Dans cet article, M. Ternisien s’évertue à expliquer l’islamophobie sans tenir le moindre compte de ce qui en est, me semble-t-il, la cause première, la cause profonde, la cause principale, à savoir l’islam lui-même. Selon M. Ternisien, l’islamophobie s’expliquerait essentiellement par un racisme anti-arabe qui s’expliquerait lui-même en grande partie par le passé colonial français. On ne saurait certes ! nier qu’un certain nombre de Français, un nombre assurément trop grand, n’aiment pas l’islam parce qu’ils n’aiment pas les arabes à cause de la guerre d’Algérie et surtout de l’immigration. Mais il y a sans doute un nombre encore plus grand de Français, qui sont islamophobes sans être le moins du monde anti-arabes.

 

C’est mon cas. Je me sens profondément islamophobe. Or, bien que j’aie été envoyé en Algérie pour participer aux opérations dites de maintien de l’ordre, comme la plupart des gens de ma génération, mon aversion pour l’islam ne se nourrit aucunement d’un ressentiment anti-arabe. Loin d’avoir été un partisan de l’Algérie française, avec quelques-uns de mes camarades de l’E.N.S. de la promotion 1955, j’ai milité pour soutenir les efforts de Pierre Mendès-France en faveur de la paix. Mon islamophobie ne se nourrit que de mon aversion pour l’islam qui n’est elle-même qu’une des facettes d’une aversion générale qui englobe toutes les religions, tous les mouvements sectaires, et, bien sûr, l’astrologie et toutes les formes d’obscurantisme. Pour être islamophobe il n’est nul besoin d’être raciste, il suffit d’être rationaliste.

 

Si un chrétien, un juif ou un musulman ont le droit, et personne ne songe à le leur contester, de dire tout le bien qu’ils pensent de leurs religions respectives et notamment de prétendre qu’elles ont été instituées par Dieu, les incrédules doivent avoir le droit de dire tout le mal qu’ils en pensent, eux, et notamment d’affirmer qu’elles sont une insulte à l’intelligence humaine. Les croyances que les premiers ont le droit de présenter comme des vérités éternelles et divines, les seconds doivent avoir le droit de les regarder comme un tissu de stupidités anachroniques et de le dire sans ménagement. On ne pourrait leur demander de se taire ou, du moins d’avoir recours à la litote, que si les croyants en faisaient autant. Or, s’il est vrai que les chrétiens d’aujourd’hui tendent à être de moins en moins dogmatiques, au point que les incrédules sont de plus en plus souvent obligés de leur rappeler à quoi ils sont censés croire, il n’en est pas de même des musulmans. Et c’est sans doute ce qui fait qu’à la différence de la religion chrétienne, maintenant trop peu sûre d’elle-même pour être encore oppressive, la religion musulmane reste profondément néfaste et tyrannique. Et c’est aussi pourquoi l’islamophobie reste pleinement justifiée.

 

8 novembre 2003, René Pommier