Tzvetan Todorov (…) propose de définir l’exotisme comme un relativisme, par opposition à l’universalisme. L’exotisme, écrit-il, est un mode de relation à l’autre dont le postulat est que l’autre est essentiellement différent de soi – à cet égard, exotisme et racisme procèdent de logiques similaires. Au contraire du racisme, l’exotisme attribue toutefois à la différence une valeur positive : il établit une comparaison entre Nous et les Autres au sein de laquelle les seconds sont jugés meilleurs que les premiers en raison même de leur différence. En ce sens, l’exotisme valorise non un contenu stable, mais un pays ou une culture définis exclusivement par le rapport que l’observateur entretient avec eux. Notons que l’observation de cette différence ne résulte pas d’une démarche analytique mais empirique : l’exotisme valorise ce qui est étranger, étrange ou inconnu et, partant, suppose que l’autre ne soit pas connu intimement sous peine que s’estompe son pouvoir d’attraction. L’exotisme est, dans une large mesure, une attitude paradoxale ; il est un éloge de l’autre, mais un « éloge dans la méconnaissance ».

Dès lors, il s’agit moins d’une valorisation de l’autre que d’une critique de soi, moins de la description du réel que de la formulation d’un idéal. Discours sur l’autre, l’exotisme est avant tout un discours sur soi et nous renseigne moins sur le spectacle que sur les spectateurs. (…)

<> lirlasouitt http://www.cairn.info/revue-hypotheses-2008-1-page-15.htm <!!<>>?