Depuis maintenant plusieurs mois, nous publions une suite d’entretiens sur les luttes de Notre Dame des Landes et du val de Susa, lisibles sur le site Constellations.boum.org et téléchargeables sous formes de jolies brochures. Celle-ci peuvent constituer une série de cadeaux à photocopier vous même, pour disséminer un peu d’espoirs combattifs en cette fin d’année. Elles sont autant d’invitation à agir urgemment et à rejoindre les mobilisations du mois de janvier pour défendre le bocage de Notre Dame des Landes : tracto-vélo et marche sur Nantes (et ailleurs) le 16 janvier (http://zad.nadir.org/spip.php?article3322), appel d’offres de la zad les 30 et 31 janvier… (http://zad.nadir.org/spip.php?article3278)

Dans la brochure n°9 publiée ce mois-ci, Jeanne revient sur les quelques années qui précèdent l’opération César. Un période pendant laquelle, elle et d’autres viennent s’installer dans le bocage suite à un appel d’ « habitants qui résistent ». Premières cabanes, blocage des travaux préliminaires, rencontres balbutiantes et néanmoins bouleversantes avec les opposants locaux… Le récit de Jeanne témoigne autant d’une attention curieuse au monde dans lequel elle débarque qu’à ce qui peut faire bouger les lignes d’une lutte. Jeanne est de celles qui ont fait le pari que cette aventure durerait et qu’elle valait bien qu’on y ancre sa vie. La pemière partie de son entretien est lisible et téléchargeable ici : http://constellations.boum.org/spip.php?article124
Du côté du val de Suse, on fête en ce moment les 10 ans de la victoire de Venaus, qui fera peut-être l’objet d’une prochaine brochure, si les travaux sur nos autres projets nous en laissent le temps (à suivre).

Quelques mots sur ce qui nous pousse à transmettre des récits de Notre dame des landes et du Val de susa:
Alors que le maillage tissé par l’aménagement du territoire se veut toujours plus dense, visant à rendre les lieux qu’il cible toujours plus capitalisables et contrôlables, il est des habitants qui lui opposent un non ferme et sans appel. Ainsi du bocage de Notre-Dame-des-Landes et de la vallée italienne de Susa qui luttent depuis des décennies contre des infrastructures à grande vitesse, aéroport international pour l’un, TGV Lyon-Turin pour l’autre. L’opiniâtreté de leur refus, autant que l’ampleur que ces luttes ont acquise, ont fait mentir toutes les prévisions du pouvoir. A tel point qu’elles redessinent aujourd’hui avec leur propre plume l’avenir de leurs territoires.
Depuis Notre Dame des landes, la résistance à l’opération César en 2012 et les manifestations massives qui l’ont accompagné ont fait reprendre goût à l’idée de victoire face aux tractopelles et aux gendarmes. Leur retrait des 2000ha de la ZAD a laissé place à un espace libéré qui tend à se soustraire au contrôle administratif, économique et policier, et où s’expérimentent des formes de vie proches de ce que pourrait être une commune ou une zone autonome. Les autorités ne dictent plus leurs Plans d’aménagement et habiter, construire ou cultiver y prend par là-même des formes tout autres, celles-ci évoluant au gré des besoins ou des envies, s’extirpant peu à peu de l’architecture pacificatrice des villes comme de la rentabilité touristique ou agricole des campagnes.
Dans la vallée alpine de Susa résonne un mouvement qui ne souffre aucune négociation : « No TAV ». Ses drapeaux flottent dans chaque village, il réunit à ses heures des dizaines de milliers de manifestants tout en assumant des attaques répétées d’un chantier ou le sabotage des machines qui tentent de défigurer la vallée. On y parle sans flagornerie d’un peuple, peuple en révolte qui prend tour à tour la figure du barbier de Bussoleno, d’un antagoniste de Turin, du poissonnier de Villardora ou d’une grand mère catholique de Condove.