Le 21 mai à Valparaiso, c’est le jour du discours présidentiel annuel devant le Congrès. Et celui des cérémonies militaristes en l’honneur des héros de la Guerre du Pacifique (menée à la fin du XIXe contre les voisins boliviens et péruviens).

Mais chaque 21 mai, la ville portuaire voit aussi converger des syndicats, des mouvements étudiants, des associations et des partis révolutionnaires, qui viennent manifester et faire entendre d’autres discours. Leurs cortèges se heurtent souvent à une répression policière brutale. Cette année, un étudiant en est mort.

Rodrigo Aviles, étudiant de l’Université Catholique de Santiago, se trouvait sur le trottoir, au milieu d’un groupe de manifestant-e-s qui reculaient face à la charge policière. Il a été visé par deux lances à eau, dont une située à moins de 5 mètres de lui, et projeté au sol. Il est ensuite resté de longues minutes étendu sur le trottoir, alors que les policiers semblaient avoir pour priorité d’interpeller ou de repousser ses camarades encore debout. Finalement évacué vers l’hôpital Van Buren, il s’y trouve encore en coma artificiel, après 8 jours d’hospitalisation et 4 opérations pour des lésions au cerveau. Il serait actuellement victime de complications pulmonaires. Une veille permanente mobilise étudiant-e-s, militant-e-s et artistes devant l’hôpital, pour le soutenir aux côtés de ses parents et de sa fille de 11 ans. Des veilles similaires ont été organisées dans de nombreuses villes du pays.

Pour blanchir les forces de répression, des responsables policiers et politiques ont menti sans vergogne, expliquant que Rodrigo avait trébuché à cause de reliefs sur le sol, que la lance à eau se situait à plus de 10 mètres de lui, que le jet n’était pas utilisé à pleine puissance… Autant d’assertions démenties par des dizaines de témoins, et par des photos et vidéos publiées par des manifestant-e-s et des journalistes. Un policier a fini par être mis à pied, et une enquête interne annoncée. Un peu moins hautaine ou un peu plus habile que ses homologues français, la présidente « socialiste » Michelle Bachelet a rapidement rencontré le père de l’étudiant, et envoyé trois de ses ministres faire des courbettes à l’hôpital.

Ces derniers jours, d’immenses manifestations ont eu lieu à Valparaiso et à Santiago contre la répression policière, et le mouvement des lycéen-ne-s et des étudiant-e-s, déjà endeuillé par l’assassinat de deux étudiants le 14 mai, continue de s’étendre et de se radicaliser.

On a aussi retrouvé dans les cortèges le nom de Manuel Gutierrez, lycéen tué en août 2011 par un policier armé d’un pistolet-mitrailleur, en marge d’une journée de grève générale. Le 20 mai dernier, la peine de 13 ans de prison infligée au policier meurtrier, déjà réduite en appel à 3 ans, a été finalement ramenée à 461 jours de détention. Décision cynique prise par une Cour Martiale, puisque les « Carabineros de Chile » constituent une institution d’origine militaire, dont les membres ne sont pas jugés par des juridictions civiles…

Un recours devant la Cour Suprême a été déposé par la famille et par le « Comité pour la Justice Manuel Gutierrez Reinoso », qui ont aussi adressé leur solidarité aux proches de Rodrigo Aviles, et appelé à une lutte commune contre la répression, la justice militaire et l’impunité policière.

Une lutte qui résonne dans tous les pays, des manifestations aux quartiers populaires, en passant par les prisons et les ZAD !

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