Dans son « Rappport sur les conséquences de l’industrie du sexe dans l’Union européenne », déposé en avril dernier, la députée Marianne Eriksson rappelle qu’à Athènes, il y a 600 ans avant J.C., la prostitution était imposée comme « profession » à certaines catégories de femmes : « Des femmes esclaves, des prisonnières de guerre, ou bien encore des femmes sans liens familiaux qui avaient été achetées ainsi que des femmes originaires d’autres pays étaient utilisées à des fins de prostitution. Ces femmes étaient réparties en différentes catégories et surveillées par des gardiens spécialement affectés à cette tâche, tandis que leurs revenus étaient soumis à impôt. »

Concernant la situation au XXIe siècle, Marianne Eriksson déplore qu’on ignore les « demandeurs »: « Si des mesures de différentes sortes ont été prises et commencent à être appliquées en vue de mettre en garde et de protéger les femmes, il n’existe encore guère d’actions énergiques axées sur les demandeurs. Le rapporteur est convaincu que ce n’est que si de telles actions sont entreprises que des changements positifs auront lieu. »

«La globalisation de l’économie entraîne également une globalisation de l’esclavage sexuel et de l’industrie du sexe. Ces dernières années, plusieurs États membres de l’UE ont baissé les bras et, au lieu de lutter contre cette exploitation de l’être humain, ont accepté la situation qui règne et, en procédant à une légalisation ou une réglementation de la prostitution, ont contribué faire entrer dans le circuit économique légal une activité auparavant considérée comme criminelle. Ce faisant, les États membres deviennent un élément de l’industrie du sexe et, de plus, tirent profit du marché.»

L’auteure du rapport s’attarde également sur les liens entre la traite des femmes et des enfants, la croissance considérable de l’industrie prostitutionnelle et les multiples facettes de l’industrie pornographique, cetet dernière banalisée et tolérée, elle envahit maintenant jusqu’à nos messageries sur Internet, dit-elle.

Marianne Eriksson souligne également que des groupes emploient des subventions destinées à la lutte contre le VIH/SIDA pour promouvoir plutôt la légalisation de la prostitution et d’activités liées au système proxénète et à l’industrie du sexe, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur des États membres de l’Union européenne. (Au Québec, les travaux de Richard Poulin mentionnent également que certains groupes emploient les fonds publics, destinés à d’autres fins, pour se créer des sites Internet qui font la promotion de la prostitution comme « profession » et dirigent les visiteurs/visiteuses vers des secteurs de l’industrie du sexe. Voir sous cette rubrique).

La députée européenne presse les parlementaires d’adopter des mesures pour arrêter l’expansion de cette industrie et protéger les personnes exploitées. Son rapport contient maintes recommandations à cette fin.

On peut en lire de larges extraits et télécharger le rapport intégral depuis Sisyphe

ou en PDF ici: Parlement européen. (J’avoue avoir eu du mal à le trouver sur ce site et je suis passée par l’intermédiaire de quelques personnes avant de l’obtenir finalement en pièce jointe par courriel. C’est ce document que Sisyphe propose en format Word pour vous épargner la recherche).

On lira aussi avec intérêt

«Sanctionner les clients de la prostitution et renforcer les politiques contre le proxénétisme», par le Lobby européen des femmes.

« Le trafic sexuel des femmes n’épargne pas le Québec » (voir également les commentaires dans cette page)

Tout le dossier de Sisyphe sur prostitution.

Les plus récents titres de Sisyphe.