Cette commémoration folklorique de vieillards, de cathos intégristes et de fachos ne constitue pas de véritable intérêt politique en soi. En revanche, les petits bourgeois de l’Action Française ont multiplié les attaques contre les associations antiracistes ces dernières semaine, allant jusqu’à tagger en toute impunité la façade d’organisations caritatives aidant les démunis.

Dans un contexte de racisme de plus en plus décomplexé, il était donc important de leur rappeler que la rue n’est pas à l’extrême droite.

Première surprise de la soirée : le faible nombre de manifestants antifascistes présents. Peut-être était-ce du au froid mordant et à l’annonce tardive de cette mobilisation. Toujours est-il qu’un petit cortège d’une trentaine de personne s’élance dans la nuit vers la statue Louis XVI ou se tient le rassemblement d’extrême droite.

Sur le Cours Saint Pierre, une ligne de policiers en armures se déploient, et font face aux antifascistes pour protéger le rassemblement royaliste. Quelques secondes plus tard, une trentaine de militants d’extrême droite, pour la plupart casqués, et armés (gazeuses, matraques) débarque en hurlant.

Deuxième surprise, les policiers, qui faisaient face aux antifascistes, s’écartent pour laisser passer la bande de nervis aller au contact du cortège antifa. « On laisse passer », avait dit un policier à son collègue. C’est une première, car en règle générale, la police maintien toujours un cordon étanche quand l’extrême droite est en position de faiblesse. Ce soir, il y avait visiblement la consigne de laisser faire.

Quelques coups sont échangés. Passé un moment d’étonnement, une bagarre éclate entre le petit groupe d’extrême droite, exclusivement masculin, outillé et préparé à l’affrontement, et le groupe antifasciste qui tient la ligne et rend les coups.

Les flics finissent par gazer tout le monde. Un tir de Flash-Ball est entendu. Il n’y a pas de blessé à signaler.

Il n’y aura ni « vainqueur » ni « vaincu » à l’issue de cette confrontation qui aura duré moins d’une minute, mais pas de quoi pavoiser. Ni d’un bord, ni de l’autre. Manifestement, les petits royalistes fragiles sont désormais épaulés par des supporters bien plus violents et aguerris.
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Sitôt l’altercation terminée, les policiers en armures chargent les antifascistes en hurlant des insultes sur toute la longueur du Cours. Les royalistes, eux, ne seront pas poursuivis. Des effectifs de policiers arrivent en renfort, et suivent les manifestants jusque dans un bar. Il chargent à nouveau, et encerclent l’établissement. Des robocops armés entrent comme des furies dans le bar, sous le regard ébahis des clients. Par temps d’état d’urgence, la police a tous les droits. Des fouilles et des contrôles sont fait à l’intérieur et devant le bar. Une arrestation violente est alors signalée.

Les policiers, pour certains cagoulés, menacent ceux qui prennent des images. D’autres rient ouvertement de la situation.

S’il faut retenir deux choses de cette soirée, c’est d’abord que la police se range comme toujours du côté de l’extrême droite. Elle a laissé un groupe de 30 royalistes et d’ultras casqués et outillés passer à l’attaque, puis poursuivi les antifascistes.

Ensuite, il est clair que la donne a changé. D’un côté, l’extrême droite nantaise cherche la confrontation, de l’autre, les contre-manifestants sont beaucoup moins nombreux qu’aux manifs habituelles. Le contexte actuel très porté sur la lutte anti-aéroport a également du jouer.

Rien d’alarmant donc, mais il faut voir cette soirée comme un avertissement. Il est temps de se remobiliser.

Nantes est et restera antifa !