécution contre les mouvements politiques basques, menée tout au long de ces dernières années ». L’association appelle à venir nombreux et nombreuses à la grande manifestation nationale de samedi « l’arrêt de cette injustice est entre nos mains ».
A Uztaritze, les trois en appellent à la société basque
Les soutiens continuent d’affluer autour des trois jeunes, tant au niveau national, qu’hexagonal.
Samedi 22 mai, une conférence de presse a réuni une centaine de personnes à Miarritze, venues de divers mouvements, syndictats, associations, partis, gaztetxe, Un jeûne de soutien a eu lieu tout le week-end à Senpere et Uztaritze.
Les trois jeunes lapurtar se sont « enfermés » toute la semaine à Uztaritze. Ils invitent la population, ses organisations à venir les rencontrer. Mercredi, ils rencontreront les mouvements de jeunes. Jeudi et vendredi, les associations, syndicats et partis qui le désirent.
Manifestation nationale à Baiona et a bilbosamedi 29 Mai
Le Manifeste du 29 Mai continue à recevoir de nombreuses signatures d’élus, de personnalités, d’associations, de gaztexte, de groupes de rock, de mouvements, syndicats, partis. Askatasuna rendra publique la liste complète en fin de semaine. D’ores et déjà, des dizaines d’organisations, d’associations appellent à cettet manif. La manifestation partira à 17 h de la Place des Basques à Baiona.