PAS CLAIR, PAZOC ?

Le webzine parle beaucoup de révolution, il publie en dernière page des extraits de l’article de Lénine « Le programme militaire de la révolution prolétarienne » ; il va même jusqu’à consacrer plusieurs pages à faire l’éloge des « bordiguistes », citant des extraits de rapports de Bordiga sur le fascisme (Pazoc n°4) ou notre brochure « Auschwitz… » ; mais il préconise en même temps une alliance… avec les fachos contre la « ploutocratie », car ceux-ci ont une expérience militaire (!), et il lance un « appel aux cathos » (« mais juste pour détruire, pas de sermons après ! ») (Pazoc n°3). Au fou !

En fait cet invraisemblable et peu ragoûtant brouet n’est pas si étonnant car l’interclassisme le plus débridé est de règle dans Pazoc : il glorifie le caractère quasiment révolutionnaire des « petits patrons poujadistes », des paysans, des artisans, des « méchants djihadistes », des pédophiles, etc. pour justifier la révolte simultanée de tous les mécontents. Par contre la classe ouvrière, elle, serait maintenant selon Pazoc, une « classe privilégiée » (Pazoc n°5) ! Pour devenir révolutionnaire, il lui faudrait « obéir à la grande classe des appauvris », aux « déclassés »

Pazoc publie un très court « programme pour moi et pour les autres » en 10 points : on y trouve entre autres la revendication de la fin du permis de conduire à points, de l’abrogation du contrôle technique des automobiles, de la gratuité des autoroutes, de l’accession à la propriété des appartements HLM, etc..

Mais aucune revendication spécifiquement prolétarienne, comme l’augmentation massive des salaires, la réduction drastique de la journée de travail, le salaire intégral aux chômeurs, l’arrêt des expulsions des logements, la régularisation des travailleurs sans-papiers, etc., n’est présente : le « moi » qui a rédigé ce programme est sans aucun doute un automobiliste mais n’est assurément pas un prolétaire ! D’ailleurs « la première mesure » à prendre pour « accompagner » ce programme et le refus de payer la dette de la France, serait la suppression de l’impôt sur le revenu et de l’impôt sur les sociétés afin de « rassurer la bourgeoisie et les TPE [Très Petites Entreprises, NdlR] » (Pazoc n°2) !

TRES CLAIR, AU CONTRAIRE !

En dépit de son verbiage pseudo-révolutionnaire, Pazoc s’inscrit dans l’effort permanent pour engluer le prolétariat en général, et en particulier les quelques prolétaires d’avant-garde poussés aujourd’hui à rompre avec le paralysant carcan réformiste, dans un informe magma interclassiste où les intérêts bourgeois dominent inévitablement : c’est donc une opération fondamentalement antiprolétarienne.

Et de fait, le masque est tombé assez rapidement : Pazoc n’est en réalité que le faux nez de vrais fachos ; en effet le magazine/webzine d’extrême-droite Le Lys Noir, apparu au moment de la « manif pour tous », qui se définit comme « anarcho-royaliste », qui veut « purger la pourriture des métropoles », interdire « toute forme d’immigration », qui accuse Le Pen de ne jamais avoir pris les armes et qui préconise un « putsch contre le RSI (Régime Social des Indépendants (artisans) –NdlR) » après avoir appelé l’armée à réaliser un « coup de force » pour soutenir les manifestants anti-mariage pour tous et dénoncé l’influence des francs-maçons au ministère de la Défense, etr., etc., affirme dans le n°27 de sa version Web, que Pazoc est sa création, en collaboration avec… le « Comité Bordiguiste » et le « Projet Communiste Agrarien » !
Ces deux groupes sont évidemment de son invention, comme est de son invention un prétendu « fichier bordiguiste des antifascistes » où il aurait puisé l’adresse de certains militants « antifas »…

A ceux qui auraient pu se laisser prendre au piège Pazoc, nous rappellerons brièvement que pour nous « le fascisme incarne la lutte contre-révolutionnaire de tous les éléments bourgeois unis » (rapport de Bordiga sur le fascisme au IVe Congrès de l’Internationale Communiste) ; si nous combattons l’antifascisme démocratique, ce n’est pas parce qu’il veut combattre le fascisme, mais au contraire parce qu’il désarme le prolétariat face au fascisme – ou tout simplement face à la bourgeoisie – en noyant le prolétariat dans une alliance démocratique interclassiste qui le soumet à l’ordre bourgeois.

Quant à la révolution, s’il elle s’accompagne inévitablement de l’explosion de toutes les contradictions sociales, elle ne devient telle que lorsque le prolétariat, organisé en classe donc en parti (Le Manifeste Communiste), a la force de diriger toutes les manifestations de révolte vers la destruction de l’ordre capitaliste et l’installation, sur les ruines de l’Etat bourgeois, de son propre pouvoir dictatorial, exercé par son parti.

Pour les bourgeois, la révolution, c’est le chaos ; pour les prolétaires c’est le combat unifié et centralisé afin de sortir du désordre bourgeois et d’aller vers un ordre supérieur : celui du pouvoir prolétarien, étape nécessaire pour déraciner le capitalisme et ouvrir la voie à la société sans classes ni Etats, sans guerres ni frontières, sans argent ni marché, sans exploitation ni injustices : le communisme.

Le cas Pazoc n’a en lui-même pas grande importance, les délires fantasmatiques des anarcho-royalistes ou « monarcho-fascistes » (un autre nom qu’ils se donnent) n’ayant guère de chance d’avoir aujourd’hui un écho quelconque, tant règnent encore la paix sociale et la collaboration de classe.

Mais il apporte de l’eau au moulin des démocrates adorateurs de l’ordre établi, qui, par crainte de voir le statu-quo social ébranlé, ne cessent de dénoncer partout des alliances rouge-brun (selon le vieil adage conformiste selon lequel les extrêmes se rejoignent) dans le but de discréditer la critique et l’action des révolutionnaires. L’invraisemblable Pazoc est un signe supplémentaire de l’extraordinaire confusion politique régnante à notre époque où les positions prolétariennes de classe sont repoussées avec horreur quand elles ne sont pas ignorées.

Il faut donc y trouver une nouvelle raison de les défendre envers et contre tout, une nouvelle démonstration de la nécessité de diffuser les enseignements politiques cruciaux des batailles de classe du passé et de combattre les perpétuelles tentatives de défigurer ou d’altérer le programme communiste authentique où elles sont inscrites en lettres de feu, et sur la base duquel devra se reconstituer le parti mondial de la révolution communiste.

Parti Communiste International

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