Depuis plusieurs semaines les étudiants de Paris I – Tolbiac sont en grève. Les examens annulés et reportés l’ont toujours été suite au vote des étudiants présents lors des partiels. L’administration, sous la présidence de M. KAPLAN, a donc décidé devant l’ampleur du mouvement de suspendre les examens la semaine dernière et a accordé deux journée portes ouvertes entre le lundi 2 et le mardi 3 juin pour permettre le débat. C’est en tout cas ce qui avait été promis par la présidence dans une lettre adressée à l’ensemble des étudiants du Centre Pierre Mendès France (14.000 étudiants).

Pourtant aujourd’hui, à 13h40, ce sont quatre cars de gendarmes mobiles qui ont pris place devant l’université rue de Tolbiac, harnachés de la tête au pied (matraques, boucliers, gaz lacrymogènes, jambières…). Qui a autorisé les forces de l’ordre à intervenir et à fermer l’université ? Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur, Luc Ferry, ministre de l’EN, la préfecture de police de Paris, le rectorat, la présidence de Paris I ? Mystère. Toujours est-il qu’à 15h plus d’une centaine de CRS, en remplacement des gendarmes mobiles mais plus équipés (casques en supplément), investissaient au pas de charge la faculté et délogeaient ceux qui avaient choisi de rester tranquillement dans les amphis. Les personnes situées à l’extérieur, qui manifestaient pacifiquement leur incompréhension et leur désaccord, ont été très énergiquement repoussés par les CRS.

Néanmoins, après quelques hésitations, les étudiants ont occupé durant près d’un quart d’heure la rue de Tolbiac au son notamment de « Raffarin on t’emmerde c’est la rue qui gouverne ! ». Disproportion des forces en présence, selon les termes même du policier en civil qui coordonnait l’intervention, illégitimité d’une telle méthode qui fait des facultés un endroit où il ne fait ni bon vivre ni bon étudier ( ! ! !), brutalité de l’intervention face à une contestation toujours pacifique, et double jeu de l’administration et du gouvernement qui cherche à mater la révolte étudiante.

Il reste en effet 27 jours jusqu’à la fin du mois. Beaucoup de choses peuvent changer d’ici là. Ce que souhaite le pouvoir c’est bien sûr une normalisation du conflit. L’extension de ce dernier au monde étudiant risquerait donc de mettre le feu aux poudres. C’est dans ce contexte, qu’une AG interfac et interprofessionnelle était prévue ce soir à Tolbiac. Le gouvernement a donc cherché à couper l’herbe sous le pied à ce qu’il considère certainement comme le plus grand danger des mois et des années à venir : la jeunesse. Reste à savoir si celle-ci acceptera une nouvelle fois d’être domestiquée.