Islamophobie, cathophobie, christianophobie, judéophobie, républicophobie
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Les catholiques, jaloux
Le terme « islamophobie » est devenu tellement populaire que l’extrême droite catholique, qui voit dans l’islam à la fois une « fausse religion » et une concurrence inacceptable, tente de s’emparer du concept. Dans les manifestations contre certaines pièces de théâtre mettant Jésus en scène de manière non conforme au droit canon et dans les défilés contre le mariage pour tous, on a entendu des slogans dans lesquels était dénoncée la « cathophobie ». Comme il y a une islamophobie et des islamophobes, pourquoi en effet n’y aurait-il pas une cathophobie et des cathophobes ?
Pour avoir mis de très nombreuses fois Jésus, le pape, les saints et tout le matériel liturgique en images, Charlie Hebdo a été poursuivi une bonne douzaine de fois par une association de catholiques intégristes qui a longtemps été proche du Front national : l’Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne. L’AGRIF se bat contre le racisme… Le racisme antiblanc et antichrétien. Charlie Hebdo a été accusé par cette association, entre autres choses, de racisme antifrançais. Comment se manifeste le racisme antifrançais pour des catholiques intégristes ? C’est simple : en dessinant la Sainte Vierge dans des positions qui n’avaient jamais été évoquées dans sa biographie officielle, nous insultions la France. En effet, depuis que Louis XIII a consacré sa personne et son pays à la Mère de Dieu, la France et la Vierge sont indissociables. Se moquer de la Vierge, c’est se moquer de la France et de tous les Français.
C’était avant l’invention de l’islamophobie. Aujourd’hui, les dessinateurs et les rédacteurs deCharlie Hebdo sont moins des racistes antifrançais que des cathophobes. Si ça marche avec les musulmans, on ne voit pas pourquoi ça ne marcherait pas avec les catholiques et, plus généralement, avec les chrétiens. Oui, la christianophobie est un des maux qui rongent la « fille aînée de l’Église » (pas vraiment, puisque ce n’est pas le royaume de France qui le premier devint chrétien, mais celui d’Arménie).
Lorsque, le 29 octobre 2011, les catholiques intégristes de l’association Civitas ont fait aboutir leur manifestation nationale contre la christianophobie devant le Théâtre de la Ville, à Paris, pour protester contre la représentation de la pièce de Romeo Castellucci, Sur le concept du visage du fils de Dieu, jugée par eux blasphématoire, ils ont été rejoints par une poignée de musulmans solidaires. Il était amusant de voir (j’y étais) les nombreux catholiques de Civitas chanter à genoux et dans les gaz lacrymogènes « Je vous salue Marie, pleine de grâce » à gauche du théâtre, tandis que sur le terre- plein de la place du Châtelet des barbus les encourageaient avec des banderoles réclamant notamment qu’on ne « touche pas à Issa », le nom de Jésus en arabe. Si pour les musulmans Jésus n’est pas le fils de Dieu, il est tout de même un prophète important. Le problème, c’est que les militants de Civitas étaient séparés de leurs amis musulmans par un cordon de CRS, ce qui empêchait tout contact. Une vague inquiétude s’est emparée des chrétiens priant lorsqu’ils virent ces barbus musulmans. Beaucoup n’ont pas compris qu’ils étaient là pour soutenir leur action et se sont interrogés à haute voix sur les raisons de la présence de ces « bougnoules ». N’étaient-ils pas hostiles ? Non, ils ne l’étaient pas. Mais les propos entendus ce jour-làde la part de certains catholiques intégristes étaient moins « islamophobes » que tout simplement racistes. Passons. L’extrême droite catholique n’a pas besoin du soutien des musulmans intégristes, elle a juste besoin de leur vocabulaire. Si l’islam a récupéré quelques figures du christianisme pour asseoir sa légitimité, les catholiques intégristes, des siècles plus tard, récupèrent les astuces propagandistes de leurs pendants musulmans.
Toute victoire des musulmans intégristes dans leur lutte contre l’islamophobie est attendue à la fois avec gourmandise et jalousie par les catholiques intégristes. Lorsque, les 7 et 8 février 2007, s’est tenu à Paris le procès que trois associations musulmanes intentaient à Charlie Hebdo pour avoir republié les caricatures danoises, un seul témoin a été cité par les plaignants : un prêtre catholique. Des alliances sont possibles.
Les catholiques intégristes, mais aussi d’autres, réputés plus modérés, ruminent depuis 1905 l’adoption de la loi de séparation des Églises et de l’État et rêvent d’une revanche. Ce qu’une jurisprudence accorderait aux musulmans, elle l’accorderait également aux autres croyants.
Les termes « cathophobe » et « christianophobe » n’ont pas encore le succès médiatique de celui d’« islamophobe », parce qu’il y a une réelle différence entre les actes antimusulmans et les actes qui seraient antichrétiens. Les actes antimusulmans sont beaucoup plus nombreux, alors qu’il y a moins de musulmans que de chrétiens en France. Et il est difficile de citer des discriminations à l’encontre de chrétiens en raison de leur appartenance religieuse… Mais il ne faut pas désespérer, c’est à force de rabâcher des mensonges qu’on finit par imposer une vérité.
Et la judéophobie ?
Il ne manque plus aux juifs intégristes que d’entrer dans la danse. Il existe bien « judéophobie », mais le terme est trop ambigu. On ne sait s’il désigne la haine du Juif en tant qu’il est né de parents juifs, qu’il est de culture juive ou qu’il appartient au peuple juif, et le juif, en tant qu’il est un adepte de la religion juive. Oui, les Juifs/juifs font chier. Les juifs n’ont qu’un mot pour désigner deux choses. Si tous les Arabes ne sont pas des musulmans, si tous les Européens ne sont pas des chrétiens, tous les Juifs ne sont pas des juifs… Alors, comment se foutre de la gueule des extrémistes religieux juifs sans créer de confusion avec l’ensemble du peuple juif ? En les désignant précisément. Ce n’est pas très compliqué. Pas plus compliqué que de distinguer djihadiste et musulman, musulman et immigré, musulman et Arabe, Arabe et Maghrébin, etc.
Pourtant, le grand projet des pourfendeurs de l’islamophobie, c’est de placer sur le même plan l’antisémitisme et la critique à l’encontre de personnes se réclamant de l’islam. Se moquer d’un terroriste islamiste serait la même chose qu’affirmer que les Juifs seraient des êtres inférieurs ou nuisibles. Les réseaux sociaux sont infestés de ce genre de commentaires qui insinuent que ce que les caricaturistes se permettent avec les musulmans (encore une fois, ce n’est pas parce qu’on représente un musulman avec une kalachnikov que tous les musulmans en portent une), ils ne se le permettent pas avec les Juifs. Eh bien, non. Pas s’il s’agit du peuple juif. Pas plus qu’on ne ridiculise le peuple arabe parce qu’il est arabe, on ne ridiculise le peuple juif parce qu’il est juif.
En revanche, oui, nous mettons sur le même plan les religieux juifs extrémistes qui, par exemple, chassent les Palestiniens de Cisjordanie à coups de bulldozers et de fusils-mitrailleurs que les djihadistes qui chassent les infidèles en Irak ou en Syrie. Nous ne représentons pas un Arabe en costume de musulman si nous voulons représenter un Arabe et nous ne représentons pas un Juif en costume de rabbin si nous voulons représenter un Juif. Il n’y a pas de correspondance entre le racisme ou l’antisémitisme et la critique d’extrémistes religieux. Mais rien n’y fait, les inventeurs de l’islamophobie veulent absolument que l’islamophobie soit considérée comme un racisme antimusulmans équivalent à l’antisémitisme, ce racisme antijuifs.
Et il n’y a pas que des imbéciles qui prêchent pour cette reconnaissance. L’excellent journaliste Alain Gresh publiait dans Le Monde diplomatique du 20 septembre 2012 un long texte où « l’irresponsabilité » de Charlie Hebdo était fustigée. Selon lui, Charlie Hebdo, journal antiraciste et de gauche, ferait le jeu de la droite et de l’extrême droite. En voici un extrait : « Imaginons, en 1931 en Allemagne, en pleine montée de l’antisémitisme, un hebdomadaire de gauche faisant un numéro spécial sur le judaïsme (la religion) et expliquant à longueur de colonnes, sans aucune connotation antisémite, que le judaïsme était rétrograde, que la Bible était un texte d’apologie de la violence, du génocide, de la lapidation, que les juifs religieux portaient de drôles de tenues, des signes religieux visibles, etc. Évidemment, on n’aurait pas pu dissocier cette publication du contexte politique allemand et de la montée du nazisme […]. Nous vivons en Europe la montée de forces nationalistes, de partis, dont l’axe de bataille n’est plus, comme dans les années 1930, l’antisémitisme, mais bien l’islamophobie. » Charlie Hebdo aurait en effet pu dire tout ça du judaïsme (la religion) à cela près que nous l’aurions dit des extrémistes religieux juifs et non de l’ensemble des juifs croyants. Mais, en 1931, existait-il un terrorisme international qui se réclamait du judaïsme orthodoxe ? Des djihadistes juifs menaçaient-ils d’instaurer l’équivalent de la charia en Libye, en Tunisie, en Syrie, en Irak ? Un rabbin Ben Laden avait-il envoyé un biplan s’écraser contre l’Empire State Building ? Je ne suis pas historien, mais je ne pense pas… En 1931, l’intégrisme juif n’était pas ce qu’est au XXIesiècle l’intégrisme musulman. Et, non, l’islamophobie n’est pas le nouvel antisémitisme. Il n’y a pas de nouvel antisémitisme, il y a ce vieux, hideux et immortel racisme. Un racisme dont sont victimes des populations d’origine musulmane, oui. Aujourd’hui, en France, le racisme le plus violent s’exerce à l’encontre des populations roms. Doit-on dire qu’il y a une « romophobie » ? Ridicule. Il y a un racisme à l’encontre des Roms.
Pourquoi vouloir absolument jumeler antisémitisme avec islamophobie ? La seule conséquence d’une telle association serait la disparition du mot « racisme ».
Bien avant la publication du texte d’Alain Gresh, le 16 mars 2007, Plantu, notre confrère dessinateur duMonde, très engagé dans la lutte contre la censure, était invité à un débat organisé à Genève par l’ONU. Il y a réclamé « une trêve des blasphèmes », rapportait alors l’AFP. Une telle trêve, selon Plantu, devrait être également observée par « les dessinateurs moyen-orientaux qui dessinent des Juifs ou des Israéliens avec des nez crochus ». À la lecture de ce genre de déclaration, on se prend la tête à deux mains et on se demande s’il ne faut pas changer de métier… Pour Plantu, la critique de la religion serait donc à mettre sur le même plan que le racisme. Plantu renvoie dos à dos les caricaturistes qui mettent en scène Mahomet et les dessinateurs qui ont participé au concours de dessins sur la Shoah organisé à l’époque par l’Iran… Puisque, selon Plantu, les dessinateurs moyen- orientaux confondent antisémitisme et blasphème, emboîtons-leur le pas, prétendons que la Shoah est une religion et que c’est pour cette raison qu’on ne peut pas remettre en cause son existence ! Et,
pendant qu’on y est, disons qu’il y a autant de preuves de l’existence de Dieu qu’il y en a de l’existence de la Shoah. Le bruit qu’on entend ? Les négationnistes qui se frottent les mains.
Il n’y a pas de blasphème antirépublicain !
Hélas, les propagandistes religieux qui essaient d’imposer un délit de blasphème en France ne sont pas seuls. L’État donne parfois le mauvais exemple. Même si le mot « blasphème » n’apparaît pas dans les textes, ni « francophobie » ou « républicanophobie », il existe des lois qui instaurent et punissent le blasphème antirépublicain ou antifrançais.
C’est pour protester contre le décret du 21 juillet 2010 qui réprime l’outrage au drapeau français, et contre la loi du 18 mars 2003 qui réprime le fait d’outrager publiquement l’hymne national ou le drapeau tricolore, que Charlie Hebdo a appelé en janvier 2011 tous les citoyens à résister à la censure. Il s’agissait de tourner en ridicule, de détruire ou de souiller le symbole de la République. Il ne s’agissait pas d’inviter à détruire un bien matériel appartenant à autrui, mais de montrer qu’une République laïque ne peut décider pour ses citoyens quel symbole est sacré ou non.
Souvenez-vous. Le 6 mars 2010, la Fnac de Nice donne le résultat d’un concours de photo amateur. Pour illustrer le thème « politiquement incorrect », un concurrent a réalisé un cliché montrant un homme en train de s’essuyer le cul avec le drapeau tricolore. Cette image, primée par le jury, a été publiée le 19 mars dans le journal gratuit Metro. Protestations de la part du préfet, du président UMP du conseil général et d’anciens combattants. Michèle Alliot-Marie,garde des Sceaux, et Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, s’indignent à leur tour.
Le 25 mai 2010, Louis Nègre, sénateur UMP des Alpes-Maritimes, révèle qu’il a déposé une proposition de loi qui vise à sanctionner les outrages aux emblèmes nationaux.
Le 1er juillet 2010, on apprend par la presse que deux salariés de la Fnac font l’objet d’une procédure de licenciement pour faute grave. Selon la direction de l’entreprise, ils sont responsables d’avoir « validé » le scandaleux résultat du concours photographique.
Le 23 juillet 2010, le décret réprimant l’outrage au drapeau est publié au Journal officiel.
« De l’outrage au drapeau tricolore
«Art. R. 645-15. Hors les cas prévus par l’article 433-5-1, est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la cinquième classe le fait, lorsqu’il est commis dans des conditions de nature à troubler l’ordre public et dans l’intention d’outrager le drapeau tricolore :
«1° De détruire celui-ci, le détériorer ou l’utiliser de manière dégradante, dans un lieu public ou ouvert au public ;
«2° Pour l’auteur de tels faits, même commis dans un lieu privé, de diffuser ou faire diffuser l’enregistrement d’images relatives à leur commission.
«La récidive des contraventions prévues au présent article est réprimée conformément aux articles 132-11 et 132-15. »
Le 27 septembre 2010, la Ligue des droits de l’Homme (LDH) annonce avoir déposé devant le Conseil d’État un recours contre ce décret. La LDH considère que ce décret est « en violation de la Constitution et du principe de liberté d’expression ». La LDH n’a, semble-t-il, reçu aucune réponse.
Pour la première fois, le 22 décembre 2010, un homme est condamné en vertu du décret réprimant l’outrage au drapeau français. Une première fois qui ne coûte pas trop cher : M. Saïdi écope de 750 euros d’amende avec sursis pour avoir brisé la hampe d’un drapeau tricolore dans une préfecture. La veille, M. Saïdi, un Algérien venu renouveler son titre de séjour à la préfecture de Nice, a pété les plombs lorsqu’on lui a demandé une fois de plus de repasser. Il s’est emparé du drapeau qui était dans le hall du bâtiment, l’a cassé en deux et l’a jeté sur le fonctionnaire sans l’atteindre. Deux policiers l’ont maîtrisé, paraît-il difficilement.
La préfecture des Alpes-Maritimes a logiquement déposé plainte pour « dégradation de biens publics et détérioration d’un symbole de la République française ». Et, comme elle en a maintenant la possibilité, pour « outrage au drapeau tricolore ». Les fonctionnaires ont aussi porté plainte. Et M. Saïdi, en prime de sa condamnation pour outrage, a écopé de quatre mois de prison avec sursis pour rébellion.
Ce décret sur l’outrage au drapeau national était-il nécessaire pour condamner l’excité ? Évidemment, non. La dégradation de biens publics et la rébellion suffisaient. Mais vu le climat dans lequel nous a sciemment plongés le gouvernement de l’époque en lançant le débat sur l’identité nationale, faire condamner un étranger, algérien qui plus est, pour outrage, c’était trop bon. La préfecture, relais de la politique discriminatoire de l’État sarkozyste, se devait d’expérimenter cette nouvelle arme, qui sera tôt ou tard employée aussi contre les mauvais Français.
Tiens, que le FN se soit emparé des couleurs nationales pour en faire son logo, personne ne trouve ça outrageant. Amis blasphémateurs, faites vite, si vous voulez rire un peu ! Dans cette France rabougrie, peureuse, congestionnée, méchante, aigrie, pisser sur la flamme du Front national sera bientôt un outrage au drapeau qui vous coûtera 1 500 euros.
Charlie Hebdo n’a pas été poursuivi en vertu de la loi qui réprime l’outrage au drapeau. Cette loi n’a,semble-t-il, plus été appliquée depuis l’affaire Saïdi, mais elle existe toujours et les fachos s’en
serviront un jour, puisque aucune loi ne les empêche de se présenter aux élections et d’être élus… En effet, prendre le risque de laisser les clés de l’Élysée dans les mains potelées de l’extrême droite, ce n’est pas manquer de respect à la République…
Un autre exemple tout aussi absurde peut illustrer la tentative d’instauration en France d’un blasphème républicain calqué sur le blasphème religieux.
Le 17 septembre 2010, quatre islamistes vêtus de noir haranguent la foule dans le centre de Limoges. L’un des hommes est équipé d’un mégaphone, tandis que deux de ses amis tiennent un drapeau noir sur lequel est inscrite en blanc et en arabe la profession de foi musulmane. L’homme barbu à calotte blanche qui parle brandit un Code pénal français et dénonce le contenu de « ces trois mille pages » censées protéger les individus. En effet, dans ces trois mille pages, « pas une ligne qui protège le droit des musulmans ». « En France, être islamophobe est un droit », conclut-il, indigné, en jetant le Code pénal au sol. « Ce livre ne nous défend pas, donc, ce livre, nous ne le respectons pas. C’est ce livre qui doit être brûlé, pas un autre ! Tant qu’il n’a pas été modifié. » Et, plutôt que le brûler, il shoote dedans. La scène, qui a été filmée, traîne certainement encore sur YouTube.
Qu’est-il arrivé à l’excité ? Il s’appelle Mohamed Achamlane, il est le leader d’un groupuscule islamiste baptisé Forsane Alizza (« les Cavaliers de la fierté »), dissous en février 2012. Il a commis des actes bien plus graves que de jeter un livre au sol et a été condamné. Mais pour ce manque de respect au Code pénal ainsi que pour l’envahissement d’un restaurant McDonald’s (le 12 juin 2010) et l’appel au boycott de la marque, qu’il accuse de soutenir Israël, il a été jugé le 9 juin 2011 pour « provocation publique à la discrimination nationale, raciale ou religieuse ». Il a été condamné à quatre mois de prison avec sursis et à 2 000 euros d’amende. Certes, sa condamnation n’est pas uniquement due au fait qu’il a jeté un Code pénal au sol, mais il a été condamné également pour cela, sans que l’on puisse dire précisément quelle peine vaut le blasphème à l’encontre du Code pénal.
Comment peut-on sérieusement condamner quelqu’un pour avoir shooté dans un livre, quel qu’il soit ? Que ce soit le Coran, la Bible, la Torah, le Code pénal, le Code Rousseau, les Pages jaunes ou bien le deuxième tome des aventures de Valérie Trierweiler, il ne s’agit que de quelques feuilles de papier noircies d’encre. Il est particulièrement crétin de brûler un livre, mais il n’est pas très sain de sacraliser des symboles, qu’ils soient républicains, religieux ou autres.
En octobre 2010, un homme demeurant à Bischheim, dans le Bas-Rhin, s’est filmé en train de faire un avion avec des pages du Coran, puis de le lancer sur des verres censés représenter les tours du World Trade Center. Il a finalement brûlé ce qui restait du Coran avant d’uriner dessus pour éteindre les flammes. La scène a été diffusée sur le Net par l’auteur. Lui aussi a fait l’objet de poursuites pour provocation publique à la discrimination nationale, raciale ou religieuse. L’homme a été relaxé, le tribunal considérant que la vidéo n’excédait « pas les limites de la liberté d’expression » et que son auteur avait stigmatisé des « actes terroristes auxquels la communauté musulmane ne peut être assimilée ». Ouf.
Si la justice parvient à distinguer les musulmans des terroristes qui se réclament de l’islam, pourquoi la plupart des anti-islamophobes n’y arrivent-ils pas ? De la même façon, ce serait bien que la justice comprenne que, lorsque le drapeau français est brûlé ou souillé, ce n’est pas toute la France qui est visée… Et quand bien même elle le serait, pitié, halte à la chasse aux blasphèmes !
la dégradation du site du « hellfest » ) à Clisson, ces derniers jours, peut elle être considérée comme luciférophobe ou athéophobe ?
Pour ceux qui doutaient encore du racisme de Charb, et/ou de son utilisation du racisme à la mode, l’islamophobie, pour son fonds de commerce, ils n’auront plus maintenant le moindre doute. Maintenant que Charlie Hebdo est devenu la référence de l’Etat et des racistes de tout poil, et que l’islamophobie est devenue respectable à partir du moment où le mot est complètement vidé de son sens raciste, la pensée unique peut s’imposer partout. Merci, Charb, pour cette contribution posthume à la robotisation des esprits. Nous, on n’a pas oublié :
« CHARLIE HEBDO », PAS RACISTE ? SI VOUS LE DITES…
S’il m’est arrivé à moi aussi, par le passé, de griffonner quelques lignes fumasses en réaction à tel ou tel de vos exploits, je ne me suis jamais appesanti sur le sujet. Sans doute n’avais-je ni la patience ni le cœur assez bien accroché pour suivre semaine après semaine la navrante mutation qui s’est opérée dans votre équipe après le tournant du 11 septembre 2001. Je ne faisais déjà plus partie de Charlie Hebdo quand les avions suicide ont percuté votre ligne éditoriale, mais la névrose islamophobe qui s’est peu à peu emparée de vos pages à compter de ce jour-là m’affectait personnellement, car elle salopait le souvenir des bons moments que j’avais passés dans ce journal au cours des années 1990. Le rire dévastateur du « Charlie » que j’avais aimé sonnait désormais à mes oreilles comme le rire de l’imbécile heureux qui se déboutonne au comptoir du commerce, ou du cochon qui se roule dans sa merde. Pour autant je n’ai jamais qualifié votre journal de raciste. Mais puisque aujourd’hui vous proclamez haut et fort votre antiracisme inoxydable et sans reproches, le moment est peut-être venu de considérer sérieusement la question. […]
À peine avais-je pris mes cliques et mes claques, lassé par la conduite despotique et l’affairisme ascensionnel du patron, que les tours jumelles s’effondrèrent et que Caroline Fourest débarqua dans votre rédaction. Cette double catastrophe mit en branle un processus de reformatage idéologique qui allait faire fuir vos anciens lecteurs et vous en attirer d’autres, plus propres sur eux, et plus sensibles à la « war on terror » version Rires & Chansons qu’à l’anarchie douce d’un Gébé. Petit à petit, la dénonciation en vrac des « barbus », des femmes voilées et de leurs complices imaginaires s’imposa comme un axe central de votre production journalistique et satirique. Des « enquêtes » se mirent à fleurir qui accréditaient les rumeurs les plus extravagantes, comme la prétendue infiltration de la Ligue des droits de l’homme (LDH) ou du Forum social européen (FSE) par une horde de salafistes assoiffés de sang2. Le nouveau tropisme en vigueur imposa d’abjurer le tempérament indocile qui structurait le journal jusqu’alors et de nouer des alliances avec les figures les plus corrompues de la jet-set intellectuelle, telles que Bernard-Henri Lévy ou Antoine Sfeir, cosignataires dans Charlie Hebdo d’un guignolesque « Manifeste des douze contre le nouveau totalitarisme islamique3 ». Quiconque ne se reconnaissait pas dans une lecture du monde opposant les civilisés (européens) aux obscurantistes (musulmans) se voyait illico presto renvoyé dans les cordes des « idiots utiles » ou des « islamo-gauchistes ». […]
Après le départ en 2009 de Val et de Fourest, appelés à de plus hautes destinées, l’un à la tête d’une radio publique, l’autre sur les podiums de l’antiracisme gouvernemental, on se demandait si vous continueriez à faire du Val sans lui et de la Fourest sans elle. Le moins que l’on puisse dire, c’est que vous êtes restés fidèles à la ligne. Imprégnés jusqu’au trognon, faut croire.
Aujourd’hui, les mouches qu’un Tignous n’omet jamais de faire tourner autour de la tête de ses « barbus » se collent plus que jamais à votre imaginaire dès que vous « riez » des musulmans. Dans une vidéo postée fin 2011 sur le site de Charlie Hebdo, on te voyait, Charb, imiter l’appel du muezzin sous les hoquets hilares de tes petits camarades. Tordant, le numéro de la psalmodie coranique à l’heure du bouclage, Michel Leeb n’aurait pas fait mieux. Dans quelle marinade collective faut-il macérer pour en arriver là ? Dans quelles crevasses psychologiques puisez-vous matière à « rire » d’un dessin représentant des femmes voilées qui exhibent leurs fesses pendant qu’elles font leur prière à la « mère Mecquerelle » ? Minable vanne même pas honteuse, embarrassante d’imbécilité avant même que d’être révélatrice d’un état d’esprit, d’une vision du monde. […]
Le pilonnage obsessionnel des musulmans auquel votre hebdomadaire se livre depuis une grosse dizaine d’années a des effets tout à fait concrets. Il a puissamment contribué à répandre dans l’opinion « de gauche » l’idée que l’islam est un « problème » majeur de la société française. Que rabaisser les musulmans n’est plus un privilège de l’extrême droite, mais un droit à l’impertinence sanctifié par la laïcité, la république, le « vivre ensemble ». Et même, ne soyons pas pingres sur les alibis, par le droit des femmes – étant largement admis aujourd’hui que l’exclusion d’une gamine voilée relève non d’une discrimination stupide, mais d’un féminisme de bon aloi consistant à s’acharner sur celle que l’on prétend libérer. Drapés dans ces nobles intentions qui flattent leur ignorance et les exonèrent de tout scrupule, voilà que des gens qui nous étaient proches et que l’on croyait sains d’esprit se mettent brusquement à débonder des crétineries racistes. À chacun sa référence : La journée de la jupe, Elisabeth Badinter, Alain Finkielkraut, Caroline Fourest, Pascal Bruckner, Manuel Valls, Marine Le Pen ou combien d’autres, il y en a pour tous les goûts et toutes les « sensibilités ». Mais il est rare que Charlie Hebdo ne soit pas cité à l’appui de la règle d’or qui autorise à dégueuler sur les musulmans. Et comme vos disciples ont bien retenu la leçon, ils ne manquent jamais de se récrier quand on les chope en flag’ : mais enfin, on a bien le droit de se moquer des religions ! Pas d’amalgame entre la critique légitime de l’islam et le racisme anti-arabe ! […]
Vous avez le toupet d’accuser vos détracteurs d’« essentialisme », et sans doute les bulbes congestionnés qui vous vénèrent applaudiront-ils l’acrobatie. Mais on n’est pas au cirque. L’essentialisme, vous vous y vautrez chaque semaine ou presque en racialisant le musulman sous les traits d’une créature constamment grotesque ou hideuse. Ce qui définit la vision dominante du « racialisé », « c’est qu’il est tout entier contenu dans ce qui le racialise ; sa culture, sa religion, sa couleur de peau. Il serait comme incapable de s’en sortir, incapable de voir plus loin que son taux de mélanine ou le tissu qu’il porte sur la tête, observe sur son blog Valérie CG, une féministe pas très intéressante puisqu’elle ne vous a pas montré ses seins. Musulman devient une sorte de nouvelle couleur de peau dont il est impossible de se détacher11. » […]
http://www.article11.info/?Charlie-Hebdo-pas-raciste-Si-vous
la dégradation du site du « hellfest » ) à Clisson, ces derniers jours, peut elle être considérée comme luciférophobe ou athéophobe ?
Faut il préciser que ces agissements viennent ou semblent venir des milieux de croyant-e-s fondamentalistes du coin ?
Il n’y a plus de justice ! Après avoir défendu la dérive raciste de Charlie, voilà que notre égérie est en passe de se faire virer, maintenant que les caisses du journal islamophobe sont pleines !
« Charlie Hebdo est sous tension. Quelques mois après l’attentat qui a décimé la rédaction, les relations entre la direction et les journalistes se sont envenimées. Dernière illustration en date: la mise à pied de la journaliste Zineb El Rhazoui. Cette dernière a été convoquée pour un entretien visant, selon la direction, à «la rappeler à ses obligations minimales vis-à-vis de son employeur, suite à de nombreux incidents». La sociologue franco-marocaine s’est dite «choquée et scandalisée». Plus symbolique encore: selon Mediapart, qui cite des sources internes à la rédaction, «le dessinateur Luz a confié récemment qu’il n’en pouvait plus, et a annoncé son départ pour septembre». Luz qui fait d’ailleurs l’objet d’attaques sévères de la part de Jeannette Bougrab, ex-compagne de Charb, qui le qualifie d’ «usurpateur» dans un entretien à Valeurs Actuelles.
Toutes ces tensions ont pour point de départ les 30 millions d’euros récoltés en dons, aides et ventes, et dont la gestion est concentrée entre les mains de trois actionnaires: les parents de l’ex-directeur de la rédaction Charb, qui détiennent 40% du titre, Riss, le dessinateur et nouveau directeur de la publication (40%) ainsi que le directeur financier Eric Portheault (20%). Dès le mois de mars, des salariés, réunis en collectif, réclamaient une remise à plat de la gouvernance afin d’instaurer une structure de capital beaucoup plus collégiale. Une demande qui selon l’avocat du titre, avait «navré» la direction. «Tout cet argent fait plus de mal que de bien», déplorait-il. […] »
http://www.mediapart.fr/journal/france/150515/le-cas-el-rhazoui-revele-lampleur-de-la-crise-charlie-hebdo
http://www.lefigaro.fr/medias/2015/05/16/20004-20150516ARTFIG00049-charlie-hebdo-s-enlise-dans-la-crise.php
Elle a bonne mine, Zineb, après avoir défendu ce panier de crabes ! Voir plutôt :
Charlie a tué la liberté d’expression en France
https://nantes.indymedia.org/articles/30916
Mis en débat, parce que signé Charb, ce qui questionne, et je sais pas d’où il vient, pas trouvé ailleurs sur le net.
Alors soit c’est un faux, et dans ce cas on le refuse, soit c’est un vrai et dans ce cas je vois pas de raison de l’accepter vu que c’est de la presse mainstream sans doute copyrighté.
En plus le fond du texte revient à dire qu’il faudrait ne pas dénoncer l’islamophobie en fRance, la preuve, les cathos se plaignent aussi de la cathophobie. Ahem…
ceci est un long extrait du livre de Charb « Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes ».
Il est donc sous copyright et donc refusé.