Après l’horrible décapitation d’un homme à Saint-Quentin-Fallavier (Isère) le 26 juin, certains antifas ont retrouvé les réflexes nauséabonds qu’ils avaient manifestés après les massacres de janvier à Paris. L’assassinat de dix-sept personnes par trois musulmans fanatiques n’avait pas semblé une horreur suffisante pour que les antifas daignent inclure cette abomination dans la liste de leurs actions. Pourtant, quand Clément Méric est tué par une brute de Troisième Voie en juin 2013, la désignation de ce meurtre comme une signature du fascisme est évidemment unanime, le choc terrible chez les militants et au-delà, et les manifestations de soutien à Clément Méric nombreuses, en France comme à l’étranger. La dernière eut lieu le 6 juin à Paris sans, cependant, qu’un seul mot soit prononcé à propos du carnage de janvier (cf. l’appel à manifester). Bien que se défendant de s’abandonner aux amalgames, les antifas considèrent donc, en pratique, que dénoncer les attentats de janvier est comme stigmatiser l’ensemble des musulmans vivant en France. S’ils avaient participé aux manifestations du 11 janvier, ils auraient constaté que rien n’est plus faux. Se revendiquant du peuple, les antifas marquent toutefois leurs distances quand l’affluence populaire est trop forte.

Janvier 2015 : l’art de la digression en regardant ailleurs

Après le choc de janvier 2015 (Charlie Hebdo, Montrouge et l’Hyper Casher de Vincennes), les sites antifas, très embarrassés, ont choisi de dévier vers des sujets annexes sans fouiller dans l’islam, ses fondements et son histoire. Dès le lendemain de l’attaque de Charlie Hebdo, Fafwatch-Rhône-Alpes parle « de l’hystérie médiatique et des sommets de connerie qui sont atteint [sic] sur les résaux [sic] sociaux ». Le même jour, Lutte en Nord lâche son fiel : « depuis de nombreuses années nous dénoncions la ligne éditoriale raciste et islamophobe du journal et de leurs acolytes », après avoir exprimé sa « vraie tristesse ». Mais la tristesse n’est pas la révolte. Parmi ces premières réactions, on trouve aussi sur Non Fides la logorrhée habituelle où, mû-e par le contentement de soi, on s’essaie à l’écriture avec style et érudition afin de se construire comme un-e intellectuel-le rebelle (« Je ne suis pas Charlie et je t’emmerde »). Ces snobs n’ont rien à craindre des fascistes au croissant.

Deux semaines après les massacres, sur La Horde (22 janvier 2015), on se justifie du silence sur le djihadisme par un argument renversant. Comme il n’existerait pas, en France, d’organisation politique prônant le djihad, alors, courageusement, on se tait : « Pour ce qui est des partisans du djihadisme, il n’en existe pas d’expression politique en France, comme c’est par exemple le cas en Grande-Bretagne : sinon, nous aurions à cœur de les combattre au même titre que les autres intégristes. » Peu importe que des centaines de fachos partent en Syrie et en Irak, à La Horde on attend tranquillement que ces sympathiques garçons et filles aient déposé les statuts de leur association Loi 1901 pour enfin les combattre.

Tous ces visionnaires ont naturellement évité les manifestations du 11 janvier pour en organiser d’autres, moins regardantes sur l’islam. A Montpellier, le 18 janvier, le SCALP – No Pasaran 34 défile « contre l’islamophobie et le fascisme » ; l’Union Antifasciste Toulousaine fait de même le 30 janvier contre le racisme, l’islamophobie et l’antisémitisme. Et l’UAT n’oublie pas d’accuser Charlie Hebdo d’exprimer « une vision du monde au final assez franchouillarde et beauf » (2 février 2015).

Juin 2015 : continuer à nier les évidences

Dès le lendemain de la décapitation d’un homme et l’installation de sa tête sur un grillage proche de l’usine Air Products à Saint-Quentin-Fallavier (26 juin), alors que tout est déjà connu sur les motivations religieuses de l’assassin, certains antifas préfèrent parier sur un conflit entre un salarié et son patron, ce qui convient mieux à leur grille de lecture anticapitaliste. Sur rebellyon.info, on trouve ceci : « Attentat supposé djihadiste de Saint-Quentin-Fallavier : la presse dérape sévère » (28 juin 2015). Abject.

RIP ?

L’incapacité des antifas à formuler une critique véritable de l’islam procède d’une réflexion peu développée sur les questions religieuses, déjà notée après l’assassinat de Clément Méric. D’innombrables graffitis étaient alors apparus avec l’inscription « RIP Clément » alors que RIP est une formule latine chrétienne signifiant « qu’il – ou elle – repose en paix » (« requiescat in pace »). Ne pas en soupçonner l’origine chrétienne étonne pour des personnes passant pour anticonformistes. RIP peut aussi provenir de son équivalent anglais de même signification (« Rest in peace »), ce qui s’inscrirait dans la mode de l’usage de la langue anglaise observée sur de nombreux sites antifas.

De la lutte contre le Front national au communautarisme musulman

Les antifas sont généralement anonymes, ce qui se justifie aisément : protection de soi-même et refus du vedettariat. Certains sont mieux connus et montrent le même aveuglement. C’est le cas de René Monzat qui est passé de la lutte contre le Front National à la défense du communautarisme musulman, officiellement la lutte contre l’ « islamophobie ». Sa proximité avec Houria Bouteldja, cheffe des Indigènes de la République, a été largement offerte au public lors de la soirée sur l’islamophobie du 6 mars 2015 à Saint-Denis, dont il assurait l’animation de la seconde partie (cf. vidéo à partir de 10:24). Monzat a même terminé la soirée en souhaitant le développement des activités du très réactionnaire Comité Contre l’Islamophobie en France (« il faut que le CCIF devienne une grande association antiraciste »). Pourtant, la pensée de haine de Houria Bouteldja est du même ordre que celle de la famille Le Pen en scindant le monde en deux groupes irréconciliables : d’une part celui de ses semblables, et d’autre part le groupe des autres, considérés comme fondamentalement différents, avec lesquels la coexistence pacifique et constructive ne saurait être envisagée.

Jusqu’à quand ?

Dix-neuf personnes ont été tuées en France en 2015 par la tyrannie islamique. Combien faudra-t-il encore de morts, de drames, d’injonctions dogmatiques, pour que les antifas comprennent enfin la nature intrinsèque du fanatisme islamique, ses profondes justifications religieuses et ses pulsions de mort puisées aisément dans le Coran ? Quelle est la cohérence des écrits et actions plus que jamais nécessaires contre le FN, les violences policières, la répression des mouvements militants si, dans le même temps, on se tait sur le discours politique et les ignominies des adorateurs fanatiques de Mahomet ?

http://atheisme.org/antifas-islam.html