« Devant les évènements qui se sont produits ce jour, 14 mai, lors de la manifestation pour l’éducation appelée parla Confédération des Etudiants du Chili, où ont été assassinés deux jeunes étudiants, Diego et Exequiel, nous déclarons :

Notre profond rejet face à cet acte irrationnel qui cristallise le refus des mobilisations sociales et bafoue le droit à la libre expression. Il a mis en évidence que la propriété privée valait plus que la vie. Nous considérons qu’il n’a jamais été suffisant de s’indigner, et c’est pourquoi il est nécessaire et urgent de nous interroger sur la façon dont nous réagissons face aux mouvements de protestation.

Pour cette raison, en tant qu’étudiants de la Faculté des Humanités, nous avons pris la décision d’utiliser notre espace, à travers l’occupation symbolique et temporaire de cette faculté, premièrement pour affirmer notre solidarité avec la famille et les ami-e-s des victimes ; et deuxièmement, pour réfléchir et débattre sur le contexte national actuel.

Nous pensons qu’il est important de nous organiser et de protester contre la criminalisation des mouvements sociaux, qui s’exprime dans différents arrêtés, lois et discours publics émanant principalement des autorités nationales et locales. Ce discours atteint une partie de la population qui, à cause de ce processus organisé de criminalisation systématique, en vient à considérer comme légitime l’usage de la violence contre ceux qui manifestent face à un système structurellement injuste.

Tirer sur la foule pour protéger la façade d’une propriété, tuant deux jeunes qui luttent contre un système éducatif inégalitaire, est l’aboutissement d’une individualisation sociale poussée à l’extrême, qui nous amène à nous réprimer entre nous, au lieu de créer des liens de solidarité avec un objectif commun : lutter contre les inégalités, l’injustice et la corruption d’un Etat qui laisse de côté les problèmes sociaux et préfère entraver les manifestations et les volontés d’organisation à travers le pays, pour maintenir l’ordre d’une société qui exige le changement.

Pour toutes ces raisons, nous sentons la nécessité d’élever la voix, parce que celui qui se tait est complice. Nous invitons tou-te-s les étudiant-e-s à se manifester contre cet évènement dramatique, à s’emparer de leurs espaces, et à faire comprendre, une fois pour toutes, que nous luttons pour une société meilleure où la vie des personnes vaudrait plus que la façade d’un immeuble.

Nous appelons à la mobilisation pour le 21 mai, à ce que la peur ne nous fasse pas taire, qu’elle n’inhibe pas notre action. Et que cela soit une raison supplémentaire pour lutter avec plus de force. Ne renonçons pas à nos espaces de lutte face à la criminalisation qu’on nous impose. »

Source : https://www.facebook.com/cee.sociologiauv/posts/687750644665068?pnref=story