Cette soirée n’avait pourtant rien eu d’évident. Une des raisons de son organisation conjointe par l’UJFP et par BDS France Toulouse était de répondre, politiquement et symboliquement, à l’interdiction, le 31 mars, de la même salle municipale pour une réunion avec le professeur Farid Esack, président de BDS Afrique du Sud. Pour justifier cette interdiction, combinant mensonge et calomnie, le maire de Toulouse a écrit qu’il s’agissait d’une « réunion publique autour de personnes condamnées pour discrimination et incitation à la haine raciale ». Aussi la réunion d’hier intitulée « Antisionisme/antisémitisme : à qui profite l’amalgame » avait pour but de mettre au défi le maire d’interdire une réunion exposant le soutien des Juifs progressistes antisionistes à la campagne BDS.

Les groupes d’extrême droite pro-Israël ne s’y sont pas trompés. A commencer par le site JSSNews dirigé depuis Jérusalem, appelant à empêcher physiquement la réunion, ou au moins à fournir un prétexte à une annulation pour « risque de trouble à l’ordre public ». Ensuite par le site des nervis de la LDJ, qui proposait d’appeler la ville et la préfecture pour faire interdire la réunion.

La tenue de la réunion a été un double échec pour les sionistes. La municipalité a eu le bon sens de ne pas pratiquer l’antisémitisme contre l’UJFP, et la contre-manifestation (« Des bus partiront de toutes les grandes villes de France (Nice, Marseille…) et les groupes parisiens arriveront par voiture, avion et train ») s’est limitée à une vingtaine d’individus qui sont restés tenus à distance par un solide service d’ordre que nous remercions.

Le succès de la réunion a tenu aussi à la présence d’une assistance jeune qui, en grande partie, entendait pour la première fois l’exposition de l’opposition juive au sionisme et son soutien au BDS. C’est aussi un nouvel encouragement pour le comité BDS France Toulouse. La conférence de Pierre Stambul sera transcrite.

Plus que jamais le combat continue !

Le communiqué crapuleux de la LICRA dans « La Dépêche du Midi » :

L’indignation du président de la Licra

Publié le 11/06/2015 à 03:50 

Société

Que s’est-il vraiment passé ce mardi soir, salle de Barcelone, où à l’invitation du NPA 31 et des soutiens toulousains de la campagne BDS (1), Pierre Stambul, co-président de l’Union juive française pour la paix (UJFP), animait une conférence sur le thème «antisionisme, antisémitisme : à qui profite l’amalgame ?».

Président de la LicraToulouse Midi-Pyrénées, Gérard Folus qui dénonce l’action de BDS, s’est rendu mardi soir allée de Barcelone. «Avec un groupe d’une quarantaine de personnes, nous sommes venus exprimer notre désaccord avec ceux qui ont organisé et animé cette conférence. Nous étions attendus», a raconté hier Gérard Folus, indiquant avoir été accueilli «par des invectives indignes. Des gens hurlaient Juifs dehors, on ne vous veut plus, assez de Juifs ! », dénonce le président de la Licra, qui n’exclut pas de saisir la justice. Présidente du Crif de Midi-Pyrénées, Nicole Yardéni estime elle aussi avoir été insultée, quand «dans les rangs des soutiens de l’action de BDS, un homme m’a décrite publiquement comme la femme la plus raciste de Toulouse. J’étais simplement venue pour tenter de dire à Pierre Stambul qu’à mes yeux, l’antisionisme est la forme contemporaine de l’antisémitisme». Gérard Folus et Nicole Yardéni décrivent un face-à-face tendu entre leur groupe et les militants de BDS et signalent l’intervention des forces de police pour rétablir le calme. Il n’y a pas eu de blessé.

Contacté par «La Dépêche du Midi», Laurent Marty, du NPA 31, fait une lecture différente des incidents qui se sont produits en marge de la soirée. «Un groupe s’est présenté en effet, avec des gens cagoulés parmi les manifestants. Aucun commentaire antisémite n’a été prononcé, et nous ne l’aurions du reste pas toléré. Avant de débattre sur le sionisme, Pierre Stambul a d’ailleurs rendu hommage aux victimes de Mérah», souligne Laurent Marty, qui dénonce «un nouveau coup de force de la Licra contre BDS et ses partisans».

(1) Groupe de pression international pour obtenir notamment la fin de la colonisation des terres arabes par Israël. 

Et la réponse de BDS France Toulouse :

Voici le courriel que BDS France Toulouse a adressé cet après-midi à Lionel Laparade, journaliste à La Dépêche, à la suite de la publication des mensonges de la LICRA (article en contrebas)

A la suite de la publication de « L’indignation du président de la Licra », a propos de laquelle La Dépêche n’a pas joint les organisateurs du meeting de mardi soir, nous vous prions de prendre connaissance des demandes de rectification suivantes: 

Votre article « L’indignation du président de la Licra » présente des inexactitudes que, comme co-organisateurs de cette réunion, nous souhaitons voir rectifier. Le NPA seul cité dans l’article n’était pas organisateur de cette manifestation. Il nous aurait paru opportun de pondérer les allégations de la Licra par la relation des faits par des responsables de BDS France et de l’UJFP, en particulier de Pierre Stambul, fils de déporté juif, aussi habilité que le président de la Licra à dénoncer l’antisémitisme. Dans ce contexte il est tout à fait ridicule et scandaleux de prétendre avoir entendu des propos antisémites dans un meeting animé par trois membres du bureau national de l’Union Juive Française pour la Paix. Cela démontre par contre qu’après avoir tenté par tous les moyens de faire interdire le meeting : appels par JSSnews et la LDJ à l’empêcher et à le faire interdire et attaque contre Pierre Stambul provoquée par un hacker de l’extrême droite israélienne, l’extrême droite pro-israélienne a essayé sans succès la provocation sur place. 
Que la Licra et la présidente du CRIF se commettent auprès de telles officines (LDJ, JSS News) ne les honore pas. 
Nous comprenons que les tenants de la défense inconditionnelle de la politique israélienne ne supportent pas une autre voix juive pour la paix et l’égalité et essaient par la calomnie de discréditer notre mouvement. 
Nous sommes bien sûr à votre disposition pour plus de renseignements. 

BDS France Toulouse (…)