Lettre ouverte à L’Acipa

 

« Chère » direction de l’Acipa (je fais la différence entre les bureaucrates et la base),

cela fait bien longtemps que je voulais vous écrire car cela fait bien longtemps que vous trahissez les luttes sociales à Nantes.

Depuis votre « trauma » du 22 février 2014 vous sabotez sciemment toutes les initiatives menées contre la répression et les violences policières issues de la lutte contre l’aéroport (et le monde qui le produit). Dernière en date cette pathétique interview accordée à Presse Océan concernant la manifestation du 21 février 2015, je ne reviendrais sur ce papier pitoyable,

Vous me donnez envie de vomir.

Pourquoi ?

Parce que vous pourriez avoir au moins la décence, même si vous ne soutenez pas, de vous taire au lieu d’appeler à ne pas venir en manif (cf, le 17 mai 2014 entre autres, qui fut une éclatante réussite). En faisant ça vous (et toutes les autres orgas et syndicats en passant) avez du sang sur les mains, le sang de tous et toutes les blessé-s-es post 22 février, la police s’en donnant à coeur joie pour réprimer des manifs non soutenues par vos orgas momifiées (la preuve à Toulouse le 21 février dernier où il n’y a pas eu à ma connaissance de blessé-s-es, manif soutenue même par le NPA…)

Parce que même niveau « stratégie » vous êtes à la ramasse, en se désolidarisant comme vous n’arrêtez pas de le faire vous préparez le terrain à une future et proche expulsion de la ZAD, l’État n’attendant que des divisions dans le camp adverse pour intervenir.

Parce que vous ne voyez que vos petits intérêts corporatistes, vous n’avez pas hurler aux « vilains casseurs » quand les gens (dont moi-même) se sont affrontés aux gendarmes mobiles lors des expulsions de novembre 2012, vous vous êtes bien gardés de la faire car cela vous arrangez que l’on mette nos corps en danger pour défendre vos bouts de jardin. Ne comptez pas sur moi pour le faire de nouveau en cas d’expulsion, allez vous faire mutiler vous-même bande de lâches.

Parce qu’en parlant de « violences » pour du bris de vitres vous ne vous rendez même pas compte que vous reprenez les mots du pouvoir, Il n’y a pas de violence à casser de la matière inerte, mais bien à briser des vies en énucléant à coups de flashballs des manifestants. Vous faites le jeu du pouvoir, consciemment ou pas, en perpétuant cette fantasmatique catégorie du « casseur » pour des vitrines légitimement brisées, cibles politiques car symboles de la domination capitaliste, patriarcale, financière etc de ce monde infâme.

Parce que vous agissez en véritables flics dans les manifs que vous voulez contrôler, rappelez-vous ce minable manifeste des blanc-blocs (cf. la manif du 22 novembre 2014), vous n’êtes même pas doué-s-es en traduction, white bloc (trop connoté KKK pour vous?) ou blanc-becs il faut choisir.

Parce que vous êtes toujours dans cette vision stupide qui est celle des vieux partis d’extrême gauche, « plus on est nombreux plus la victoire est proche ».

Premièrement qui vous dit qu’une majorité des gens présent le 22 février 2014 ont pris peur en voyant les affrontements et se sont retirés de la lutte ?

Deuxièmement dois-je vous rappeler les manifs des retraites en 2010 à plusieurs centaines de milliers dans les rues qui ont abouti à…à rien.

Ce n’est qu’en tapant au porte-monnaie de l’État qu’il recule car son Dieu unique c’est l’argent. La preuve le 22 février, une minorité active a, en sabotant, causer des dégâts qui font infiniment plus peur à l’État que vos manifs « balade de santé » qui ne gêne personne si ce n’est les hérissons pour traverser la route.

Et la répression qui a suivi nous a donné raison, l’État affolé que des dizaines et des dizaines de milliers de révolté-s-es le 22 février s’en prennent à sa sacro sainte autorité s’est empressé de donner de lourdes peines de prison ferme pour des faits de pacotilles (1 an pour un fumigène qui n’a blessé personne, des mois pour une vitrine brisée, un « bâton de berger » reconverti en arme…)

La réponse était claire : nous ne voulons pas que vous releviez la tête. Tout n’est question que de rapport de force.

Et c’est là que vous auriez dû prendre de la graine d’un autre grand mouvement de résistance à un projet inutile : le No TAV. Des dizaines de milliers de personnes défilant dans les rues de Turin unies derrière une banderole « TOUS BLACK BLOCS » pour protester contre l’arrestation de Chiara, Nicolo, Mattia et Claudio accusé-s-es d’un pseudo sabotage sur le site du chantier,

Voilà ce dont vous manquez cruellement : de SOLIDARITÉ.

J’en appelle aux individu-s-es responsables adhérents à l’ACIPA pour lui remettre les pendules à l’heure si vous souhaitez que ce projet soit définitivement raillé de la carte,

le mouvement de résistance c’est vous, pas des opportunistes qui ne défendent que leurs intérêts, faites vous entendre.