Ce dispositif high tech (les photos prises par les smartphones et les coordonnées GPS du témoin étant automatiquement transmises aux téléopérateurs en question) prend place dans le cadre de la « Stratégie territoriale de sécurité et prévention de la délinquance » mise en place par la Ville de Rennes depuis fin 2014 et dont les trois priorité sont : « Prévenir et lutter contre les troubles liés aux rassemblements festifs, à la consommation d’alcool et de stupéfiants sur l’espace public » ; « prévenir et lutter contre les troubles liés à l’appropriation d’espaces par des groupes » ; « prévenir et lutter contre les conflits de voisinage ». Dans cette perspective, c’est bien une politique d’incitation à la délation publique qui se cache derrière RenCitéZen. En effet, en appelant ouvertement les Rennais à prendre en photo d’autres Rennais à leur insu, autrement dit à se dénoncer entre eux, les élus de la Ville de Rennes mettent en place une politique visant à saper cette confiance des habitants les uns envers les autres, qui est pourtant au fondement du vivre-ensemble dans une ville. Il s’agit par là même de faire la chasse aux indésirables, de faire le ménage dans l’espace public, livré en pâture aux investisseurs et aux promoteurs privés – quitte à favoriser un climat de suspicion généralisée.

Au moment où la mairie construit son dispendieux centre des congrès d’affaires au couvent des Jacobins, et multiplie les opérations de prestige à destination des classes les plus aisées (« requalification » du centre-ville, hôtels de luxe, quartiers d’affaires), ce dispositif d’incitation à la délation publique nous paraît incompatible avec l’idée que nous nous faisons d’un espace public à tous et pour tous.

C’est pourquoi nous demandons aujourd’hui l’abandon immédiat de l’application mobile, du site internet et du centre d’appel RenCitéZen, et invitons les Rennais à prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre un terme à cette épouvantable politique d’incitation à la délation. 

Premiers signataires : Alternative Libertaire, Collectif Antifa, CNT, Groupe la Sociale, NPA, Parti Pirate, Place à défendre !, SLB, Sud Éducation…