Ma vie est habitée par la peur. La peur de ne pas être capable de travailler. La peur de ne pas être capable d’être en couple. La peur de ne pas être capable d’être heureuse dans cette société française. Je ne supporte pas d’obéir à un vieux chef, ni l’idée d’aller tous les jours au même endroit … pour y voir les mêmes gens. Je ne supporte pas l’idée qu’une autre personne que moi décide de ce que je fais de mon corps et de mes sentiments. Ce qui veut dire que je ne comprends absolument pas le concept de fidélité et que je n’en vois pas l’intérêt. Je n’imagine pas habiter avec la même et unique personne jusqu’à la fin de mes jours. Et enfin, je ne sais plus comment être heureuse dans une société où les idées d’égalité et de répartition des richesses n’existent plus … ou pas. Le gouvernement brade les aides encore jetées aux plus pauvres, tout en se retournant contre eux. J’en fais plus ou moins partie. Je vis du RSA, 410€, et je vis plutôt bien. Si ce n’est la peur. La peur de l’avenir. Si ce n’est ces personnes qui donnent des leçons alors qu’elles n’ont jamais été au chômage de leur vie et parle de responsabilité ou de travail sous-payé.

Il y a un « vous » et un « nous » qui se créent. Un « vous » en CDI d’un certain age et un « nous » au chômage d’un plus jeune age. Il y a un « vous » et un « nous » qui ne regardons pas la police de la même manière. Un « vous » qui l’envoyez nous tabasser lorsqu’un « nous » ouvre une maison abandonnée, un squat, pour y vivre. Un « vous » qui, peut être, pensez que les milliers de personnes qui se sont battues et se battent encore à la zad ne sont que des fainéants ! Et qui êtes heureux lorsque l’armée française vient nous gazer, nous mutiler lorsque nous nous accrochions à un espoir de démocratie. Ce même espoir qu’ont les femmes et les hommes fuyant les dictatures, dont certaines alimentées directement par le gouvernement, du fameux « Liberté Égalité Fraternité ». « Nous », nous n’y croyons plus. Je vous en veux même de nous y avoir fait croire à l’école ! Et puis il y a le « vous » de l’état d’urgence, qui nous braque des fusils à pompe sur la tempe parce qu’on manifeste pour l’écologie…

Mais qu’est ce que vous faites ??

Nous, femmes, jeunes, chômeuses, pauvres, nous avons peur. Mais nous ne nous laisserons pas faire.

Louise

http://www.rennes-info.org/Il-y-a-un-nous-et-un-vous