merci de ta réponse,j’ai un parcours politique classique: adhésion au PC à 20 ans, militante à la CGT aussi, pendant plus de 15 ans, jusqu’à ce que je prenne conscience que le PC n’était pas un parti révolutionnaire, et qu’à la CGT, on nous a manipulés dès l’arrivée des socialistes au pouvoir ! Ensuite, je suis restée quelques années sans structure politique, et puis je me suis intéressée à ce que disaient les TK sur ma boite (la Sécu), j’ai adhéré au PT en 94, et très vite au CCI. Au début, je me suis sentie à l’aise, et puis la lecture d’IO m’a très vite paru une corvée, du rabâchage incompréhensif pour les gens « normaux », d’ailleurs, les gens normaux ne venaient pas à nos AG, on se retrouvait entre TK, et on discutait des mêmes
choses, que ce soit dans les structures PT et les réunions du courant ! Que dire de la méthode des TK: « objectifs-résultats »… cela aussi c’était pesant, si tu ne remplis pas tes objectifs, tu dois t’expliquer! Sans parler de l’intolérance, du sectarisme, de la façon de « juger » les autres en partant du principe que c’étaient, eux, les vrais fidèles à la IV°
Internationale. Et puis ces discussions « théoriques » à partir des textes de 1917, rapportés à notre époque, m’a pesé aussi ! Et l’obligation de m’expliquer si je ne participais pas à une instance ou à une manif parce que j’avais autre chose, ma vie par exemple à mener, de plus
important ce jour la ! Le monde évolue, le monde du travail aussi, les capitalistes ont su
anticiper et organiser l’évolution, le prolétariat non, mais ça, impossible de leur expliquer un point de vue qui n’est pas le leur. Dans mes activités syndicales j’étais muselée, mes projets de tracts, qui ne ressemblaient pas à des leçons apprises par cœur étaient systématiquement jetés à la poubelle au profit de romans fleuves, à lire avec une loupe (mais
là on me disait que c’étaient mes lunettes qui n’étaient pas adaptées si je soulevais des objections) que les collègues ne lisaient pas ! pour des soi-disant champions de la démocratie, dans ma petite fraction, c’étaient des spécialistes de la langue de bois, ils parlaient mais n’écoutaient jamais ce que les autres disaient, ou retenaient le contraire
de leurs propos, les instances n’étaient pas réunies avant les réunions régionales, et le camarade qui y allait n’était porteur d’aucune décision prise en commun… de 12, les effectifs ont diminué petit à petit, et maintenant ils ne sont plus que 2, et FO n’est plus majoritaire lors des élections professionnelles ! Au niveau syndical, je ne t’explique pas le nombre de décisions prises en AG, qui étaient remises en cause par le bureau ou le secrétariat!
J’ai donc quitté, ou essayé de quitter le PT dès la fin de l’année dernière,
mais pas le syndicat au sein du quel je pensais avoir encore ma place, eh bien non, j’ai été très vite considérée comme une dissidente, et j’ai été convoquée, pratiquement harcelée par divers responsables qui me sommaient de m’expliquer sur ma démission! Quand je leur parlais de mes choix, ils me répondaient que c’était comme si on demandait à un enfant de choisir entre son père et sa mère ! Et puis, aussi, j’oubliais, je suis poète comme tu as dû t’en apercevoir, eh bien c’était une tare, du temps perdu, pour eux j’avais autre chose à faire
que regarder le ciel, les nuages, d’écouter les oiseaux, et de vouloir
écrire!!!!!
Et ma vie privée, je ne t’en parle pas, était vivement critiquée ! La leçon que j’en tire, c’est que ce sont tous des fanatiques, bien qu’ils s’en défendent, qui envisagent très sereinement le passage à la lutte armée, utopie ! Et que j’ai eu autant de mal à en sortir, comme s’il s’agissait d’une secte ! ce n’est que depuis que j’ai démissionné de mes responsabilités
syndicales que j’ai la paix! Il y a certainement des militants de base sincères, mais avec leurs méthodes d’endoctrinement, cela ne dure pas longtemps. Il y a d’anciens communistes
aussi, comme moi, je me demande jusqu’à quand ?
Quant à Pierre Lambert, j’ai toujours eu beaucoup de mal à comprendre ce qu’il disait!
Maintenant, je suis isolée, politiquement et syndicalement, mais cela ne m’empêche pas de continuer à réfléchir, et je me demande si je ne vais pas me tourner vers un mouvement anarchiste…
Car la vie militante fait partie intégrante de ma vie, il m’est très difficile de m’imaginer sans engagement politique ! Je suis désabusée de toutes les structures existantes, et je n’envisage la révolution qu’à l’échelle mondiale aujourd’hui ! a quoi servirait un nouveau
68 à part déboucher sur une nouvelle intégration des forces révolutionnaires
aux idées réformistes?

Tiens moi au courant de tes projets de brochure, et je n’ai pas tout compris
lorsque tu dis que tu essaies de construire autre chose dans ta région ?
Amicalement

Eve