Mourir à 30 ans sous les balles des policiers

Etaient-ils six vers minuit ?
Ils cassent la porte par effraction
Chez Abdoulaye en pleine nuit
Il est victime d’une agression

Il cherche de l’aide dans le couloir
De son immeuble chez des voisines
Visage en sang, il sort hagard
Son appart détruit en ruine

Mourir à 30 ans
Sous les balles des policiers
Abattu dans son quartier
Le corps plein de sang

16 décembre un mardi
Vers une heure du matin
Abdoulaye marche dans la nuit

Ils le suivent aucun secours
Juste des gaz lacrymogène
Aucune aide ils restent sourds
Trois quart d’heure dura la scène

Mourir à 30 ans
Sous les balles des policiers
Abattu dans son quartier
Le corps plein de sang

Abdoulaye est dans la rue
Dans les mains un couteau à huitre
En short et les pieds nus
Les flics tirent c’est la suite

Les policiers l’ont abattu
Abdoulaye est mort
Il était là allongé sur l’Avenue
Avec 10 balles dans le corps

Mourir à 30 ans
Sous les balles des policiers
Abattu dans son quartier
Le corps plein de sang

Son frère aurait voulu l’approcher
Mais les flics l’ont écarté
Abdoulaye mort est emmené
Famille, amis ne peuvent que pleurer

Paris Normandie se déchaîne
Pour protéger les policiers
Articles, messages de haine
Abdoulay est un forcené

Le procureur Nachbar qui ment
Dit qu’Abdoulaye est en « état de démence »
Quand les tueurs n’ont pas une tâche de sang
Il parle de légitime défense

Mourir à 30 ans
Sous les balles des policiers
Abattu dans son quartier
Le corps plein de sang

Quand on est policier
On a le permis de tuer
Quand on a la peau foncé
On veut vivre à égalité

Vingt six coups de feu
Ce n’est pas un accident
Leurs armes ne sont pas des jeux
Elles l’ont tué et on nous ment

Mourir à 30 ans
Sous les balles des policiers
Abattu dans son quartier
Le corps plein de sang

Julie Amadis, le Havre, le 25 février 2015