Ceci étant, cela ne sert à rien de s’affoler et ça ne veux pas dire qu’ils vont venir expulser ou démarrer les travaux dans les quelques semaines à venir. Cela ne veux même pas dire néccessairement qu’ils vont lancer une opération de ce type pendant ce quinquennat. Mais cela laisse à penser qu’ils s’y préparent sérieusement et veulent se laisser une possibilité de le faire, si ils sentent le rapport de force en leur faveur. Une fenêtre s’ouvrira peut-être pour eux en ce sens, vraisemblablement dans les premiers mois de l’années 2016 – vu l’agenda politique général (cop21, élections régionales, puis année pré-présidentielle), mais aussi les contraintes techniques liées au défrichage. Cela semble trop tôt pour eux avant et probablement trop tard après. Cela nous laisse donc quelques mois pour refermer cette fenêtre et réfléchir sérieusement à tout ce que l’on doit mettre en place dès maintenant en terme de communication, d’actions et d’initiatives communes pour les faire renoncer à priori et s’épargner une nouvelle opération à l’issue incertaine (incertaine pour nous mais aussi heureusement pour eux). Mais cela implique aussi d’intégrer l’éventualité qu’ils reviennent vraiment et de repenser précisément ce qui se passerait à ce moment là sur le terrain, dans la région et partout en france, et de le mettre en travail avec les comités locaux. On ne peut en tout cas pas imaginer refaire un simple copié-collé de l’automne 2012, notamment parce qu’eux ont appris entre temps et vont tout faire pour ne pas se planter 2 fois et aller jusqu’au bout.

Il faut s’attendre aussi à vivre une période préparatoire où ils vont chercher sérieusement à nous diviser et à faire monter une animosité d’une partie des gens des bourgs, mais aussi plus généralement de la population de ce pays face à nous, par tout un tas de moyens répugnants et de grosses manipulations (en mode reportage M6, montée en épingle de faits divers and co, coups de pression divers et variés). Cette guerre de la com’ et cette mobilisation des élans réactionnaires est une clé de la réussite de leur opération et un préalable nécessaire pour eux pour agir. On peut parier sur le fait qu’ils ne pourront rejouer dans le contexte de Notre Dame ce qu’ils ont su faire au Testet avec l’engagement de la FNSEA à leur coté. On peut estimer à ce titre que la lutte contre l’aéroport et le soutien à la zad peut toujours suciter des mobilisations massives en notre faveur. Mais on ne doit pas penser tout cela acquis : cela reste toujours à (re)construire en multipliant les points de rencontre dans les semaines à venir, en étant plus malin.e.s qu’eux et en ne tombant pas dans leurs pièges.

En espérant que l’on puisse se retrouver ensemble dans les jours à venir, mobilisé par ces enjeux décisifs, et les mettre en échec une nouvelle fois. On imagine que tout le monde ne sera pas d’accord avec cette analyse, mais on espère bien que ça fasse réagir.

Des occupant/e/s.

ps : Leur marge de maneuvre va aussi sûrement dépendre des délais d’expulsion obtenus par les locataires et paysans historiques sur la zad. Le juge des expros vient le 22, il y a une assemblée extraordinaire à ce sujet (à priori le jeudi 17 au soir) pour décider ce qu’on fera à ce moment là. On devrait pouvoir comprendre plus clairement ce qu’il en est des procédures à ce sujet dans les jours prochains.

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L’article :

NDDL. Pression sur la ZAD de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes – 11 Septembre Ouest-France

Dans une interview exclusive à Ouest-France, le nouveau sous-préfet en charge du dossier Notre-Dame-des-Landes précise les intentions de l’Etat.

Stéphan de Ribou est le nouveau représentant de l’État en charge du dossier Notre-Dame-des-Landes. Arrivé à Nantes en mai, le sous-préfet, ancien commissaire au redressement productif en région Bretagne, se consacre totalement au projet de transfert de l’actuel aéroport nantais dans le bocage, à 25 km au nord-ouest de Nantes.

Dans une longue interview à Ouest-France du vendredi 11 septembre (édition papier Loire-Atlantique, et édition numérique), le sous-préfet évoque la volonté affirmée par Manuel Valls de redémarrer le projet, gelé depuis trois ans, et de lancer les travaux après évacuation des occupants de la zone.

Les huissiers sont de retour dans la ZAD (zone à défendre selon les opposants) pour relancer des procédures d’expropriations.

Un accord de 2012, qui protégeait de l’expulsion les habitants de la ZAD en situation légale, est désormais caduc, estime Stéphan de Ribou. Le dernier arrêté préfectoral nécessaire avant travaux, la dérogation à la protection du campagnol amphibie, sera bientôt signé. « Tout le monde se met en ligne pour être en capacité d’y aller quand le top sera donné ».Le chargé de mission ne donne pas de date. Mais il indique que l’État n’attendra pas le résultat d’un probable recours contre l’arrêté. « Cela voudrait dire perdre encore un an, et sans doute nous renvoyer après l’élection présidentielle », fait-il remarquer.

Compte tenu du calendrier politique, la fenêtre d’une éventuelle intervention pourrait se situer entre la fin décembre et le début mars, analysent des opposants qui reconnaissent sentir monter la pression. Avant, il y a les élections régionales et la conférence sur le climat. Personne n’imagine, dans cette période, une opération de maintien de l’ordre, complexe et de grande ampleur, à fort retentissement national. Et après le 10 mars, en raison de contraintes environnementales, il sera trop tard pour les travaux de défrichage.

L’interview :

Avant les travaux, le préfet de région doit prendre un arrêté dérogeant à la protection du campagnol amphibie. La consultation se termine le 11 octobre. L’arrêté sera-t-il pris dans la foulée ?
Il nous faudra d’abord un peu de temps pour prendre en compte les remarques et observations. Ensuite, le préfet sera en mesure de signer l’arrêté. Je suis incapable de vous dire quand. Forcément avant le début des travaux.
Y a-t-il un délai légal ?
Pas à ma connaissance.
On peut donc temporiser jusqu’après l’élection présidentielle…
Je ne le pense pas. Depuis les jugements du 17 juillet (N.D.L.R. : opposants déboutés de leurs recours dans le volet environnemental), un certain nombre d’orientations fortes ont été données par le Premier ministre. Tout le monde, aujourd’hui, se met en ligne pour être en capacité d’y aller quand le top sera donné.
L’arrêté campagnol est-il un signal fort de la volonté du gouvernement de passer à l’action ?
Le signal fort, c’est quand le Premier ministre dit : « Le projet doit reprendre ». Ensuite il y a d’autres signaux montrant qu’on redémarre. L’arrêté campagnol, mais aussi la relance de la procédure d’expropriations. L’huissier est passé vendredi dernier (1). Légalement, cela nous permettra de procéder aux expulsions le moment venu. La procédure avait été gelée par l’accord qui avait mis un terme à la grève de la faim de 2012.
Vous considérez comme caduc l’accord qui protégeait de l’expulsion les habitants et paysans en situation légale ?
Oui, toutes les actions juridiques à la base de l’accord ont été jugées.

Le gouvernement est donc bien décidé à engager les travaux ?
C’est clair. Le Premier ministre l’a dit, redit, il l’a écrit. Il n’y a pas d’ambiguïté sur sa volonté.
Cela implique l’évacuation préalable de la Zad ?
Oui, pour que les entreprises puissent travailler en sécurité, et pour mettre fin à cette situation, assez étonnante, d’illégalité. J’ai rencontré les maires de toutes les communes autour. Favorables ou opposés au projet d’aéroport, ils sont unanimes pour dire qu’il faut évacuer les zadistes, et vite.
Avez-vous reçu des instructions pour préparer l’opération ?
Personnellement non, car ce sont des choses qui sont mises en place au niveau national.
Une idée des échéances ?
Il est très difficile de répondre. Il y a le calendrier politique, les contraintes fixées par les arrêtés environnementaux… Je ne sais pas exactement quand le feu vert sera donné.
Compte tenu de la complexité de l’opération, sera-t-il fait appel à l’armée ?
C’est impensable. Ce n’est pas son métier, et l’armée est très occupée sur d’autres terrains. De mémoire, sa dernière utilisation en maintien de l’ordre remonte à la guerre d’Algérie. Ici, cela doit rester une opération de maintien de l’ordre que le Premier ministre veut exemplaire.
L’arrêté campagnol amphibie va faire l’objet d’un recours. Vous n’attendrez pas le résultat comme ce fut le cas pour les autres arrêtés du volet environnement ?
L’engagement du gouvernement d’attendre que les recours soient jugés avait été pris dans un autre cadre, celui de l’accord de 2012. C’est fini. On en est complètement sorti. Et puis attendre le résultat d’un nouveau recours, cela voudrait dire perdre encore un an, et sans doute nous renvoyer après la présidentielle. On est dans la manoeuvre dilatoire d’opposants qui ont perdu cent cinquante-quatre recours.

(1) Sont concernés les occupants légaux de trois maisons situées au coeur de la ZAD (La Rolandière, les Fosses-Noires, Saint-Antoine). Celles-ci n’avaient pas été rasées lors de l’opération de l’automne 2012.

Stéphan de Ribou : Âgé de 62 ans, cet ancien officier d’infanterie, sous-préfet hors cadre chargé de mission a été nommé à Nantes pour s’occuper du dossier Notre-Dame-des-Landes. Homme de terrain, accessible, il connaît bien l’Ouest pour avoir été, entre autres, sous-préfet de Lannion, directeur de cabinet du préfet de Région Bretagne, commissaire à la réindustrialisation en Poitou-Charentes, et pendant trois ans commissaire au redressement productif en Bretagne.